La vérité échappe-t-elle au temps ?
Publié le 01/05/2011
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INTRODUCTION
Vérité aujourd’hui, erreur demain : nombre de croyance sont ainsi passé de vérité incontestable à des erreurs reconnus. On a ainsi crut que la Terre était plate durant plusieurs siècles jusqu’à ce que cette « vérité « s’effondre et que l’on découvre que la Terre est ronde. Mais qu’est ce que la vérité ? Depuis Thomas d’Aquin au XIIIème siècle, la vérité est globalement définit comme correspondance ou adéquation entre l’intelligence qui conçoit, entre l’esprit et la réalité. Il semble que la vérité n'est pas dans l'intelligence, mais plutôt dans les choses. Y a-t-il alors une emprise du temps sur la vérité, sur les choses ? Est-ce le temps qui fait la vérité comme lorsqu’on dit « la vérité est soumise au temps « ? Cette soumissions peut être considérer de deux manières : l’idée d’une vérité qui se dévoilerait avec le temps (ex : les faits historiques) ainsi que l’idée du temps considéré comme un instant présent, un jugement sur la vérité est donné par rapport à une réalité considérée comme une temporalité donnée : ainsi le progrès scientifique fait évoluer cette vérité sur l’univers. En ce sens elle est soumise au temps qui est une des conditions de son existence. La vérité semble ne pas un fait, elle les suit, c’est une construction du discours, de la raison.
«
La vérité se définit par sa permanence et son universalité et en cela ne doit nullement se confondre avec larelativité et l'inconstance des opinions humaines.
Il faut donc distinguer vérité et connaissance.
Ce qui est vraiaujourd'hui le sera demain et toujours et l'est pour tous ou ce n'est pas à proprement parler une vérité.
Ce n'estdonc pas parce que la variabilité des opinions est un fait qu'une vérité objective et universelle est impossible.
Endistinguant ainsi vérité et connaissance, la vérité semble échapper au temps du fait de son intemporalité.
Une véritérestera vraie à n'importe quelle époque.
Pourtant nos connaissances évoluent et dés lors on peut se demander si leprogrès de la connaissance contredit-il l'éternité de la vérité ? Non, car si la vérité changeait, la connaissance ne pourrait pas progressivement s'en approcher, et nulle connaissance ne serait jamais acquise.
La connaissance serapproche de la vérité, sans jamais tout à fait l'atteindre.
La connaissance n'est jamais absolue, elle n'est que demoins en moins fausse…Ce n'est donc pas la connaissance des faits qui détermine leur vérité, c'est au contraire leurvérité éternelle qui détermine leur connaissance.
Par son éternité, le vrai échappe au temps — donc à l'histoire, sil'on entend par « éternité » le contraire du temps.
Un temps immense s'est écoulé depuis l'origine des choses maistout a-t-il pour autant duré ou été affecté par le temps ? Non : il faudrait sinon admettre « qu'une idée fausse est devenue vraie, et rien de plus absurde ne peut se concevoir ».
Par exemple, l'égalité entre la somme des troisangles d'un triangle et la somme de deux angles droits est nécessairement vraie, donc pas plus vraie aujourd'huiqu'hier.
De même, la vérité d'un fait (la prise de la Bastille) subsiste, même quand celui-ci n'existe plus.
La vérité d'un énoncé ou d'un fait ne passe pas avec le temps : elle est éternelle, atemporelle, anhistorique.
Dans une visionsceptique, Karl Popper croyait à la vérité absolue, logique mais il ne croyait pas que notre science, que nosconnaissances puisse l'atteindre ni même qu'elle puisse accéder à une probabilité du vrai doutant même qu'elleconstitue une connaissance « La science n'est pas un système d'énoncés certains ou bien établis, non plus qu'un système progressant régulièrement vers un état final.
Notre science n'est pas une connaissance : elle ne peutjamais prétendre avoir atteint la vérité ni même l'un de ses substituts, telle la probabilité.
