La technique s'oppose t-elle à la raison ?
Publié le 25/05/2010
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Dans L'Homme unidimensionnel d’Herbert Marcuse cherche à montrer « totalitarisme « de l'appareil technologique et de son implacable rationalité fonctionnelle qui, au moyen de besoins artificiels et de pratiques uniformisées, installent de nouvelles formes de contrôle et de domination propres à aliéner l'individu. Son caractère systémique et la peur du « spectre de la libération « tendent à faire converger les partis politiques et les classes sociales autrefois opposés. À rebours des anciennes formes culturelles de négation de la réalité établie émergent un conformisme aveugle et une conscience heureuse et naïve que distillent un art désublimé et prêt à consommer, ainsi qu'une sexualité, en apparence libérée, mais en fait instrument d'une stimulation sociale. Le langage opérationnel, désignant davantage des ordres et des fonctions que des individualités, exclut des discours la contradiction, la dialectique et la critique, et contribue donc à réduire la réalité au format canonique du système en place
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multiplier les technocraties, c'est-à-dire des systèmes politiques dans lesquels les techniciens ont un pouvoir prédominant, au détriment de la vie politique proprement dite. Dans un tel régime, la priorité est donnée à la résolution efficace des problèmes, souvent au détriment des réalités humaines.
Un technocrate est un homme quiconsidère que l'on gouverne un pays comme on dirige une usine, négligeant la différence essentielle entre les deux :on a affaire d'un côté à des machines, de l'autre à des citoyens.Le sociologue Jacques Ellul analyse cette incursion récente de la technique dans la sphère politique ; il soutient que la technique finit par se développer de manière autonome, et échappe au contrôle des hommes.
Le développementdes techniques engendrerait en effet, dans nos sociétés modernes, une obsession de l'efficacité et de la rentabilitéqui envahirait toutes les sphères de l'activité humaine, y compris l'univers de la politique.
Il peut alors sembler que l'évolution de la société est déterminée par l'évolution du progrès technique et scientifique.La technocratie soutient que, dans les sociétés modernes, le citoyen n'est pas le plus compétent concernant lesquestions pratiques, et donc n'est pas réellement apte à choisir un bon gouvernant.
C'est donc le principe même dela démocratie qui est remis en cause par la technocratie, qui pense qu'un personnel administratif compétent doitêtre mis à la tête de l'Etat (les hautes écoles administratives comme l'ENA dispensent des formations de plus en plustechniques).
Bref, il s'agit d'affirmer qu'en matière de politique, un technicien averti serait plus efficace qu'un peuplequi ignore tout de la science du gouvernement.
Jürgen Habermas, dans La technique et la science comme idéologie , s'emploie à dénoncer la thèse technocratique. Il tente de montrer qu'une telle conception tend à réduire toute forme d'action humaine au modèle de l'actionefficace, technique ou stratégique (qui correspond à ce qu'il nomme « rationalité instrumentale ») et donc à oublier une autre forme d'action sur laquelle seule peut se fonder un consensus social : l'action qui relève de la pratique, etqui met en jeu un accord entre les hommes à propos d'une forme de vie commune.Ne devrait-on pas alors essayer de rendre au travail sa valeur première, à savoir celle d'un simple moyen, rendu plusefficace par la technique, qui vise à organiser la vie en société et à assurer la juste répartition des richesses ? En d'autres termes il faudrait, pour pallier le risque de technocratie, ne pas faire de l'efficacité du travail et de latechnique une fin en soi, mais sans cesse les rapporter à ce à quoi ils sont subordonnés, à savoir une améliorationde la vie des hommes, tant individuellement que collectivement.
4) La destruction de la raison par la civilisation technique et industrielle.
Dans L'Homme unidimensionnel d'Herbert Marcuse cherche à montrer « totalitarisme » de l'appareil technologique et de son implacable rationalité fonctionnelle qui, au moyen de besoins artificiels et de pratiques uniformisées, installentde nouvelles formes de contrôle et de domination propres à aliéner l'individu.
Son caractère systémique et la peur du« spectre de la libération » tendent à faire converger les partis politiques et les classes sociales autrefois opposés.À rebours des anciennes formes culturelles de négation de la réalité établie émergent un conformisme aveugle etune conscience heureuse et naïve que distillent un art désublimé et prêt à consommer, ainsi qu'une sexualité, enapparence libérée, mais en fait instrument d'une stimulation sociale.
Le langage opérationnel, désignant davantagedes ordres et des fonctions que des individualités, exclut des discours la contradiction, la dialectique et la critique,et contribue donc à réduire la réalité au format canonique du système en place Il cherche à démontrer les effets de la technologie sur la structure de la pensée et sur les productionsphilosophiques.
Un premier glissement s'opère, lorsque la logique formelle d'Aristote, indifférente aux oppositionsplatoniciennes essence/apparence, théorie/pratique, renonce à évaluer la réalité selon son degré de vérité, pouruniquement se consacrer, à l'aide de règles universellement valables, à l'élimination des contradictions.
La raisonpeut alors s'exercer sur la réalité effective pour servir, dans sa version technologique, une logique de domination enlégitimant, au nom d'une organisation plus scientifique du travail, les entreprises d'exploitation.
Ramenée à un critèrequantitatif et productif, cette positivité s'allie avec l'empirisme de la philosophie analytique qui, pour limiter la véritéau concret et à l'usage ordinaire des mots, évacue le contexte social et le caractère politique de l'énonciation Il fait résider la solution à cette unidimensionnalité générale dans « le projet transcendant » de la philosophie quiréalisera « la pacification de l'existence » à l'aide d'une rationalité technique nouvelle.
La « libération » passe, d'unepart, par une automatisation totale qui rendrait à l'homme son loisir, sa créativité et sa capacité de sublimation, et,d'autre part, par la réduction du surdéveloppement productif qui mettrait fin à la culture de masse Parce que nonintégrés au système, aux seuls « marginaux et outsiders » appartiennent ce « Grand Refus » et cette opportunité deréaliser un changement qualitatif majeur.
Conclusion.
La technique qui est à la base d'origine rationnelle et culturelle s'est peu à peu transformé en pur moyen techniquedont la valeur repose uniquement sur l'efficacité.
La technique moderne de l'époque industrielle s'est vidé de saportée rationnelle à force d'être autonome, d'être une valeur en elle-même.
La technique est devenue un instrumentde domination, une arme du pouvoir politique, l'instrument d'une idéologie qui n'a rien de technique.
Elle peut être lebras armé d'un régime politique arbitraire et irrationnel comme par exemple les régimes totalitaires.
Aussi, l'homme.
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