LA SOCIÉTÉ - Saint Thomas d’aquin
Publié le 22/01/2020
Extrait du document
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Si donc il est naturel à l’homme de vivre en société, il est nécessaire aussi qu’ii y ait un principe recteur1 de la multitude. En effet, les hommes sont nombreux. Chacun cherche ce qui lui convient. II s’ensuit que la multitude se disperserait dans un pur divers, s’il n'y avait quelqu’un qui ait le souci du bien de tous. De même, le corps humain, ou celui de tout animal, périrait sans une force directrice qui pourvoit au bien commun de tous les membres. C’est ce que Salomon2 constatait : là où il n’y a plus de chef, le peuple se disperse. Cette nécessité se comprend facilement. Il n’y a pas en effet identité entre ce qui est propre à chacun et ce qui est commun à tous. Le singulier divise ce que l’universel unit. Or à des réalités diverses conviennent des principes divers. En plus de ce qui meut chacun à son bien propre, il faudra quelque chose qui assure le bien de tous.
Saint Thomas d’aquin
1. Recteur : qui régit.
2. Salomon : roi d’Israël.
- De Platon (la cité juste hiérarchisée) à saint Thomas, il y a effort de généralisation dans la conception de l’intérêt commun : le christianisme admet une égalité de tous devant Dieu, et il n’y a plus à admettre de hiérarchisation a priori.
- Le vocabulaire utilisé hésite, pour repérer le bien commun, entre une personne (l’allusion à Salomon et au « chef ») et un principe (« quelque chose qui assure le bien de tous »). Ambiguïté qui sera maintenue encore longtemps :
«
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LA PRATiQUE ET LES FINS
CORRIGÉ
Plan détaillé
[Introduction]
La nécessité, pour l'homme, de vivre en collectivité fait surgir immédia
tement le problème radical que saint Thomas thématise ici : comment évi
ter que la diversité des intérêts de chacun n'aboutisse à une disharmonie?
[I.
La nécessité d'un principe recteur]
- La vie en société est «naturelle» pour l'homme (influence d' Aris
tote) : impossible dans ces conditions de réfléchir sur un« état de nature»
antérieur à la vie sociale.
Saint Thomas est encore « essentialiste » : vivre
en société appartient à l'essence de l'homme.
- Mais cette société apparaît fragile : ses membres, « nombreux », sont
différents et animés par des intérêts divergents.
- Cette diversité risque de briser le lien social.
D'où la nécessité de
découvrir un« principe recteur».
[Il.
La métaphore du vivant]
- La société est comparable à un corps, humain ou animal.
Métaphore
traditionnelle - depuis Platon - entre corps vivant et corps « social », ou
«politique» (cf plus tard La Fontaine : Les membres et l'estomac).
De
même que les organes coopèrent au bien global de l'organisme, il faut une
« force directrice » qui unifie le peuple par le « souci du bien de tous ».
- Peu de précision sur la nature de la force directrice dans le corps (il
faut attendre Kant).
Mais son efficacité sert de modèle au nécessaire pas
sage de« ce qui est propre à chacun» à« ce qui est commun à tous».
- Dernière phrase du texte : relation possible entre intérêt privé et
intérêt public : le second vient« s'ajouter» au premier, il ne le supprime
pas.
[Ill.
Solutions possibles au problème]
- De Platon (la cité juste hiérarchisée) à saint Thomas, il y a effort de
généralisation dans la conception de l'intérêt commun : le christianisme
admet une égalité de tous devant Dieu, et il n'y a plus à admettre de hié
rarchisation a priori.
- Le vocabulaire utilisé hésite, pour repérer le bien commun, entre une
personne (l'allusion à Salomon et au « chef») et un principe ( « quelque 1
chose qui assure le bien de tous » ).
Ambiguïté qui sera maintenue encore · :
longtemps:
- pour Hobbes, il faut un tyran ;.
»
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