La variations et le changement des situations historiques modifient-ils ou non la condition humaine ?
Publié le 27/02/2008
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L'entreprise visant à définir
et à préciser les caractères de la condition humaine peut sembler bien difficile
a priori, tant les traits qui caractérisent celle-ci sont nombreux et
interdépendants, donc difficilement isolables. En fait, elle peut être menée à
bien dès lors que l'on indique explicitement le niveau de généralité auquel on
se situe. Sartre, pour sa part, récuse d'emblée l'idée d'une essence
universelle, signalant par là qu'il n'entend pas définir jusque dans ses
moindres détails un ensemble de propriétés stables (une « essence ») qui
réglerait, comme dans les conceptions essentialistes traditionnelles, le devenir
humain. Il ne s'engage donc que dans une caractérisation générale de la
condition humaine, insistant surtout sur deux aspects-clés de cette condition :
comme être vivant, l'homme doit mourir, et son activité se déploie en une «
présence au monde » (qui implique sans doute, pour Sartre, conscience d'être au
monde et conscience de soi) ; comme être de culture, l'homme doit travailler et
vivre en société. On le voit, ces déterminations sont si générales qu'elles
peuvent être reconnues comme universelles, et conciliées avec les différences
propres à la diversification culturelle qu'un simple examen des données sociales
et historiques met en évidence. D'ailleurs, parler d'« esquisse » d'une «
situation fondamentale dans l'univers », c'est souligner le caractère inachevé,
riche de virtualités et d'ouverture, qu'un tel statut donne à l'homme, pensé
dans sa différence spécifique par rapport à l'animal.
Il reste qu'on peut se demander si la variation des situations historiques n'a
aucune incidence essentielle sur un tel statut. On devine en effet qu'une telle
variation ne peut, selon Sartre, modifier les traits fondamentaux de la
condition humaine, même si, de toute évidence, elle différencie les êtres ou les
types de réalisation existentielle (chaque culture, par exemple, engendre ses
propres valeurs et, par-delà, des « modèles de comportement » voire, selon le
concept du sociologue Kardiner, une « personnalité de base »). C'est donc à ce
niveau que la thèse de l'auteur peut-être discutée ou nuancée. Si l'on reprend
les déterminations biologiques, on remarque que la mort, certes, est le lot de
tout être humain ? mais il faut tout de suite dépasser une affirmation aussi
banale pour remarquer que la situation de chacun en face de la mort varie
considérablement en fonction des données sociales.
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