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La théorie de l'inconscient est-elle un obstacle au désir de liberté de l'homme ?

Publié le 22/02/2012

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Ce sujet invite à se poser le problème de certaines conséquences morales, relatives à la liberté de l'homme, de l'affirmation de Freud selon laquelle une part importante de la vie psychique est inconsciente.

« légitimement se demander ce que peut encore signifier liberté d'action pour lui.

Freud cite de nombreux exemples depatients qui trouvent à leurs comportements pathologiques des raisons d'apparence cohérente.

Cette remarque peuts'étendre à tous les individus qui, en réalité, agissent en ignorant les causes profondes qui les incitent à le faire.

Eneffet, le moi est fondamentalement dans un rapport de méconnaissance avec tout ce qui l'entoure comme ce «clown de cirque qui, par ses gestes, cherche à persuader l'assistance que tous les changements qui se produisentdans le manège sont des effets de sa volonté ».Une telle définition, poussée à l'extrême, ne peut avoir pour conséquence que la remise en cause du libre-arbitre, etplus généralement de l'idée de liberté de l'individuelle.

La mise en question de la responsabilitéSi l'inconscient nous manipule sans cesse à notre insu, nous ne sommes jamais sûrs de choisir nos actes en fonctionde mobiles librement délibérés.

Dès lors, quel sens peut-on donner à la notion de responsabilité ? Comment peut-onnous imputer des actes que nous n'avons pas vraiment voulus, au sens le plus fort de ce terme ? Il faudrait dansces conditions renoncer à l'idée même de responsabilité, puisque l'auteur d'un acte ne peut jamais l'assumertotalement, qu'il soit jugé positif ou négatif.

Il faudrait rappeler ici que la justice, aujourd'hui, tient compte decertains aspects psychologiques des accusés, avant de les condamner : justice et psychiatrie entretiennent desrelations de plus en plus étroites.

2 - L'autonomie de la conscience a) L'indépendance du moiLa conception psychanalytique, dans le schématisme précédent, transforme l'inconscient en une véritable fatalitéqui pèserait sur les hommes.

Or, Freud lui-même montre que nous pouvons avoir prise sur l'inconscient : letraitement des névroses par la cure permet de faire disparaître, au moins partiellement les troubles pathologiques.Comment l'activité consciente peut-elle obtenir ce résultat si elle ne dispose d'une certaine autonomie ? Il faudraitalors en conclure que la conscience n'est pas entièrement dominée par les pulsions ou les instincts, et qu'elle gardeune certaine autonomie.

L'hésitation des psychanalystes, voire les contradictions que l'on peut relever dans leursdifférentes conceptions, ne font que souligner l'importance de l'enjeu.

Quel est en effet le but de la curepsychanalytique ? Comment peut-on apprécier la guérison d'un patient ? Et plus profondément, quelle est la fonctionde la psychanalyse ? La réponse à ces questions est du plus grand intérêt pour le problème qui nous occupe, carelle conditionne l'idée que l'on se fait de la place du moi dans l'appareil psychique.Si l'on admet que le moi conscient garde une autonomie par rapport à l'inconscient, ce dernier n'apparaît plus commeune fatalité, mais comme un obstacle à la libre expression du moi. b) L'inconscient comme déterminismeDans ce cas, la liberté n'est plus niée par l'existence de l'inconscient.

Celle-ci devient un obstacle à franchir, undéterminisme supplémentaire qui limite l'autonomie de l'individu, mais ne la supprime pas.

Or, l'existence dedéterminismes ne fait pas disparaître la liberté, elle l'oblige seulement à se redéfinir.

Bien mieux, la connaissance desdéterminismes accroît la capacité d'action des individus, en permettant la maîtrise de l'obstacle.

Savoir est toujoursun auxiliaire de pouvoir.

La découverte de l'inconscient peut, en ce sens, être un facteur de libération.

En prenantconscience des origines de son trouble, le patient retrouve son équilibre et se libère d'un fardeau.

Dans cetteperspective, l'inconscient n'exclut pas l'idée de liberté, il contribue au contraire à étendre, et préciser son domaine.Mais on voit bien que le mot liberté n'est plus porteur de la même signification.

Dans le premier cas, il renvoyait àune essence de l'homme ; ici, il réfère seulement à son pouvoir d'agir. 3 - L'enjeu philosophique a) L'exemple de SartreLa philosophie sartrienne a su concilier liberté et acquis de la psychanalyse.

Les déterminations inconscientes nesont pas niées : les biographies de Genêt, Flaubert ou Baudelaire écrites par Sartre les prennent en compte.

Maiselles sont intégrées dans la liberté fondamentale de tout être existant.

La notion de projet qui unifie lecomportement individuel permet de surmonter la contradiction.

Flaubert ou Baudelaire peuvent bien avoir étédéterminés à se comporter d'une certaine manière, il arrive toujours un moment où ils adhèrent à ce qu'on a faitd'eux (ou le refusent).

L'individu ne devient pleinement lui-même que par cet acte qui reprend, intègre et dépasse ladétermination dans une intention. b) Reich : un contre-exempleL'optique de Reich est différente ; il reproche à Freud de n'être pas allé jusqu'au bout de sa découverte.

Après avoirmis à jour la puissance et l'importance du désir, sous la forme des tendances refoulées, Freud aurait contribué à leurrépression en affirmant la nécessité de leur contrôle par les forces de censure de l'appareil psychique.

Pour Reich,au contraire, la liberté ne sera,complète que si l'on libère les forces de l'inconscient que l'ordre social s'efforce deréprimer.

Le cas limite de Reich est intéressant parce qu'il met en lumière l'ambiguïté de la découvertepsychanalytique.

Devant la difficulté de préciser la nature exacte de l'inconscient, des rapports qu'il entretient avecle reste de l'appareil psychique, il n'est pas possible de dire quelle conséquence exacte découle de sa découverte. c) Vers une théorie nouvelle de l'inconscient ?Enfin, une réflexion comme celle de Deleuze et Guattari dans l'Anti-Oedipe ou Mille plateaux s'efforce aujourd'hui demontrer que la théorie psychanalytique est, en quelque sorte, la dernière ruse de la répression qui accepte dereconnaître l'existence initiale du désir, sa force vitale, pour, aussitôt la censurer.

Telle serait la fonction de la. »

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