La technique peut-elle nous faire croire au progrès ?
Publié le 24/03/2009
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Si la technique s’est d’abord présentée à l’homme comme la source possible d’un progrès, ne faut-il pas reconnaître, à travers ses réalisations concrètes et ses conséquences les plus ultimes et radicales, qu’elle échoue à rendre effective une telle notion de progrès ? N’est-elle pas figurative d’une croyance déçue et dès lors rendue vaine et impossible ?
Est-il légitime d’affirmer que la nature du progrès technique doit être soumise à notre propre défiance ? N’est-ce pas bien plutôt l’usage, parfois détourné, des progrès techniques qui doit faire l’objet de notre attention, voire de notre méfiance ? Dire que la technique échoue à nous faire croire au progrès, n’est-ce pas mettre en doute la puissance de la raison, et par là la spécificité de l’homme ? Ou au contraire, n’est-ce pas le signe d’une vision responsable de l’homme sur lui-même et sur la nature qu’il transforme par la technique ? Ce qu’il faut interroger ici en réalité c’est bien la nécessité d’une telle croyance.
I. La technique nous a fait croire au progrès – et nous a déçu parce que le progrès technique n’est jamais progrès de l’humanité dans son ensemble ni progrès dans tous les domaines
II. Les conditions éthiques pour que la technique soit réellement synonyme de progrès
III. L’idée de progrès : une idée régulatrice fondamentale ® L’on doit croire au progrès
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travers ses réalisations concrètes et ses conséquences les plus ultimes et radicales, qu'elle échoue à rendre effective une tellenotion de progrès ? N'est-elle pas figurative d'une croyance déçue et dès lors rendue vaine et impossible ? Est-il légitime d'affirmer que la nature du progrès technique doit être soumise à notre propre défiance ? N'est-ce pas bien plutôt l'usage, parfois détourné, des progrès techniques qui doit faire l'objet de notre attention, voire de notre méfiance ? Dire quela technique échoue à nous faire croire au progrès, n'est-ce pas mettre en doute la puissance de la raison, et par là la spécificitéde l'homme ? Ou au contraire, n'est-ce pas le signe d'une vision responsable de l'homme sur lui-même et sur la nature qu'iltransforme par la technique ? Ce qu'il faut interroger ici en réalité c'est bien la nécessité d'une telle croyance.
Plan I.
La technique nous a fait croire au progrès – et nous a déçu parce que le progrès technique n'est jamaisprogrès de l'humanité dans son ensemble ni progrès dans tous les domaines La technique qui, définit dans sa spécificité est le propre de l'homme, apparaît comme la condition de tout progrès : ilsemble donc que la croyance au progrès soit contenue dans le concept même de technique.
Dépourvu, contrairement auxautres animaux, des facultés qui permettent d'affronter les périls naturels, « l'homme nu » - si l'on en croit la mythe – duts'emparer du feu et des « sciences propres à conserver sa vie » ( Platon , Protagoras).
Prométhée et Epiméthée, chargés tous les deux de distribuer tous les biens nécessaires à la survie des êtres vivants oublièrent d'en garder pour l'homme qui seretrouva avec son corps seul.
Telle est donc la raison originelle de la technique : elle fournit à l'homme les moyensd'adaptation à un environnement qui n'est pas toujours prêt à la recevoir.La technique ; du grec technê (qui signifiait « fabriquer, construire, produire quelque chose), se définit en premier lieucomme un savoir-faire dont le but est un comportement efficace et approprié aux circonstances.
Mais les animaux eux-mêmes, fera-t-on observer, disposent – dans certaines limites – d'un tel savoir-faire qui parait parfois plus adapté et plusadéquat à ses fins.
En définissant l'homme comme un « homo faber », Bergson (dans l'Evolution créatrice) insiste sur le fait que l'intelligence – conçue précisément comme la faculté de fabriquer et d'utiliser des objets artificiels – ne concerne quel'être humain.Seule en effet la démarche de l'homme est véritablement inventive ainsi qu'Aristote , sans doute le premier, l'avait déjà établi.
D'après celui-ci, en effet, la technê est une « disposition tournée vers la création », et « accompagnée de raison » qui,de ce double point de vue, oppose l'homme aux autres animaux (Ethique à Nicomaque, L.
VI).
Du fait de ce talent,l'homme n'est donc pas un être particulièrement démuni, bien au contraire.
La nature, qui, toujours selon Aristote « ne faitrien en vain », a donné à l'homme des mains et une intelligence qui lui permettent une adaptation particulièrement réussie.L'outil, en effet – c'est-à-dire l'objet conçu et fabriqué par l'homme pour exécuter un travail – n'est pas seulement leprolongement naturel de la main, il est la traduction matérielle de son intelligence.
Cette extension des pouvoirs naturels del'être humain se poursuit avec la multiplication des objets artificiels, puis avec l'invention des machines.On s'aperçoit alors clairement que si la technique n'est pas à proprement parler possible chez l'animal (qui répèteindéfiniment une tâche pour laquelle la nature la programmer à la perfection), cela montre que la technique n'est qu'unsymptôme, une conséquence de ce qui, en propre, distingue l'homme de l'animal.
Il faut donc, pour retrouver l'originepremière, la source légitime de la distinction entre animal et homme, encore faut-il remonter à ce qui rend, chez l'homme, etnon pas chez l'animal, la technique possibleLa technique n'est pas, en tant que telle, ce qui permet de distinguer l'homme de l'animal.
En rester une telle distinction, c'esten rester à la surface de la distinction qui est bien plus fondamentale que cela.
En effet, la technique, en tant qu'elle estproprement humaine et non animale, apparaît comme la figure de quelque chose de plus essentiel, à savoir la présence, enl'homme de la raison.
Se méfier des progrès technique serait, en réalité, plus profondément, se méfier de la raison humaine– ce qui apparaît a priori illégitime.Quand l'animal est en très peu de temps le même qu'il sera toute sa vie, et quand celui-ci possède une certaine« technique », au sens faible, qu'il accomplit à la perfection, l'homme lui est capable de s'adapter et de multiplier les pointstechniques indépendamment d'une fin qui lui serait donnée une fois pour toute.
Ainsi, la possibilité technique humaineapparaît en fait comme la conséquence de la présence en l'homme de l'intelligence, de la raison, quand l'animal est régi parl'instinct.En effet, un poisson possède la nage dans toute sa technicité, il en est de même pour la danse des abeilles, etc.
C'estjustement parce que l'animal est réglé, de manière définitive, vers l'accomplissement d'une certaine fin, qu'il est régi parl'instinct.
L'animal reste semblable à lui-même au bout de quelques mois, il est ce qu'il sera toute sa vie et il accompliratoujours de la même façon la même tâche et avec la même perfection.
L'instinct ne manque jamais son but.
Alors quel'homme lui n'atteindra jamais la perfection « technique » instinctive de l'animal.
En réalité, il cherchera toute sa vie às'approcher de cette perfection.
De la même manière, l'homme est capable d'une très grande adaptation : il sait nager,.
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