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La technique dépend-elle de la science ?

Publié le 11/08/2004

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technique

La technique dépend originairement et étymologiquement de la science. En effet, la technique n’est que la fruit de la science. Plus exactement, on peut comprendre le développement de la technique à l’aune de la science. Leurs développements sont liés aux progrès de la science ou à la nécessité de produire des outils plus perfectionnés. Cependant, à l’aune de l’ère industrielle, force est de constater que la technique s’est autonomisée et n’a plus nécessairement rapport à la science. Néanmoins, sa dépendance reste originaire car elle serait se développer par elle-même. Pourtant, c’est bien ce projet que développe la techno-science. Il ne s’agit plus subordonner le développement des techniques à la nécessité de la science mais bien plutôt inversement de proposer des outils de plus en plus perfectionnés que la science pourra se servir. La technique suit alors une voie d’autonomisation. 

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« BACHELARD: «Les instruments ne sont que des théoriesmatérialisées.» «Les instruments ne sont que des théories matérialisées.

» Bachelard, LeNouvel Esprit scientifique (1938). • Pour donner leur place à la théorie et à l'expérience dans la constitution dela connaissance, il faut relever que la connaissance du monde passe aussi parla connaissance du sujet connaissant lui-même.

C'est ce que dit Kant, quivise notamment à sortir de l'antithèse entre Locke et Descartes.• Dans l'épistémologie moderne de Bachelard, les «données» de l'expériencene sont jamais «données» spontanément, mais sont construites grâce àcertains instruments (par exemple, le calcul de la trajectoire d'une comètedépend de la précision du télescope qu'on utilise).• Les instruments eux-mêmes ne sont pas «donnés»: le scientifique lesconstruit lui-même pour tester une théorie qu'il a élaborée avant même queles «faits» qu'il décrit n'aient été rendus sensibles.

D'où l'idée que l'instrument«matérialise» une théorie: pour l'inventer, il fallait que la théorie ait déjàprévu la possibilité des données qu'elle voulait tester. « Déjà l'observation scientifique est toujours une observation polémique ; elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d'observation ; elle montreen démontrant ; elle hiérarchise les apparences ; elle transcende l'immédiat ; elle reconstruit le réel après avoirreconstruit ses schémas.

Naturellement, dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémiquede la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans lemoule des instruments, produit sur le plan des instruments.

Or les instruments ne sont que des théoriesmatérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toutes part la marque théorique.

» BACHELARD. La nature du rapport entre science et technique est donc complexe, et varie aussi en fonction du sens que l'onaccorde à chacun des termes : selon que la science désigne un raisonnement simple (comme dans le bricolage telque l'analyse Lévi-Strauss dans la Pensée sauvage) ou au contraire une théorie formellement élaborée (par exemplecelle de Galilée); selon que la technique désigne un simple bricolage (fabrication d'un outil à partir de la maîtrise dufeu) ou la matérialisation d'une théorie scientifique (comme pour la lunette astronomique, qui supposait qu'on avaitdécouvert auparavant les lois de l'optique).Plus que de dépendance de l'une envers l'autre, c'est donc d'interdépendance ou de complémentarité qu'il convientde parler.

Et pour être exhaustif, il faudrait faire intervenir un troisième homme dans le débat : le spécialisted'éthique.

Au savant de concevoir les théories, au technicien de les appliquer, et à l'homme d'éthique de savoirborner le pouvoir du technicien et les ambitions du savant lorsque celles-ci s'avèrent contradictoires avec le respectde la dignité de la personne humaine et de la nature.

Dans l'idéal, ces trois aspects devraient être réunis en un seulhomme. « Science, d'où prévoyance; prévoyance, d'où action : telle est la formule très simple qui exprime, d'une manière exacte, la relation générale de la science et de l'art.

»Comte, Cours de philosophie positive, 1830.L'art doit être ici entendu au sens général de technique.

La connaissance des lois de ta nature, dit ici Comte, nouspermet de prévoir les phénomènes naturels et ainsi de les modifier à notre avantage. « Historiquement, la technique a précédé la science, l'homme primitif a connu des techniques.

» Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, 1954. « L'inventeur de l'arc n'avait aucune idée de la pesanteur, ni de la trajectoire.

Cela conduit à juger que latechnique, quoique réglée sur l'expérience, et fidèlement transmise de maître en apprenti, n'a pas conduit touteseule à la science.

» Alain, Propos du 28 février 1931.. »

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