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La vie: un jeu ou une chose sérieuse ?

Publié le 18/10/2005

Extrait du document

En effet, étant importante, elle ne peut pas être sacrifiée à la légèreté du jeu, mais doit au contraire requérir le plus d'attention possible, et c'est la raison qui en est l'outil principal. L'homme est en effet un animal rationnel, et il vise un but ; de ce fait, il ne peut pas se permettre d'agir inutilement. C'est cette propension à considérer la vie comme une chose sérieuse que montre Saint-Exupéry dans Le Petit Prince. Le businessman se donne une tâche, un but - comptabiliser les étoiles - et il doit agir en fonction de ce but, rationaliser son action pour la rendre efficace. Il clame ainsi « je suis sérieux moi. », pendant qu'il répertorie et classe les étoiles.              ♦ Considérer la vie comme sérieuse, c'est considérer qu'elle est nécessaire, que rien n'y est inutile, et que chaque homme a une destinée à accomplir. Ainsi, les hommes ont longtemps cherché à se rendre nécessaire en effectuant des tâches auxquelles ils donnaient un sens particulier. C'est ce qu'explique Spinoza dans L'Ethique, lorsqu'il critique la transposition anthropomorphique faite à propos de Dieu et de la création du monde. Les hommes ont considéré que Dieu avait tout créé en vue de l'homme, et qu'il avait fait l'homme pour que ce dernier lui rende un culte.

Bien définir les termes du sujet :

- « La vie « : Ici, il ne s’agit pas de la vie sous son aspect purement biologique et organique. Puisque cette vie peut être un jeu ou une chose sérieuse, cela signifie qu’elle est l’objet d’une réflexion, d’un regard. De ce fait, il s’agit de la vie comme proprement humaine, celle qui désigne les diverses activités de l’homme, les activités dans lesquelles il s’investit, les rapports qu’il entretient avec autrui et son environnement.

- « Un jeu« : au sens premier, c’est une activité des jeunes enfants, corporelle et gratuite, qui ne vise aucune fin utile, et qui se dépense pour le seul plaisir et besoin de se dépenser : le jeu est alors décharge d’énergie. Mais plus généralement, c’est une activité mentale ou physique socialisée, soumise à des règles conventionnelles, et où le plaisir est lié à la difficulté des obstacles à vaincre.

- « Chose sérieuse « : Terme qui a pour synonyme « grave «. Une chose sérieuse est une chose qui a de l’importance, qu’on ne peut pas traiter avec légèreté, sans réflexion. Une chose sérieuse est une chose en quelque sorte rationalisée, que l’on étudie sous toutes les coutures, de la manière la plus attentive possible.

Construction de la problématique :

            Le sujet tente de définir ce qu’est la vie et propose une alternative : elle est soit un jeu, soit une chose sérieuse. Cette dichotomie peut sembler caricaturale puisque les termes s’opposent catégoriquement, reste cependant à savoir ce que l’on entend réellement par « jeu « et « sérieux «, et s’il est possible de réduire la vie à l’un ou à l’autre.

            Se pose donc la question de savoir s’il est réellement possible de catégoriser la vie de cette manière, et quelle conséquence cela a sur la vie elle-même.

« « esprit de sérieux » est en réalité une attitude inauthentique.

En effet, cela consiste à considérer que la vie doitsuivre une certaine voie et qu'il existe des manières de vivre meilleures que d'autres.

Cette tournure d'esprit est enréalité faite de conformisme et de conservatisme.

Les individus considèrent un ensemble de biographies idéales, ettentent de s'y conformer, de régler leur vie pour parvenir à un idéal de vie.

Sartre parle des « lâches » et des « salauds ».

Mais précisément les « lâches » et les « salauds » commettent unesorte d'erreur métaphysique.

Ils sont inauthentiques.

Le lâche est celui qui,se cherchant toujours des excuses, se masque à lui-même cette libertéabsolue qui caractérise la condition humaine.

Le « salaud » est ce « gros pleind'être » qui se dissimule à lui-même que l'homme est existence et nonessence, qui s'attribue une « essence », qui s'arroge quelque supériorité « dedroit », qui tel le raciste se prétend supérieur par essence, par nature àd'autres hommes.

Cela revient à considérer la vie comme une chose, à la rendrerationnelle et maîtrisable.

Ce conformisme « réside dans la substantificationrassurante et chosiste des valeurs », et s'oppose à l'angoisse qu'engendre laconscience de la liberté, unique fondement des valeurs, dont l'adoption estinjustifiable rationnellement.

La liberté en effet consiste en la possibilité depouvoir changer à n'importe quel moment de « projet ultime ».

Autrement dit,je peux décider à tout moment de changer la direction de mes actes, le butvers lequel ils sont dirigés.

Si la vie n'est pas pour autant un jeu, à savoir uneentreprise d'où est exclut toute gravité et toute angoisse, il n'en reste pasmoins que le sérieux y est à bannir complètement puisqu'il invite à prendreune posture inauthentique.

III/ La vie est un jeu : Mais nous l'avons dit, le jeu est avant tout dépense inutile d'énergie, activité corporelle gratuite, etextériorisation des forces.

Or, la vie est une incessante dépense d'énergie.

C'est ce qu'explique Nietzsche dans La Volonté de puissance.

L'homme est en effet considéré comme unêtre naturel habité par une force naturelle et jaillissante.

Il est un vivant, c'est-à-dire quelque chose qui dépense del'énergie, et qui cherche par tous les moyens à en acquérir.

La volonté de puissance n'est pas le désir de posséderdu pouvoir, cela désigne au contraire une force vitale exprimant la vivacité de la nature.

Nietzsche distingue deuxtypes d'hommes : les maîtres et les esclaves – cela ne correspond pas à une réalité sociale, mais plutôt à un étatde force.

Les maîtres sont ceux qui sont les plus vivants, ceux qui sont capables de dépenser leur énergie, des'exprimer.

Cette expression peut se faire de différente manière, par la guerre, l'art, la construction… A l'inverse, lesesclaves sont ceux qui ne sont pas assez puissant, assez forts physiquement pour dépenser leur énergie vitale,l'exprimer.

Ils envient alors les puissants, et cherchent par tous les moyens à se venger d'eux en les empêchantd'agir.Quoi qu'il en soit, ses puissants expriment la vie et l'honorent.

Ainsi, pour Nietzsche, la vie est avant tout un jeu, c'est-à-dire une dépense d'énergie inutile mais belle.

Notre philosophe dira: « Celui qui est saoul du jeu et qui n'a point, par de nouveaux besoins, de raison de travailler,celui-là est pris parfois du désir d'un troisième état, qui serait au jeu ce que planer est à danser, ce que danser està marcher...»Nietzsche, Humain trop humain (1878).• Si l'on considère le travail comme aliénant (c'est-à-dire qu'il soumet l'homme à autre chose que soi-même), onpeut être tenté de penser que c'est dans le loisir que l'homme va pouvoir s'accomplir.

Mais Marx explique que lerepos octroyé au travailleur n'est en fait qu'un moyen de lui laisser le temps de reconstituer sa force de travail.• C'est pourquoi Nietzsche parle d'un «troisième état»: un état où travail et jeu se confondent.

C'est, par exemple,l'état de l'artiste.

Cela ne signifie pas que celui-ci ne peine pas au travail, ni qu'il ne doive pas apprendre à maîtriserde multiples techniques.

Mais au lieu d'être asservie à une production utilitaire, son oeuvre, sa création, est une finen soi, qui lui permet d'accomplir sa liberté.. »

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