La sortie de l'état de nature signifie-t-elle la fin de toute violence ?
Publié le 14/10/2005
Extrait du document
La question de la violence est une question essentielle pour toute société, que celle-ci soit symbolique ou physique. Cette question est telle qu’elle sert de critère pour déterminer ce qui est à la fois l’homme et ce qui détermine les structures fondamentales d’une société. C‘est ainsi que dans l’histoire de la pensée, on a fit de la violence, c’est-à-dire du rapport des hommes entre eux, une question philosophique à laquelle certains philosophes ont essayé de répondre. En effet, s’il existe un stade historique pendant lequel l’homme agissait en l’absence de toute loi, en l’absence de toute mesure, alors en effet la fin de cette étape semblerait correspondre à une sorte de pacification chez les hommes.
«
seraient les hommes sans un pouvoir commun, et examiner pourquoi et comment ils en sortent. Hobbes considère que les hommes sont égaux.
C'est-à-dire que les différences de force ou de ruse ne sont pas si grandes que l'un d'entre nous puisse s'approprier une chose et en exclure les autres.
Hobbes emploie pour le montrer un argument très étrange ; tout homme a toujours assez de force pour en tuer un autre.
Les hommes sont donc égaux en aptitude et en droit : chacun a un droit égal sur toute chose : « De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins.
C'est pourquoi, si deux hommes désirentla même chose alors qu'il ne leur est pas possible d'en jouir tous les deux, ils deviennent ennemis ; et dans leurpoursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur plaisir), chacuns'efforce de détruire et dominer l'autre. »
Le simple désir de se maintenir en vie, mais aussi parfois l'agrément, nous rend naturellement ennemis, rivaux,défiants.
Je ne suis jamais assuré, dans l'état de nature, qu'un autre ne cherchera pas à s'emparer des biensnécessaires à ma vie, du terrain que j'ai cultivé, etc.
Les hommes sont donc méfiants et cette rivalité naît larecherche de la domination, l'offensive : la meilleure défense, c'est l'attaque.
Il faut se mettre à l'abri en dominantles autres.
La recherche du profit, de la sécurité, voire de la réputation nous font prendre les armes.
Or, en l'absence d'un pouvoir commun, l'égalité des hommes fait que ce combat ne peut connaître ni vainqueur, nivaincu définitif, qu'à chaque moment chacun craint pour sa vie, que l'état de nature est un état misérabled'insécurité et de peur de la mort violente.
Cet état catastrophique, où nulle activité agricole, industrielle ou sociale n'est possible, où chacun craintconstamment pour sa vie, correspond à l'expérience de la guerre civile.
A ceux qui refusent d'admettre que« L'homme est un loup pour l'homme », Hobbes répond et par l'exemple de la guerre civile, et par celui des rapports entre Etats ; et surtout par celui de notre propre attitude, peu confiante, quand nous quittons notre domicile oupartons en voyage.
Il s'ensuit que le premier souci des hommes, vivant en société, est d'éviter la violence.
Le ressort de l'Etat, lefondement du pouvoir, est l'angoisse sécuritaire.
Or, comme l'état de guerre provient de deux causes, l'égalité des hommes et la divergence de leurs appétits, lasolution réside dans la création d'un pouvoir fort, capable d'inspirer l'effroi, et qui unifie les volontés.
Une républiquebien fondée repose implicitement sur un contrat de soumission.
Chaque citoyen promet aux autres d'obéir à la mêmeinstance (monarque ou assemblée) qui leur ordonne que faire, c'est-à-dire qui représente leur volonté.
L'angoissesécuritaire, la hantise de se maintenir en vie ne trouvent de remèdes que dans l'érection d'un pouvoir fort, d'uneautorité absolue qui s'exerce sur les hommes qu'elle est censée représenter.
Nous sommes en présence d'un modèleorganiciste de l'Etat (où chaque partie est solidaire des autres), où le pouvoir est supposé incarner le corps dupeuple, former une personne.
Les hommes sot censés naturellement être autant de volontés autonomes, motivées par la recherche égoïste duprofit personnel.
Accepter cette anthropologie, faire sienne l'angoisse sécuritaire conduit nécessairement à adopterla solution de Hobbes , qui a le mérite de la rigueur : un pacte de soumission.
Chacun accepte qu'une instance unique, qui n'est pas liée au peuple, qui n'est engagée à rien, soit censée le représenter.
S'il faut déterminer l'état de nature par la violence, par le fait que chaque homme comme un mobile sur un planincliné mû par ses propres intérêts individuels en vient à s'en prendre à l'autre, alors effectivement cet état est celuid'une guerre de tous contre tous et se trouve par là justifié, puisque sa loi est précisément l'absence de loi.
Deuxième partie: la bonté de l'homme naturel et la violence sociale.
Selon Rousseau l'état de nature ne pouvait être en aucun cas un état de guerre, un état de violence généralisée,car les hommes étaient éparpillés entre eux, isolés, se livrant à des activités de pure subsistance.
C'est pour celaque, pour Rousseau, à l'état naturel les hommes sont bons, c'est plutôt la société, donc un certain type de loi, unecertaine nature du contrat social qui induit la violence ou la guerre.
Rousseau dira: "L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt"
Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.
On peut l'interpréter comme une condamnation radicale de toutesociété qui dépravant l'homme le rendrait malheureux.
Et ce sera la postérité romantique de Rousseau qui exalteral'individu incompris.
Le Werther de Goethe appartient à cette lignée.
Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendredans un sens aussi radical.
La Société n'est pas corruptrice par essence, mais seulement un certain type desociété.
A vrai dire, toutes celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégalité naturelle des hommes, opprimentl'immense majorité au profit d'une minorité de privilégiés de la naissance et de la fortune.
Si en effet, on examine.
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