La vertu s'enseigne-t-elle ?
Publié le 14/01/2024
Extrait du document
«
La vertu s’enseigne-t-elle ?
Introduction :
L’écrivain américain Mark Twain a un jour dit « C'est beau d'être vertueux, mais
apprendre aux autres à l'être, c'est encore plus beau...
et tellement plus facile ! », en
déclarant ceci, il met en relief à la fois la difficulté pour l’être humain à être vertueux et sa
prétention à enseigner la vertu aux autres malgré cette contrariété/cet obstacle.
Or, si seul
un mathématicien est en mesure d’enseigner les mathématiques et que seul un musicien est
en mesure d’enseigner la musique, alors les sophistes (Protagoras, Hippias) qui prétendent
enseigner la vertu, seraient des hommes vertueux, encore faut-il qu’ils sachent réellement
en quoi elle consiste.
De ce fait, la définition de vertu pose problème : au sens premier, elle
se définirait comme étant une force morale qui tend l’être humain au bien, cependant,
Socrate souligne la difficulté à définir la vertu, car elle n’est pas une technique et chaque
être humain peut en faire sa propre définition, ce qui rend le consensus difficile à trouver.
La
vertu s’oppose néanmoins aux vices, qui est une tendance contraire à la morale.
L’enseignement relève d’une action de transmettre quelque chose à autrui afin qu’il le
comprenne et l’assimile, cela nécessite d’avoir des spécialistes en ce qui est enseigné.
À
l’inverse de l’enseignement, nous pouvons trouver quelque chose d’inné, qui relève d’une
capacité naturelle de l’être humain qui lui permet de ne pas avoir à l’apprendre.
Ainsi, nous
pouvons nous demander si la vertu, en tant que qualité morale, peut être enseignée ou
bien découle-t-elle d’une faculté innée de l’être humain ? De fait, la vertu peut être le
résultat d’un enseignement, cependant, elle pourrait également être une qualité morale
naturelle l’être humain, finalement, la vertu s'acquiert par un équilibre entre l’enseignement
est une dotation humaine.
TRANSITION : Il s’agit avant tout d’étudier la vertu comme une faculté qui s’acquiert par
l’intermédiaire d’autrui, c’est-à-dire par une éducation à la vie bonne moralement.
I - La vertu est le résultat d’un enseignement
a.
Peut-on enseigner la vertu ?
La première condition favorable à l’enseignement de la vertu, que Platon comme Aristote
considèrent comme valide, est le fait que la vertu n’est pas innée.
Cela a fait l’objet d’un
débat entre Ménon et Socrate dans l'œuvre de Platon.
Dans le Ménon de Platon, Ménon interroge Socrate en lui demandant si la vertu s’enseigne.
Socrate tente de répondre à cette question en émettant une hypothèse : celle de la
vertu-science.
De ce fait, Socrate et Ménon partent du principe que, si la vertu est une forme
de connaissance, et donc de science, alors elle s’enseigne.
En montrant que la vertu est un
bien utile et que seule la raison est capable de conférer leur utilité aux choses, ils en
concluent que la vertu est une science et ainsi, elle s’enseigne.
Une fois cette hypothèse envisagée, Socrate propose que la vertu n’advient alors pas aux
hommes par nature, et déclare : « si les hommes bons devenaient bons par nature, il devait
exister chez nous, j'imagine, des personnes qui reconnaîtrait parmi les jeunes gens, ceux
dotés de bonnes natures (...) les bons ne deviennent pas bons par nature ».
Par conséquent, pour que la vertu puisse être une connaissance et qu’ainsi elle puisse, plus
largement, être enseignée, il faut considérer que la vertu est extérieure à l’être humain.
b.
Comment l’enseigne-t-on ?
Dans le cas où la vertu résulte d’un apprentissage, il est nécessaire de savoir comment
est-ce qu’elle s’enseigne, et si elle est toujours susceptible d’être un objet d’enseignement.
Toujours dans le Ménon, c’est la question que soulève Socrate, à laquelle Anytos répond
que la vertu s’acquiert, selon lui, par la tradition par l’imitation des parents, par l’usage.
C’est
également la thèse que soutient Aristote dans l’Ethique à Nicomaque, dans laquelle il
emploie le terme d’”habitude” : la vertu n’est ni une pure connaissance ni une action isolée,
mais c’est une disposition stable et durable de la volonté acquise par l’exercice à bien agir.
C’est en pratiquant les actions justes que nous devenons justes, la vertu est une faculté que
l’on acquiert au cours du temps.
c.
Kant : le devoir moral comme enseignement
Kant explique dans son introduction à la doctrine de la vertu que tendre vers elle est un
devoir, bien qu’il soit difficile de la concevoir car elle n’est pas en nous, ainsi, la vertu
constitue un idéal et est inaccessible.
Alors, la possibilité de l’enseignement de la vertu
s'inscrit dans la lignée de la philosophie kantienne, qui considère que c’est l’éducation qui
fait que l’être humain est un être humain.
La vertu découle de l’impératif catégorique, un enseignement moral basé sur la raison.
TRANSITION : La vertu serait alors le résultat d’un apprentissage, qui s’étend sur du long
terme, car l’être humain ne serait pas moral fondamentalement.
Mais tous les philosophes
ne sont pas unanime quant à l’idée de l’enseignement de la vertu ; elle se heurte à des
limites, et selon certains auteurs, l’être humain serait né avec des qualités morales.
II - Mais son enseignement se heurte à des limites
a.
Désaccord quand à la définition de vertu
En effet, la première difficulté que soulève Socrate dans le Ménon, est celle de la définition
de vertu.
Il serait alors impossible d’enseigner la vertu de par la complexité d’en trouver une
définition objective.
Aux yeux de Socrate, on ne sait quelque chose qu’à partir du moment
où l’on a pu en donner une définition.
Ménon sait évidemment ce qu’est une qualité morale ;
il sait que la justice en est une, que la violence est un défaut.
Cela suffit pour la vie courante,
mais non pour la philosophie.
Aristote définit la vertu comme un juste milieu entre le trop et le trop peu, entre “l’excès et le
défaut”, c’est un équilibre à atteindre.
Selon lui, il existe deux sortes de vertu : les vertus
intellectuelles, perfectionnant l’intelligence en vue de la contemplation, et qui sont soumises
à la raison, et les vertus morales, perfectionnant le désir en vue de l’action, et qui possèdent
et constituent la raison.
b.....
»
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