La technoscience existe-elle ?
Publié le 27/02/2008
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«
II – Un néologisme : une chimère a) En effet, s'il convient de s'interroger sur l'existe même du terme de technoscience c'est notamment en faisantréférence aux réserves qui ont pu être émises contre ce néologisme notamment en France, comme on peut le voirdans le chapitre 5 « Technique et science » de l'ouvrage La technique de Jean-pierre Séris qui émet plus que des réserves à l'égard de ce néologisme qui n'exprimerait selon lui qu'« amalgame, agglutination, confusion, collusion »,c'est-à-dire une fusion de concept indéfendable « grossière et intéressée ».
En effet, pour Séris il faudrait inverserle rapport : non pas techoscience mais science-technique faisant référence à un idéal et à un infini.
En effet ilnote : « La « techno-science » retient bien l'idée d'une tâche, à l'échelle de l'humanité, mais celle-ci ne peut êtredéfinie dans la mesure où elle ne porte pas sur des idéalités ».
Ce qu'il faudrait craindre alors ce serait la destructionde l'esprit et de l'entreprise scientifiques en l'asservissant à des tâches finies.b) Ce que reproche finalement Séris à la possibilité de l'existence de la « technoscience » est une dévalorisation de la science comme purement instrumentale, utilitariste et technocratique.
En ce sens ce serait ouvrir la boîte depandore vers une transfiguration ou défiguration de la science et de ses buts, ou comme dirait Baudelaire, fairetomber l'auréole « dans la fange du macadam ».
Et c'est bien ce qu'on peut percevoir dans la Technique : « On a introduit depuis peu le terme de « technoscience » pour désigner le complexe de sciences et de techniques quicontrôle et commande la cohérence de la recherche et du développement.
Complexe scinetificotechnique, industrielet post-industriel, qui est une réalité sociologique, économique et politique.
Nous nous interrogeons sur l'opportunitédu recours à ce terme […] Bien que sciences et techniques ne puissent désormais se passer les unes des autres, iln'y a pas de raisons intellectuelles décisives qui militent en faveur de l'idée d'une fusion.
[…] Le fait qu'en denombreux domaines la frontière entre science et technique s'estompe n'est pas, logiquement, une raison suffisantepour avaliser la thèse de l'identification entière ».c) En ce sens, le terme de technoscience ne serait qu'une idéologie dont le but serait d'être le porte drapeau et lesigne de la technophobie de Ellul telle qu'on peut la retrouver dans La technique ou l'enjeu du siècle : « Actuellement, la technique est arrivée à un tel point d'évolution qu'elle se transforme et progresse à peu près sansl'intervention décisive de l'homme.
[…] Ce n'est plus l'homme de génie qui découvre quelque chose […], c'estprécisément cette addition anonyme des conditions du saut en avant.
Lorsque toutes les conditions sont réunies, iln'y a qu'une intervention minime d'un homme qui produit le progrès important.
[…] La technique conditionne etprovoque les changements sociaux, politiques, et économiques.
Elle est le moteur de tout le reste, malgré lesapparences.
» Transition : Suivant cette definition et ces remarques il semble pertinent de remettre en doute l'existence même de cette idéede technoscience et cela d'autant plus qu'elle est idéologie semble-t-il dangereuse.
Cependant, comme le note lui-même Hottois, si la technoscience était cela il serait le premier à en faire la critique.
Or pour la démythifier faut-il enproduire une analyse génétique et généalogique.
III – Généalogie et origine : une idée pas si neuve a) Cependant, si l'on critique l'idée de technoscience force est de constater pourtant que bien que le terme ne soitutilisé que récemment elle n'en reste pas une idée ancienne qui fait simplement peau neuve.
En effet, comme leretrace généalogiquement Hottois dans Philosophies des sciences, philosophies des techniques « la plupart du temps [on remonte] à Francis Bacon [et son Novum Organum ], associant dès lors étroitement la naissance de la technoscience et celle de la science moderne ».
De même fait-on aussi remonter à Bachelard et à son ouvrage Le nouvel esprit scientifique le terme de technoscience car l'esprit de cette idée semble bien être celui de la physique quantique faisant référence aussi au texte de Heisenberg sur La nature dans la physique contemporaine dans la mesure où ce texte comprend une partie sur la technique et souligne intensément le lien entre science et techniqueainsi que la transformation de la science en science opératoire, active.
Il ne s'agit tant du réel en soi que desinteractions du scientifique avec le réel.
L'idée n'est donc pas neuve même si elle prend son essor réel actuellement.b) Or c'est bien ce que l'on peut voir pourtant à travers la critique que Lyotard adresse à la technoscience en dénonçant son lien avec le capitalisme ainsi qu'une subversion de la modernité dans Le postmoderne expliqué aux enfants : « La technoscience actuelle accomplit le projet moderne : l'homme se rend maître et possesseur de la nature.
Mais en même temps elle le déstabilise profondément : car sous le nom de « nature », il faut compter aussitous les constituants du sujet humain : son système nerveux, son code génétique, son compteur cortical, sescapteurs visuels, auditifs, ses systèmes de communication, notamment linguistiques, et ses organisations de vie engroupe, etc.
» Lyotard malgré sa critique note effectivement ce lien avec l'esprit humaniste du développement de lascience avec cette référence à Descartes et son Discours de la méthode , partie V.
Dès lors cette idée de technoscience n'est pas une idée si neuve que cela elle insiste simplement sur la distinction trop souvent opéréeentre la science et la société et c'est en ce sens que l'on peut concevoir ce terme de technoscience commel'équivalent de la science mais dans une acception pratique.
il s'agit d'insister sur une point de vue.c) Et c'est bien ce sur quoi Latour insiste dans son ouvrage La Science en action de 1987.
Ce dernier est par ailleurs passé souvent comme l'auteur de ce terme.
Mais il s'agit bien de voir ici que le terme de technoscience n'arien de redoutable, pas plus que celui de science en tant qu'elle doit être appliquée : « le mot technoscience étantmalheureusement pris par ceux qui, à la suite de Heidegger, ont oublié qu'il fallait étudier les productionsscientifiques et techniques avant de gémir sur leur absence d'être, de valeur, de beauté et de vérité, je ne l'utilisequ'au pluriel et sans aucune connotation ontologique profonde ».
Et si nous devons faire usage du terme detechnoscience c'est bien comme l'indique Menser dans Technoscience and Cyberculture : « Il n'y a rien qui soitclairement et distinctement descriptible soit comme science soit comme culture soit comme technologique »..
»
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