LA TEMPORALITÉ COMME SENS DU SOUCI ET L'ÊTRE-POUR-LA-MORT de F. DASTUR
Publié le 09/01/2020
Extrait du document
Le Dasein est l'étant qui peut mourir à tout instant, et le temps est la forme même de son souci. Toute question sur les possibles d'existence (ce que le Dasein peut être) est ouverte par la suprême possibilité : la mort, définie comme possibilité de l'impossible.
[...] Tant que le Dasein existe, il est sur le mode de l’incomplétude au sens où quelque chose reste constamment en attente ; et lorsqu’il n’y a plus rien en attente, il n’y a plus de Dasein : c’est la mort. C’est de cette aporie que l’analytique existentiale de la mort a pour but de nous faire sortir en nous montrant que le Dasein se comporte par rapport à sa propre fin, qu’il existe comme être-en-vue-de-la-mort et que dans le devancement de la mort il se donne à comprendre pour la première fois son être-en-avant-de-soi en ce qu’il a de plus propre et ainsi se rend à lui-même possible d’exister en mode propre. La mort se distingue en effet radicalement de toutes les autres possibilités par lesquelles le Dasein se comprend dans la quotidienneté en ceci qu’elle ne propose rien qui puisse être accompli par le Dasein : « La mort en tant que possibilité ne donne au Dasein rien à “réaliser” ni rien de réel qu’il pourrait être lui-même. Elle est la possibilité de l’impossibilité de tout comportement par rapport à..., de tout exister. Dans le devancement de cette possibilité, elle devient “toujours plus grande”, c’est-à-dire qu’elle se dévoile comme celle qui ne connaît absolument aucune mesure, aucun plus ou moins, mais signifie la possibilité de l’impossibilité incommensurable de l’existence » [...]. La mort est pour le Dasein la possibilité par excellence, car elle n’offre aucun aboutissement réalisable, aucune figure de l’effectivité, et c’est justement dans cette ineffectivité que la possibilité se dévoile comme telle dans sa vérité. Ce n’est donc que dans le devancement de la mort que le Dasein peut s’éprouver lui-même comme possibilité [...].
Françoise Dastur, Heidegger et la question du temps, coll. « Philosophies », PUF, 1990, pp. 57-58.
«
avant-de-soi en ce qu'il a de plus propre et ainsi se rend à lui
même possible d'exister en mode propre.
La mort se distingue en
effet radicalement de toutes les autres possibilités par lesquelles
le Dasein se comprend dans la quotidienneté en ceci qu'elle ne
propose rien qui puisse être accompli par le Dasein : « La mort en
tant que possibilité ne donne au Dasein rien à "réaliser" ni rien de
réel qu'il pourrait être lui-même.
Elle est la possibilité de
l'impossibilité de tout comportement par rapport à ..
., pe tout
exister.
Dans le devancement de cette possibilité, elle devient
"toujours plus grande", c'est-à-dire qu'elle se dévoile comme
celle qui ne connaît absolument aucune mesure, aucun plus ou
moins, mais signifie la possibilité de l'impossibilité incommen
surable de l'existence» [ ...
].La mort est pour le Dasein la possi
bilité par excellence, car elle n'offre aucun aboutissement réali
sable, aucune figure de l'effectivité, et c'est justement dans cette
ineffectivité que la possibilité se dévoile comme telle dans sa
vérité.
Ce n'est donc que dans le devancement de la mort que le
Dasein peut s'éprouver lui-même comme possibilité[ ...
].
Françoise Dastur, Heidegger et la question du temps, coll.« Philosophies», PUF, 1990, pp.
57-58.
'POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
La mort est toujours possible, mais elle se distingue de
toutes les autres possibilités qui s'ouvrent au Dasein en ce
qu'elle ne propose rien qui puisse être accompli par lui.
La mort est une possibilité qui ne se réalise jamais.
En
effet, lorsqu'il meurt, le Dasein n'est plus Dasein, aussi la
mort ne lui arrive-t-elle pas.
La mort n'est pas une puis
sance qui est susceptible de s'actualiser.
Lorsqu'elle sur
vient, le Dasein n'est déjà plus personne.
Parce qu'elle ne
se réalise pas en tant que possible, la mort peut tout aussi
bien être définie comme possibilité de l'impossible,
c'est-à-dire possiblité pour le Dasein de l'impossibilité de
réaliser sa mort.
Le Dasein n'est pas en mesure de dépasser la possibilité
de la mort.
La finitude est absolue, sans remède, indépas
sable.
De plus, cette possibilité insigne, qui ne connaît pas
de grandeur, de plus ou de moins, esseule le Dasein, qui
ne peut demander aucun secours au Dasein d'autrui.
Ayant.
»
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