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La tolérance est-elle un aveu de scepticisme ?

Publié le 16/10/2005

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u En définitive, si toutes les opinions sont permises, c'est que toutes les opinions se valent et si toutes les opinions se valent c'est parce que toutes valent aussi peu. N'est-il pas paradoxal de fonder sur l'infirmité de la pensée les droits souverains qu'on lui .reconnaît ? Les progrès de la tolérance accompagneraient-ils seulement l'affaiblissement des convictions ? Proches des sceptiques sont les pragmatiques qui justifient la tolérance parce qu'ils croient à la multiplicité des vérités, ce qui est encore une façon de ne pas croire à LA vérité ; toutes les philosophies, toutes les religions ont droit à l'existence selon Goethe, car le vrai c'est ce qui est utile et les croyances diverses sont comme des baumes différents que chacun applique sur ses plaies. Goethe écrit à Lavater le 4 octobre 1782: « Mon emplâtre ne réussit pas sur toi ni le tien sur moi. Dans l'officine du Père il y a beaucoup de formules. n La liberté, ici encore, ne paraît fondée que sur une exténuation de la notion de vérité. Ainsi la justification sceptique, relativiste ou pragmatiste de la tolérance, nous semble ruineuse. Faut-il donc tuer la vérité pour assurer la fraternité et sommes-nous condamnés au tragique dilemme du fanatisme ou du scepticisme ?
• Scepticisme. « Vocabulaire de la philosophie « de Lalande. Scepticisme : « Au sens le plus large, doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité d'ordre général et spéculatif, ni même l'assurance qu'une proposition de ce genre est plus probable qu'une autre. (Les mots mis en relief (en italique) le sont par nous). • Tolérance. Ce terme a été créé au XVIe siècle lors des guerres de Religion : les catholiques ont fini par tolérer les protestants et vice versa. On voit ici qu'à l'origine la tolérance constituait une sorte de « pis-aller «, une attitude consistant à supporter l'expression d'idées que l'on appréhendait comme parfaitement erronées. Le terme « tolérance « n'est donc pas né d'un quelconque scepticisme mais de la nécessité reconnue de « coexister «. En fait cette tolérance s'adressait fondamentalement aux personnes non aux idées. A ce niveau la tolérance implique toujours quelque peu une certaine condescendance et un sentiment de supériorité.

« [La tolérance, c'est le refus du fanatisme.

Respecter les convictions d'autrui, ce n'est pas être sceptique.

La tolérance n'est pas l'acceptation de toutes les idées comme vraies.

C'est le respect de toutes les personnes et de leurs croyances.

Être tolérant, ce n'est pas être sceptique, c'est affirmer la liberté de conscience.] La tolérance, c'est la lutte contre le fanatismeLa tolérance ne consiste pas à renoncer à ses convictions ou à s'abstenir de les manifester, de les défendre et de tenter de les répandre.

Être tolérant, c'est s'interdire d'user de moyens violents ou injurieux pour«convaincre» autrui; c'est proposer ses opinions sans chercher à les imposer de force.La tolérance n'est pas le scepticismeÊtre tolérant, ce n'est pas douter de ses connaissances.

La tolérance est une disposition d'esprit ou une règle de conduite qui consiste à laisser à chacun la liberté d'exprimer ses opinions, alors même qu'on ne les partagepas.

L'homme tolérant n'est pas le sceptique.

Dans la pensée moderne, la tolérance se définit comme devoir de respect envers l'autre (ce qui est plus que la simple faculté de supporter ses différences partielles).

Et cetautre est bien, radicalement, un non-moi.

D'où l'affirmation, après sa revendication, d'un « droit à la différence », et la redéfinition de l'humanité comme constituée d'écarts.La tolérance, c'est le libre débat des idéesÊtre tolérant, ce n'est pas croire que toutes les idées se valent, c'est accepter que l'on puisse se tromper, et écouter l'autre pour le réfuter s'il ne nous a pas convaincu.

Socrate reste le modèle par excellence duphilosophe à la fois persuadé qu'il n'y a pas de but plus beau que la recherche de la vérité, et convaincu qu'il ne peut progresser dans cette voie sans s'ouvrir à la pluralité des idées de ses interlocuteurs.

