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La sympathie permet elle de connaitre autrui?

Publié le 13/01/2014

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AUTRUI INTRODUCTION Autrui s'impose à nous dans notre vie la plus quotidienne, que ce soit sur le plan affectif, pratique, moral ou intellectuel. A tel point que le mot solitude se définit par autrui, et non l'inverse (comme l'erreur se définit à partir de la vérité, et le néant par l'être.) A considérer la solitude, nous pouvons constater qu'il en existe deux sortes : La solitude physique : qui se caractérise par l'absence physique de l'autre, mais qui en général est présent dans le moi par l'imagination. La solitude de désolation : où là, malgré la présence d'autrui, le sujet se sent seul. La représentation de l'autre disparaît. Solitude bien plus terrible que la première ! Prenons deux exemples : Robinson Crusoë bien que seul, n'est pas désolé. Autrui est bel et bien présent en lui : par son dialogue intérieur avec Dieu, par l'attente espérée des Anglais, par la crainte des cannibales. Quant au deuxième exemple, il s'agit de Rousseau à la recherche de la solitude. Il s'y plonge en fait, pour être ce qu'il ne paraissait pas au contact de la société, et cesser de paraître ce qu'il n'était pas au regard d'autrui. Cette solitude recherchée se définit par rapport à autrui. La solitude n'est pas dans le donné naturel de l'homme. Comme le dit Descartes « nous avons été enfants avant d'être des hommes », or l'enfant ne vit que s'il est nourri, langé, soigné par un autre. Autre, qu'au début il ne connaît pas, et d'ailleurs à ce moment, il ne se connaît pas comme étant lui-même. Conscience, conscience de soi et conscience de l'autre vont de pair. Dans l'exemple du nourrisson, le premier objet de la conscience n'est-il pas cette mère, à qui il sourit ? Donc autrui ? (illustration qui servira d'appui à la théorie freudienne du complexe d'?dipe.) Un fait paraît acquis : la co-présence d'autrui à la conscience du sujet, qui sans lui n'est pas vraiment une conscience de soi. Comme si je n'étais que par un autre je : celui d'autrui. Mais perçu par la conscience, cet autrui (même familial) apparaît comme extérieur au sujet, donc autre et différent du sujet. Cependant, il est en même temps le même puisqu'il est une autre conscience : il est le même, mais pas soi-même. Comment connaissons-nous autrui ? I ] LA CONNAISSANCE D'AUTRUI A)LA NOTION D'AUTRUI Cette notion semble paraître paradoxale car autrui désigne l'autre, le différent, ce qui m'est étranger. Mais en même temps, autrui est un autre soi. Il est mon semblable qui n'est pas moi. Il est donc à la fois un autre que soi, et un autre soi. Autrui est selon Sartre un « moi qui n'est pas moi. » [T.9 - P.116] Ainsi quand nous sommes parvenus à passer par-dessus l'altérité accidentelle de l'individu autre, apparaît une similitude essentielle. Cette dernière explique certainement que l'homme par nature vive en société. Selon la célèbre formule d'Aristote, l'homme est un animal social. Il a donc besoin des autres. Mais dans quel sens ? L'homme a-t-il besoin d'autrui pour vivre ou pour partager son sentiment d'existence ? En effet, nos jugements, nos découvertes, nos émotions semblent n'avoir de valeurs que si d'autres les éprouvent ou les confirment. Quel rôle joue Autrui dans ma conscience ? [A.4] Dès lors n'y a t'il pas deux façons de méconnaître autrui : soit en ne reconnaissant pas le fait qu'il ne soit pas moi, soit tout au contraire en refusant de voir qu'il est un autre moi ? D'ailleurs n'est-ce pas la même chose ? Autrui apparaît comme une figure contradictoire et énigmatique : moi est confronté sans cesse à l'autre que moi, qui m'est étranger. B)COMMENT CONNAISSONS-NOUS AUTRUI ? 1) Descartes On accuse Descartes de ne pas s'être penché sur autrui. Bien au contraire, il est un des seuls philosophes modernes à avoir avancé une conception purement cognitive de l'Autre. Les philosophes du XIX° siècle en ont eu une approche dynamique. a-Les conséquences du Cogito. Le Cogito est la seule chose dont je ne puis douter pour Descartes. Seule, compte en 1er principe, l'existence de ma conscience. Sa réflexion entend prendre appui sur elle-même. La première certitude est la conscience de soi. Le sujet se découvre comme pensée pure, celle-ci se prend elle-même comme objet de réflexion. Donc autrui n'est pas ce qui est donné immédiatement en tant que sujet. En effet, la pensée s'appréhende en tant que retirée du monde. En niant ce qui l'entoure, Descartes nie autrui. De plus, Descartes affirme que la pensée n'est pas un corps et n'en dépend point. A cette pensée, il lui appartient de juger et non pas de voir (ce qui appartient au corps.) Aussi l'identification d'autrui repose sur le jugement et non sur la simple vue. Autrui est le fruit d'un jugement. Descartes prend l'exemple de personnes qu'il regarderait depuis sa fenêtre : le simple fait de les voir pourrait le conduire à voir en eux de simples automates. Ce qui s'impose à ses sens est tout aussi douteux que son propre corps (du moins quant à son existence théorique.) Retenons donc que pour Descartes, il n'y a pas de connaissance immédiate d'autrui. b-Le solipsisme. Les adversaires de Descartes l'ont accusé d'être solipsiste, ou d'avoir influencé ce mouvement qui ne croît qu'à sa propre existence, ou du moins qui prétend impossible l'atteinte d'une autre certitude que la sienne propre. Cette accusation est exagérée, d'abord parce qu'aucun philosophe n'a vraiment défendu une telle position, et ensuite parce que Descartes ne fait de son doute, qu'un doute méthodique, c'est à dire purement théorique et provisoire. Il faut cependant reconnaître que sa réflexion philosophique s'opère dans la solitude. Une psychologie basée sur l'introspection ne peut pas bien saisir cette séparation entre le moi et l'autre. Mais l'Autre n'est pas absent chez Descartes, puisqu'il en traite dès sa 3ème Méditation. c-Le raisonnement par analogie C'est surtout Malebranche, disciple de Descartes, qui va travailler la connaissance d'Autrui par l'analogie. Ainsi, c'est par l'exercice de l'intelligence, par un raisonnement que j'arrive à démontrer l'existence d'Autrui, à savoir qui il est ! [A.6] Si on ne peut accéder à la conscience de l'Autre et conna&ic...

