La technique est-elle plus dangereuse pour l'homme que pour la nature ?
Publié le 25/05/2010
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La technique est-elle plus dangereuse pour l'homme que pour la nature ?
La transformation du donné, de la chose immédiate, qu’implique le travail n’est-elle pas indispensable pour se délivrer de la nécessité des lois de la nature ? la technique n’est-il pas finalement l’origine de toute culture ? De plus, grâce à la technique l’homme progresse sans cesse et vit plus vieux. D’autre part, si travailler c’est transformer la nature en vue d’une fin déterminée, le travail est impensable sans la notion de technique. Certes, la technique est l’expression de notre spécificité humaine, mais il faut nous demander à quoi sert la technique en tant que telle. Son introduction dans le rapport de l’homme au monde ne dépossède-t-elle pas l’homme de sa maîtrise sur la nature acquise par le travail ? L’outil ne peut-il pas se retourner contre l’homme ? L’automatisation des techniques de production prive en effet l’homme de son savoir-faire. N’est-ce pas vain de se demander quel est le danger le plus important ? Il faut certainement se demander quelle est la véritable nature de ces dangers.
«
à assurer sa survie grâce à l'argent gagné c) L'ouvrier, réduit à l'état d'esclave ? Marx parle d'un « vol des moyens de productions » par ceux qui détiennent le capital.
Ne pouvant plus produire lui-même pour lui-même ce dont il a besoin (car il ne possède pas les terres ni les machines), l'ouvrier serait donccontraint de travailler pour de l'argent, argent qui lui permettrait d'obtenir ensuite les biens nécessaire à assurer sasubsistance.
D'une maîtrise conquérante de la nature, le travail s'est donc transformé, pour l'ouvrier, en une activitérépétitive, dans laquelle il ne peut se saisir comme être libre.
Si le travail ne sert plus qu'à se nourrir, il incarne leprolongement de notre dépendance à des besoins physiologiques, dépendance redoublée par une nouvelledépendance à ceux qui détiennent le capital.
Loin de la dialectique du maître et de l'esclave, dans laquelle l'esclavedevait lui-même produire les biens pour son maître, l'ouvrier se bestialise dans le travail, privé qu'il est de toutsavoir-faire technique dans la production.
Ces concepts d'aliénation et d'exploitation montrent indubitablementl'existence d'un lien étroit entre le travail, la technique, et un certain mode d'organisation sociale et politique.
Ceuxqui ont le pouvoir, en effet, sont ceux qui détiennent les moyens de production.
2) La technique : un danger pour la nature.
a) La technique provoque la nature.
Selon Martin Heidegger dans la question de la technique dans Essais et conférences : « Elle aussi est un dévoilement.
C'est seulement lorsque nous arrêtons notre regard sur ce trait fondamental que ce qu'il y a denouveau dans la technique moderne se montre à nous.Le dévoilement, cependant, qui régit la technique moderne ne se déploie pas en une production au sens de lapoiesis .
Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée.
» C'est ce qu'il appellel'arraisonnement du monde.
Cet arraisonnement n'a rien en vérité de technique.
Il fait la différence entre lecommettre et le dévoilement.
Cet arraisonnement entrave le véritable dévoilement qui n'est possible en définitivequ'avec l'art.
La technique provoque la nature, Un paysan par exemple en labourant sa terre ne la provoque pas.
Iln'y a plus d'accord entre l'homme et la terre, il doit la transformer pour en tirer une énergie, une matière qui ne setrouve pas comme telle disponible.
Construire un barrage, une carrière de minerais, une centrale nucléaire est uneprovocation.
Aussi le travail du paysan sera dit proche de la nature, et la technique moderne éloigne l'homme de lanature en vérité puisque l'homme cherche à en outrepasser les limites, à la dépasser, à en retirer quelque chosequ'elle ne donne pas naturellement.
b)La technique risque de détruire tout milieu de vie.
Selon Hans Jonas dans le Principe La technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain.
La technique a considérablement augmentée la portée de l'agir humain.
La portée causale déborde tout ce que l'on a connuautrefois.
La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pasd'équivalence par le passé.
Elle a fait apparaître de nouveaux devoirs.
L'éthique antique est inopérante à l'heure dela technique.
Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centainesd'années.
L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches abusives, de ladisparition des déchets nucléaires) .Aussi tous nos pronostics à long terme sont incertains.
Le principe responsabilitévoudra donc que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.
Le mal est toujourscertain.
Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec lapermanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.
» Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encoreactuelle.
Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit.
L'homme s'est vuremettre une essence, il en est responsable.
Il faut donc une préscience, une anticipation.
Il faut une métaphysiqueque n'a pas encore la science.
Le principe responsabilité pressent l'impossible, il veut le limiter.
Il doit aller au devantdes abus.
Tous les possibles demeurent une fois que l'action s'est produite.
Il faut que les conséquences desactions soient voulues.
Il faut pour cela que des principes soient voulus pour que les conséquences soient voulues.Il faut donner à l'agir humain une dimension de volonté et qu'elle soit au principe de ses réalisations.
Car la réalitéhumaine correspond à quelque chose de non- voulu.
L'agir a pris des dimensions cosmologique.
La menace descivilisations technologiques repose sur l'idée que la technologie domine aussi l'homme comme elle domine la nature.C'est l'étant dans sa totalité qui est menacé.
On comprend dès lors que la technique transgresse la nature car elleprovoque des réactions non voulues.
L'homme introduit dans la nature des produits qui la modifie, il provoque en elledes réactions que la nature seule ne peut réaliser.
L'homme va donc au-delà des limites que la nature peutatteindre.
Conclusion.
La technique comporte à la fois des dangers pour l'homme, en risquant de faire de lui un esclave, un être dont lanature a disparu derrière une privation de liberté, de développement personnel, de réalisation de soi.
Et un dangerpour la nature, en la détruisant, en la rendant impropre à la vie.
Il va de soi que sans milieu de vie, sans naturetoute vie est impossible.
En cela, comme le pense H.
Jonas, préserver un monde habitable pour demain est lapremière des priorités, le bonheur de l'homme lui-même ne venant qu'ensuite..
»
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