Ce qui ne signifiepas, au contraire, qu'il faille s'abstenir de toute critique et prendre tout préjugé pour argent comptant. quand on oppose la tolérance au fanatisme, on ne peut que l'approuver, mais la tolérance ne doit pas être un laxisme sceptique, elle doit être animée par l'esprit de justice et le respect de la personne.

Pour ne pas être unproduit du scepticisme, la tolérance doit être un principe de raison qui repose sur l'idée du libre examen des idées et opinions en vue de la recherche de la vérité.

Ainsi, et parce qu'elle ne doit pas être l'expression du douted'un esprit incapable de comprendre, la tolérance a nécessairement des limites.

Certes, ces limites sont difficilement identifiables mais elles existent car la tolérance ne peut tolérer ni l'intolérance ni l'intolérable.L'affirmation de la liberté d'expression n'autorise pas, par exemple, à tolérer l'incitation au racisme puisque le racisme est une intolérance.

Elle ne permet pas non plus d'accepter le manque de respect de l'autre, parce quec'est intolérable.Le relativisme culturel affirme que les comportements s'enracinent dans des cultures (histoires et justifications idéologiques) différentes.

Cela ne signifie pas que tout est justifié.

Doivent demeurer intolérables lespratiques (de quelque culture qu'elles soient) qui mettent en cause l'intégrité de la personne humaine.

La tolérance se veut du côté de la raison et del'universalité, et la culture (au sens local) n'est pas toujours du même côté : l'histoire abonde en rationalisations a posteriori qui ne font que masquer l'exploitation, la domination d'une catégorie (sociale ou sexuelle) surune autre.

ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION• Scepticisme.« Vocabulaire de la philosophie » de Lalande.Scepticisme : « Au sens le plus large, doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité d'ordre général et spéculatif, ni même l'assurance qu'une proposition de ce genre est plus probablequ'une autre.(Les mots mis en relief (en italique) le sont par nous).• Tolérance.Ce terme a été créé au XVIe siècle lors des guerres de Religion : les catholiques ont fini par tolérer les protestants et vice versa.On voit ici qu'à l'origine la tolérance constituait une sorte de « pis-aller », une attitude consistant à supporter l'expression d'idées que l'on appréhendait comme parfaitement erronées.

Le terme « tolérance » n'est donc pas né d'unquelconque scepticisme mais de la nécessité reconnue de « coexister ».En fait cette tolérance s'adressait fondamentalement aux personnes non aux idées.A ce niveau la tolérance implique toujours quelque peu une certaine condescendance et un sentiment de supériorité.• Définition de Goblot (moderne ?).La tolérance consiste « non à renoncer à ses convictions ou à s'abstenir de les manifester, de les défendre ou de les répandre, mais à s'interdire tous moyens violents, injurieux ou dolosifs ; en un mot à proposer ses opinions sanschercher à les imposer ».Une telle attitude peut impliquer le scepticisme.

Mais l'implique-t-elle nécessairement (ce qui est la question appropriée au sujet posé).• Si l'on prend le terme sceptique au sens strict, on peut dire que non.

Par exemple, le scientifique ne met pas sur le même plan toutes propositions qu'on peut lui émettre concernantla recherche scientifique.

Mais il va tolérer, non seulement en un sens passif mais en un sens actif l'expression de propositions diverses : il lui apparaît nécessaire qu'il y ait débat, possibilité d'expressions diverses, pour que larecherche scientifique puisse progresser.Ceci implique, bien sûr, que le scientifique ne croit pas une vérité absolue, définitive, des résultats de l'investigation scientifique mais cela n'implique en aucune manière qu'il ne croit pas en un progrès de la recherche scientifique.Autrement dit la recherche même du débat, de l'expression d'idées diverses voire opposées (conçue comme nécessaire au progrès de la science) implique une attitude d'une tolérance non condescendante sans pour autantrenvoyer à une attitude sceptique (qui, au sens strict, nierait la possibilité d'aucun progrès).• On peut se demander toutefois si qualifier cette attitude de « tolérance » ne serait pas abusif dans la mesure où ce terme renverrait toujours plus ou moins à l'idée d'une certaine condescendance et qu'il n'y a à « tolérer » que ceque l'on estime être de moindre valeur ou sans valeur.. »

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