« Autrui apparaît comme une figure contradictoire et énigmatique : moi est confronté sans cesse à l’autre que moi, qui m’est étranger. B) COMMENT CONNAISSONS-NOUS AUTRUI ? 1) Descartes On accuse Descartes de ne pas s’être penché sur autrui.

Bien au contraire, il est un des seuls philosophes modernes à avoir avancé une conception purement cognitive de l’Autre.

Les philosophes du XIX° siècle en ont eu une approche dynamique. a- Les conséquences du Cogito. Le Cogito est la seule chose dont je ne puis douter pour Descartes.

Seule, compte en 1 er principe, l’existence de ma conscience.

Sa réflexion entend prendre appui sur elle-même.

La première certitude est la conscience de soi.

Le sujet se découvre comme pensée pure, celle-ci se prend elle-même comme objet de réflexion. Donc autrui n’est pas ce qui est donné immédiatement en tant que sujet.

En effet, la pensée s’appréhende en tant que retirée du monde.

En niant ce qui l’entoure, Descartes nie autrui. De plus, Descartes affirme que la pensée n’est pas un corps et n’en dépend point.

A cette pensée, il lui appartient de juger et non pas de voir (ce qui appartient au corps.) Aussi l’identification d’autrui repose sur le jugement et non sur la simple vue.

Autrui est le fruit d’un jugement.

Descartes prend l’exemple de personnes qu’il regarderait depuis sa fenêtre : le simple fait de les voir pourrait le conduire à voir en eux de simples automates.

Ce qui s’impose à ses sens est tout aussi douteux que son propre corps (du moins quant à son existence théorique.) Retenons donc que pour Descartes, il n’y a pas de connaissance immédiate d’autrui. b- Le solipsisme. Les adversaires de Descartes l’ont accusé d’être solipsiste, ou d’avoir influencé ce mouvement qui ne croît qu’à sa propre existence, ou du moins qui prétend impossible l’atteinte d’une autre certitude que la sienne propre. Cette accusation est exagérée, d’abord parce qu’aucun philosophe n’a vraiment défendu une telle position, et ensuite parce que Descartes ne fait de son doute, qu’un doute méthodique, c’est à dire purement théorique et provisoire. Il faut cependant reconnaître que sa réflexion philosophique s’opère dans la solitude.

Une psychologie basée sur l’introspection ne peut pas bien saisir cette séparation entre le moi et l’autre.

Mais l’Autre n’est pas absent chez Descartes, puisqu’il en traite dès sa 3 ème Méditation. c- Le raisonnement par analogie C’est surtout Malebranche, disciple de Descartes, qui va travailler la connaissance d’Autrui par l’analogie.

Ainsi, c’est par l’exercice de l’intelligence, par un raisonnement que j’arrive à démontrer l’existence d’Autrui, à savoir qui il est ! [A.6] Si on ne peut accéder à la conscience de l’Autre et connaître ses pensées, je peux à partir de la connaissance que j’ai de mes propres états de conscience émettre des hypothèses sur ce qui se passe dans la conscience de l’Autre.

L’Autre est connu à travers moi.

Ex : Si j’aime le bien, le plaisir, si je hais le mal, la douleur, n’en est-il pas de même pour Autrui ? Puis-je vraiment connaître Autrui comme je me connais ? Connaître l’Autre à travers moi-même, n’est-ce pas nier le fait qu’il ne soit pas moi ? Une telle théorie n’est guère satisfaisante car finalement on ne connaît d’Autrui que des gestes, des attitudes, etc… De plus et surtout, l’analogie ne conduit qu’à des conclusions probables quand l’existence d’Autrui est certaine, et d’une certitude immédiate et originaire.

En effet, je crois spontanément à l’existence de l’autre et d’un monde extérieur.

L’expérience d’Autrui est d’abord une expérience vécue, c’est une attitude irréfléchie. »

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