» ( La logique de la découverte scientifique) En s'appuyant sur les travaux de Tarski, Karl Popper aboutit à prouver l'existence d'énoncés vrais dans tous les mondes possibles, une vérité absolu.
Ainsi pour lui, la Vérité, celle qu'il considère comme absolu,comme véritable, échappe aux emprises du temps et c'est en cela qu'elle constitue la Vérité.
Cette vérité quePopper croit introuvable, inaccessible aux hommes n'existe pas selon Protagoras.
Selon lui « L'homme est la mesurede toutes choses » c'est-à-dire : telles m'apparaissent les choses, telles sont pour moi, telles les mêmes chosest'apparaissent, telles elles sont pour toi.
Il n'y a pas d'opinion fausse, chacun a toujours raison de son point de vue.Dans le Théétète de Platon, la doctrine de Protagoras est examinée dans la première tentative de définition de la science : "la science, c'est la sensation" (151d-187a).
C'est du point de vue de ce que perçoit l'homme que le bienet le mal, le vrai et le faux prennent leur définition.
La vérité, la justice ou la morale sont relatives, sous l'emprise dutemps.
Selon le Protagoras tel que dépeint par Platon, ce qui est senti par un homme est vrai, même si d'autres hommes sentent d'autres choses, cela revient à dire que « ce qui apparait à chacun est la réalité même » (AristoteMétaphysiques ).
Peut-on soutenir une telle thèse qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et ne pasêtre » (Aristote).
C'est donc contredire le fondement de toute pensée logique, le principe de non contradiction selonlequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet etsous le même rapport ».
En effet le langage, en tant que porteur d'une signification déterminée pour celui qui parleet pour son interlocuteur, confirme de principe.
Affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'estrenoncer au langage, il rend donc identique non pas seulement les opposées mais toutes choses et les sons qu'ilémet n'ayant plus de sens définis ne sont plus que des bruits.
« Un tel homme en tant que tel est dès lors semblableà un végétal.
» (L.Morin Philosophie de l'éducation) .
Ainsi la négation du principe de contradiction enlève la possibilité de toute communication par le langage.
La réfutation qu'entreprend Platon des philosophes qui, commeProtagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée devérité.
Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie, et c'est cette stabilité ontologique quifonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée mais aussi l'éternité de la vérité.
C'estdonc l'être qui est mesure et condition du vrai et non l'opinion singulière : « ce n'est pas parce que nous pensonsd'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nousdisons la vérité » (Aristote).
S'il est vrai que tout est vrai alors le contraire de cette affirmation ne saurait être faux,le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme.
Dire que tout est vrai c'est dire que tout aussi bien que tout estincertain et que rien ne peut être dit vrai.
Le scepticisme est dés lors une position intenable, dès qu'il se dit, il secontredit.
Dés lors pour Platon, savoir, ce n'est pas apprendre mais se souvenir d'un ordre parfait du domaineintelligible à partir duquel seul nous reconnaissons la vérité.
Les Idées qui s'y trouvent ne sont pas des objets réelset matériels mais des lois, des valeurs qui nous permettent d'éclaircir la confusion de l'expérience sensible.
Elles sontsources de toute connaissance vraie de ce monde sensible qui nous apparait changeant, fugace lorsque nous lepercevons par nos sens en introduisant de la stabilité et de la consistance dans un monde qui ne cesse d'apparaitreautre qu'il ne l'est, si nous ne nous tenons qu'à ses apparences.
L'Idée est donc ce par quoi chaque chosematérielle tient son être propre, durable, c'est-à-dire sa véritable essence d'où découle une vérité éternelle.
Pardéfinition, la vérité échappe donc au temps du fait de son atemporalité.
PARTIE II – Des vérités soumises au temps
Alors même qu'il s'efforce de le restituer avec fidélité, le vrai n'est pas le réel.
Tandis que la réalité est par définitionindépendante de l'homme, la vérité est toujours de l'ordre du discours ou encore de la représentation.
Pour Hobbes"Vrai et faux sont des attributs de la parole et non des choses.
Là où n'est point de parole, il n'y a ni vérité ni.
»
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