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La valeur d'une civilisation est-elle fonction de son développement technique ?

Publié le 09/06/2013

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technique

 

Introduction

Prendre le train ou l'avion, téléphoner, passer une radiographie  sont des gestes qui font partie de notre quotidien. Chaque jour, nous  avons affaire aux retombées techniques de la recherche scientifique, et  notre vie s'en trouve améliorée. Nous profitons de meilleurs soins, de  plus grandes facilités. Aussi sommes-nous parfois tentés de vouer une  sorte de culte au dieu technique à qui nous sommes tant redevables.  Nous en venons à juger le tout par la partie, et à faire de l'avancement  technique le trait majeur d'une civilisation. Mais ce trait majeur en fait-il  la valeur? Plus généralement, la valeur d'une civilisation est-elle fonction  de son développement technique?

Plan :

I. La valorisation de la technique.

II. Le développement technique ne fait pas toute la  valeur d'une civilisation.

technique

« pensée sont fonction du développement de ces techniques de l'esprit.

Les plus hautes réalisation s de la culture en dépendent comme les sciences ou la philosophie. Il semble donc au premier abord difficile de penser qu'une civilisation sans écriture, par exemple, ait autant de valeur qu'une autre qui en est dotée.

L'ethnologue contemporain Claude Lévi -Strauss a montré à quel point l'invention de l'écriture avait été décisive pour accomplir de nouveaux progrès; ce fut selon lui une acquisition essentielle de la culture que certains peuples sans écriture n'ont jamais faite, comme les populations polynési ennes.

Néanmoins, il relativise l'importance de l'écriture, en notant que les progrès les plus essentiels que l'humanité avait accomplis, tels l'agriculture, la domestication des animaux, le tissage, la poterie, l'avaient été au néolithique, avant l'appari tion de l'écriture et sans son intervention. Le développement technique n'est donc pas uniforme.

Mais qu'est - ce qui en fait la valeur? Il faut tout de suite noter qu'il n'est pas une valeur par lui -même, mais qu'il a été valorisé, excessivement peut -être, par les cultures qui ont favorisé l'aspect technique de leur développement.

Nous touchons ici à l'enjeu de notre sujet. En effet, plus qu'une caractéristique de l'humanité en général, la technique est sans doute le trait dominant de la civilisation europée nne depuis la Renaissance, celui qu'elle a le plus développé.

Elle en est la valeur suprême.

Descartes (15961650) exprime très bien cette valorisation de la technique.

Il définit précisément le projet scientifico - technique qui indique aux hommes le program me de se rendre «comme maîtres et possesseurs de la nature », selon sa célèbre formule.

Les connaissances doivent être mises au service de la vie pratique ; elles doivent être utiles à la vie. Descartes pense à tous ces artifices et autres machines qui peu vent faciliter le travail des hommes, mais aussi à l'application des sciences aux techniques médicales, la conservation de la santé étant le premier de tous les biens.

Le développement scientifique et technique devient donc la fin, et presque l'idéal d'une humanité en progrès.

La maîtrise technique du monde : telle est la tâche.

Le programme cartésien est un bon indice de la valorisation indissociable des sciences et des techniques en Europe depuis quelques siècles.

Il est encore largement celui des société s euro - américaines, et de toutes celles qui ont subi son influence, notamment en Asie.

La maîtrise technique apparaît même toujours davantage comme le but après lequel elles « courent ». L'Europe ayant parallèlement colonisé le reste du monde, ses techniqu es ont joué un rôle dans l'entreprise colonisatrice, d'abord dans la conquête, ensuite dans l'exploitation ; celle -ci a même longtemps tiré sa légitimité de l'idée qu'elle «apportait» en contrepartie « la civilisation » à l'Afrique parce qu'elle y construi sait des chemins de fer! Le. »

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