La vie vaut-elle la peine d'être vécue ?
Publié le 21/03/2004
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Pendant longtemps cette philosophie ne se distingua pas de la théologie.
Par suite, les exigences de la première s'imposèrent à la seconde : il fallut,
dans la mesure. du possible, fournir une justification rationnelle de
l'enseignement révélé : démontrer l'existence de Dieu et son action créatrice,
établir la réalité d'une vie de l'Au-delà en prouvant la spiritualité de l'âme,
etc. Le sens chrétien de la vie se trouvait ainsi fondé rationnellement, par
suite identique pour tous les hommes. Dans cette perspective, la vie valait la
peine d'être vécue, sinon pour elle-même, du moins comme préparation de
l'Au-delà. C'est en évoquant cette perspective de l'Au-delà que l'on consolait
ceux pour lesquels la vie d'ici-bas n'était pas heureuse, que l'on tâchait
d'endormir leurs maux, faute de pouvoir les soulager ; trop souvent aussi on se
dispensait par là de changer l'ordre social qui en était responsable, ce qui fit
venir sous la plume de Karl Marx ce mot célèbre : « La religion est l'opium du
peuple. »
Même lorsque la philosophie se fut rendue indépendante de la religion,
même lorsque, au XVIIIe sièle, elle l'eut exclue, se donnant pour mission de la
combattre, on continua sur la lancée des siècles précédents, quitte à trouver
quelque substitut à mettre à la place de Dieu : la raison, le progrès, le
bonheur... : la vie avait un sens, elle valait la peine d'être vécue.
Mais, après s'être exercée contre la religion, l'esprit critique s'attaqua
aux mythes qu'on lui avait substitués, d'autant plus que le bonheur promis est
toujours pour demain et qu'un bonheur terrestre ne saurait équivaloir à celui du
ciel. C'est pourquoi on en est venu à se demander si la vie vaut la peine d'être
vécue : si elle apporte plus de joie que de peine et si, dans le cas où elle
l'emporterait, la peine est l'instrument d'un plus grand bien qui lui vaut une
valeur positive.
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