La vie éthique de F. HEGEL
Publié le 05/01/2020
Extrait du document
La vie éthique
F. HEGEL (1770-1831)
La loi morale kantienne reste formelle, sans contenu déterminé. Elle ne peut trouver un contenu que dans la réalité qu'est l’État pour un peuple donné, à une phase donnée de l'histoire universelle.
Dans la mesure où l’individu porte en soi la connaissance, la foi et la volonté de l’Universel, l’État est la réalité où il trouve sa liberté et la jouissance de sa liberté. Ainsi l’État est le lieu de convergence de tous les autres côtés concrets de la vie : art, droit, mœurs, commodités de l’existence. Dans l’État, la liberté devient objective et se réalise positivement. Cela ne signifie nullement que la volonté générale soit un moyen que la volonté subjective des particuliers utilise pour parvenir à ses fins et à la jouissance d’elle-même. Ce qui constitue l’État n’est pas une forme de la vie en commun dans laquelle la liberté de tous les individus doit être limitée. On s’imagine que la société est une juxtaposition d’individus et qu’en limitant leur liberté les individus font de sorte que cette limitation commune et cette gêne réciproque laissent à chacun une petite place où il peut se livrer à lui-même. C’est là une conception purement négative de la liberté. Bien au contraire, le droit, l’ordre éthique, l’État constituent la seule réalité positive et la seule satisfaction de la liberté.
Friedrich Hegel, La Raison dans l’histoire (1830), trad. K. Papaianou, coll. « 10 x 18 », U.G.E., 1976, p. 135.
«
n'est pas une forme de la vie en commun dans laquelle la
liberté de tous les individus doit être limitée.
On s'imagine
que la société est une juxtaposition d'individus et qu'en limi
tant leur liberté les individus font de sorte que cette limitation
commune et cette gêne réciproque laissent à chacun une petite
place où il peut se livrer à lui-même.
C'est là une conception
purement négative de la liberté.
Bien au contraire, le droit,
l'ordre éthique, l'État constituent la seule réalité positive et la
seule satisfaction de la liberté.
Friedrich HEGEL, La Raison dans l'histoire (1830), trad.
K.
Papaianou, coll.« 10 x 18 », U.G.E., 1976, p.
135.
POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
L'État est souvent considéré comme un principe 1un
dique abstrait placé au-dessus des individus, dont l'activité
seule semble concrète.
Hegel propose ici exactement
l'inverse de cette conception commune : la moralité abs
traite conforme aux exigences du devoir kantien est celle
de l'individu alors que l'État offre à l'individu la possibilité
de la rendre réelle, effective (« côtés concrets de la vie »),
c'est-à-dire d'exercer sa volonté morale dans la vie éthique
d'un peuple.
Hegel a toujours fait remarquer que l'on ne
pouvait s'opposer à l'État qu'en vivant dans l'État, avec les
moyens d'action concrète qu'il offre, c'est-à-dire que cette
opposition à l'État ne pouvait être qu'abstraite.
La liberté positive n'existe donc que dans l'État.
La
seconde partie du texte est une critique des philosophies
politiques du xv111e siècle qui fondaient l'État sur un contrat
entre individus.
La critique de la « volonté générale » vise
manifestement Rousseau ..
Une liberté qui n'est définie
que comme « limitation commune » est une liberté toute
négative (« gêne réciproque ») et dérisoire (« une petite
place »).
L'individu ne doit pas chercher la jouissance de sa
liberté en lui-même, mais dans l'État.
Il ne faut voir là aucun totalitarisme, aucun étatisme arbi
traire.
Dans la philosophie de l'histoire de Hegel (texte 21 ),.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Hegel, Principes de la philosophie du droit, La vie éthique § 260, Vrin, p. 264 : L'État réalité effective de la liberté
- ÉTHIQUE. Enquête sur les faits et les lois de la vie morale Wilhelm Wundt
- C’est seulement par le risque de sa vie que l’on conserve la liberté. Hegel
- « Une fin ultime domine la vie des peuples : la Raison est présente dans l'histoire universelle, non la raison subjective et particulière, mais la Raison divine, absolue [...]. » HEGEL, La Raison dans l'histoire, 1837 (posthume). ?
- Vie et oeuvre de HEGEL