La «statue» de Condillac
Publié le 17/10/2009
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Naissance du sensualisme. Par le Traité des sensations, paru en 1754, Condillac formule la théorie du sensualisme. Disciple de Locke, Condillac veut démontrer que les sensations sont notre seule source de connaissance. Pour illustrer son propos, le philosophe imagine une statue «organisée intérieurement comme nous« et «animée d'un esprit privé de toute espèce d'idées« mais n'ayant encore l'usage d'aucun de ses sens. Il ouvre tour à tour ceux-ci aux différentes impressions dont ils sont susceptibles, «toutes étant nécessairement agréables ou désagréables, la statue est intéressée à jouir des unes et à se dérober aux autres«. Elle exerce ainsi son entendement et, de proche en proche, les sensations diversement associées rendent compte de toutes les opérations de l'âme, jugement, réflexion, imagination, passions, volonté, etc. La statue acquiert donc toute la connaissance humaine par la seule combinaison des sensations. Sa personnalité est fondée: «Son moi n'est que la collection des sensations qu'elle éprouve et de celles que la mémoire lui rappelle. En un mot, c'est tout à la fois et la conscience de ce qu'elle est, et le souvenir de ce qu'elle a été.«
«
Une reformulation de la pensée de Locke
Condillac ne médite pas seulement sur l'oeuvre Locke, il en
modifi e la pensée.
Comme son inspirateur, il distingue les pensées
issues de nos sensations et celles qui résultent d'une élaboration.
Il refuse par ailleurs de hiérarchiser les sens, l'ouïe et la vue
étant depuis les Grecs considérés comme supérieurs à l'odorat,
au goût, au toucher.
Il estime que n'importe quel sens est susceptible
d'engendrer l'ensemble de la vie mentale humaine.
Le rôle déterminant du langage
Son originalité est d'assigner au langage un rôle déterminant dans
la formation des idées de réfl exion.
En examinant toutes les formes
de pensée, il établit leur lien avec le langage ; l'homme, contrairement
aux animaux, est non seulement capable d'abstractions et de
combinaisons d'idées, mais encore les signes du langage fonde sa
pensée abstraite et sa pensée réfl exive (sur elle-même).
Une conception novatrice
Pour Condillac, le langage est une invention purement humaine, qui n'est pas plus
un don de Dieu que de la nature : les signes de la langue sont pour lui « institution
» et non « de nature », et donc leur rapport avec la pensée est arbitraire.
De
plus, si l'acte de parole est une initiative personnelle, les règles de fonctionnement
de la langue sont totalement indépendantes des individus.
La conception du langage selon Condillac influencera considérablement
Ferdinand de Saussure, initiateur de la linguistique
moderne et du structuralisme.
Par ailleurs, le fait de reconnaître deux sources à la connaissance
– l'expérience et les signes conventionnels – donnera naissance
à une école philosophique, l'empirisme logique.
La sensation, source de la connaissance
La seule source naturelle de nos connaissances et de nos facultés
réside dans la sensation dont Condillac fait dériver les fonctions de
l'entendement et de la volonté.
La sensation doit sa « vivacité » à l'attention
de laquelle dérive la totalité des fonctions intellectuelles, tels
que la mémoire, la comparaison, le jugement, la réflexion.
Le désir
est à l'origine de la transformation des sentiments dont le terme est
la volonté : le moi n'est pas une substance pensante, mais une suite
de sensations et de transformations que le langage exprime.
Pour appuyer sa thèse, Condillac imagine une statue et suppose.
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