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LA VÉRITÉ DANS LES SCIENCES HUMAINES

Publié le 24/03/2015

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TEXTE

« A un niveau différent de la réalité le marxisme me semblait procéder de la même façon que la géologie et la psychanalyse entendue au sens que lui avait donné son fondateur : tous trois démontrent que comprendre consiste à réduire un type de réalité à un autre ; que la réalité vraie n'est jamais la plus mani¬feste, que la nature du vrai transparaît déjà dans le soin qu'il met à se dérober. Dans tous les cas le même problème se pose qui est celui du rapport entre le sensible et le rationnel et le but recherché est le même : une sorte de superrationalisme

visant à intégrer le premier au second sans rien sacrifier de ses propriétés.

« La période 1920-1930 a été celle de la diffusion des théories psychanalytiques en France. A travers elles j'apprenais... d'abord (qu') au-delà du rationnel il existait une catégorie plus impor¬tante et plus valable, celle du signifiant qui est la plus haute manière d'être du rationnel mais dont nos maîtres (plus occupés sans doute à méditer l'Essai sur les données immédiates de la conscience que le Cours de linguistique générale de F. de Saussure)

 

ne prononçaient même pas le nom. Ensuite l'oeuvre de Freud me révélait que ce sont les conduites en apparence les plus affectives, les opérations les moins rationnelles, les manifes-tations déclarées prélogiques qui sont en même temps les plus signifiantes. A la place des actes de foi... du bergsonisme rédui-sant être et choses à l'état de bouillie pour faire mieux ressortir leur nature ineffable, je me convainquais qu'êtres et choses peuvent conserver leur valeur propre sans perdre la netteté des contours qui les délimitent les uns par rapport aux autres et leur donnent à chacun une structure intelligible. La connais¬sance... consiste dans une sélection des aspects vrais, c'est-à-dire ceux qui coïncident avec les propriétés de ma pensée. Non point comme le prétendaient les néo-kantiens parce que celle-ci exerce sur les choses une inévitable contrainte, mais bien plutôt parce que ma pensée est elle-même un objet. Etant « de ce monde « elle participe de la même nature que lui. «

(Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Plon, p. 47-50.)

La conception que se fait Lévi-Strauss des sciences humaines est à l'opposé de la phénoménologie. Les phénoménologues disaient : Tandis qu'on explique, de l'extérieur, en cherchant des lois objectives, le monde de la nature, on doit s'efforcer de comprendre, de l'intérieur les conduites de l'homme et les institutions, c'est-à-dire de retrouver les significations vécues par ceux qui pratiquent ces conduites et vivent dans ces insti­tutions. Lévi-Strauss écrit : « La phénoménologie me heurtait dans la mesure où elle postule une continuité entre le vécu et le réel. « Les sciences de l'homme exactement comme les scien­ces de la nature reposent tout au contraire, selon Lévi-Strauss, sur une discontinuité entre le donné et l'intelligible, entre le sensible et le rationnel. Le concept bachelardien de « coupure épistémologique« vaut pour les sciences humaines aussi. Toute science est la recherche d'une structure logique dissi­mulée sous les apparences. Le désordre foisonnant du vécu dissimule un ordre caché. Sous les apparences sensibles il faut découvrir les structures rationnelles. Tel est le thème fonda­mental du « super-rationalisme « de Lévi-Strauss.

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• • • • • • • • • • ne prononçaient même pas le nom.

Ensuite l'œuvre de Freud me révélait que ce sont les conduites en apparence les plus affectives, les opérations les moins rationnelles, les manifes­ tations déclarées prélogiques qui sont en même temps les plus signifiantes.

A la place des actes de foi...

du bergsonisme rédui­ sant être et choses à l'état de bouillie pour faire mieux ressortir leur nature ineffable, je me convainquais qu'êtres et choses peuvent conserver leur valeur propre sans perdre la netteté des contours qui les délimitent les uns par rapport aux autres et leur donnent à chacun une structure intelligible.

La connais­ sance ...

consiste dans une sélection des aspects vrais, c'est-à-dire ceux qui coïncident avec les propriétés de ma pensée.

Non point comme le prétendaient les néo-kantiens parce que celle-ci exerce sur les choses une inévitable contrainte, mais bien plutôt parce que ma pensée est elle-même un objet.

Etant « de ce monde » elle participe de la même nature que lui.

» COMMENTAIRE a) Présentation du texte (Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Plon, p.

47-50.) Lorsque Lévi-Strauss publie en 1955 l'ouvrage dont notre texte est tiré, Tristes tropiques, il a déjà publié en 1949 l'ouvrage qui demeure son chef-d'œuvre, les Structures élémentaires de la parenté, il est en possession de l'essentiel de son système.

Du moins les grandes lignes de ce qu'on peut appeler sa pensée structuraliste sont définitivement fixées.

Tristes tropiques c'est une autobiographie intellectuelle.

Lévi-Strauss y raconte l'ori­ gine de sa vocation d'ethnographe et fait le récit de l'évolution de sa pensée.

Ce texte présente donc un intérêt historique, il nous dit à travers quelles influences Lévi-Strauss est devenu structuraliste.

Il présente un intérêt plus général, car il nous propose en quelque sorte une théorie d'ensemble des sciences humaines .

b) Explication détaillée du texte Géologie, marxisme, psychanalyse Le jeune Lévi-Strauss, autour de la maison de campagne céve­ nole de ses parents, aimait faire de très longues promenades .

Curieux de géologie il s'efforçait de découvrir dans« l'immense désordre» de chaque paysage l'ordre géologique caché.

Au 139. »

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