La technique peut-elle se passer de la morale ?
Publié le 27/02/2008
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§ La technique engendre une société de consommation, de marché, de production, qui semble alorsdéshumaniser l'homme qui est aliéné dans la production.
En effet, avec l'ère de la technique, le mondedevient pour l'homme artificiel, de sorte que l'homme se voue à âtre lui-même artificiel.
C'est en outrela thèse que met en lumière Hobbes dans le Léviathan , sections 10 et 24 notamment.
En effet, Hobbes définit son modèle de la société sur le modèle d'une « société de marché généralisé » qui secaractérise notamment par le fait que tout y est conçu comme étant aux prises du marché.
Cettesociété comporte alors des caractéristiques précises que Hobbes définit : chacun cherche à maximisersa fonction d'utilité, toute force de travail étant la propriété inaliénable de l'individu.
Cette société sefonde sur une conception de l'individualisme qui entraîne une vision de l'individu comme celui qui estutile.
Etant propriétaire de son énergie, de son travail et de sa force, et étant aux prises du marchéde la consommation et du marché, chaque individu peut alors se donner aux autres, sous l'angle del'utilité, afin de tirer profit de lui-même contre salaire ou en vue d'un échange quelconque.
L'individu,aux prises d'un monde où règne l'artifice, s'utilise lui-même, et marchande ainsi sa propre personne. § Le travail, la force de travail ou énergie de l'individu, la terre et le capital sont soumis à ladétermination du marché, leur prix est fixé par le jeu de l'offre et de la demande.
Le marché fixe le prixde toute chose et conditionne par là même les décisions individuelles.
Tout, y compris l'énergie del'individu, est réduit à l'état de marchandise.
Les individus, en tant que propriétaires de biens donteux-mêmes, ne serait-ce que de leur simple force de travail, dépendent tous les uns des autres.
Dèslors, loin d'exacerber l'indépendance de l'individu, la reconnaissance d'une propriété de soi entraînenécessairement une dépendance des individus vis-à-vis des autres et du marché qui fixe leur propreprix tout comme celui des biens matériels.
Chaque individu est pris dans la concurrence du marché caril n'est personne qui ne possède quelque chose, ne serait-ce que sa force de travail.
Le règne del'artifice fait donc de l'homme lui-même un objet qui peut être perçu, comme tout objet technique,sous l'angle de l'utilité. § Pour Hobbes, le travail humain est aussi un bien échangeable en vue du profit, comme toute autrechose.
Aussi Hobbes écrit-il dans le Léviathan , ch.10 : « La valeur d'un humain, ou son mérite, est comme celle des autres choses, à savoir son prix, autrement dit, autant qu'on serait prêt à payerpour utiliser sa puissance.
Elle n'est donc pas absolue, mais dépend du jugement et du besoin d'autrui[…].
Et il est des humains comme des autres choses, ce n'est pas le vendeur, mais l'acheteur qui fixele prix ».
La véritable valeur de l'individu ne se trouve pas plus haute que celle à laquelle les autresl'estiment.
L'homme n'a plus de valeur mais un prix marchand.
Etre propriétaire de soi-même semblealors synonyme de s'aliéner, la propriété impliquant une extériorité de l'objet par rapport au sujetpropriétaire.
Si extériorité il y a, alors l'individu propriétaire de lui-même en vient à considérer son soipropre, sa personne, sa valeur comme des biens extérieurs qu'il peut aliéner au même titre que sespossessions extérieures.
La technique qui engendre une société de marché et artificielle aliène alorsl'homme qui se trouve placé au même rang que les choses. III) La morale comme devoir et réflexion nécessaire sur la technique. § La morale semble néanmoins inhérente à la nature humaine, ne serait-ce que par sa définitionpremière d'étonnement face aux choses.
N'est-ce pas en effet le moteur de toutes les recherchesmalgré tout ? L'exercice de la philosophie apparaît dès lors selon une double dimension : d'abordparce qu'elle n'est que le prolongement d'une attitude naturelle à l'homme (et qui le caractérise entant que tel), mais aussi parce qu'un tel exercice permet de garder un regard critique sur le réeldans la totalité de ses dimensions, comme pour les études philosophiques sur les conséquences decertaines avancées techniques ou scientifiques, études réflexives qui apparaissent toutesnécessaires à la fois pratiquement et éthiquement.
Cet exercice de la philosophie apparaît donccomme nécessaire, mais d'une nécessité que l'on peut aller jusqu'à qualifier de morale, car elle estse grâce à quoi l'homme se réalise dans son humanité, ou elle en est, en tout cas la condition depossibilité (puisqu'elle lui permet de s'auto constituer comme sujet, et répond à sa naturelleinquiétude). § La morale apparaît alors également nécessaire ai sein de la démarche scientifique de la sociétémoderne elle-même.
On pense notamment au développement contemporain de la sphère de labioéthique et du développement durable.
Des problèmes, apparaissant tous scientifiques de primeabord, viennent chercher de l'aide vers la démarche philosophique.
On peut en effet prendrel'exemple du problème de l'euthanasie dans le milieu médical ou encore de l'embryologie.
Il apparaîten effet aujourd'hui nécessaire de faire appel à la philosophie, dans sa dimension moralenotamment, afin de mettre en perspective ces problèmes : comment déterminer l'âge auquel onput dire qu'un embryon est une personne ? Est-ce d'après des faits scientifiques de constitutiondu fœtus ? Le fœtus est-il dès sa génération une personne humaine ? Se mettent en placeactuellement dans les institutions hospitalières des comités d'éthique au sein desquels desscientifiques mais aussi des spécialistes de philosophie traitent de ces problèmes. § La société moderne apparaît alors comme surdéterminée pas le règne de la technique qui tend àdéshumaniser cette société.
La philosophie apparaît alors d'autant plus nécessaire dans la société.
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