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La société peut-elle s'opposer à l'Etat ?

Publié le 28/03/2012

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La société peut et doit s'opposer à l'état si celui-ci ne la satisfait pas en tout point. Si l'Etat a fauté, on ne peut tout de même en déduire que la société s'oppose forcément à l'Etat, ce qui serait absurde au regard du fait que l'Etat a été institué pour la souveraineté par la société, pour la société, en tout cas dans l'Etat moderne. On peut d'ailleurs tout à fait dire que l'Etat est le seul garant de l'expression de la volonté pleine et entière de la société. Comme on l'a vu précédemment, la société civile est reconnue pour n'être que la sphère, c'est à dire l'ensemble, des individualités et de leurs volontés qui s'opposent. Elle ne peut donc pas agir seule pour elle-même, d'aucuns verrait dans l'opposition permanente entre les associations constitutives de cette société civile, une réminiscence de l'état de nature, chose qu'il faut absolument et dans tous les cas éviter. Rousseau particulièrement apporte la solution au problème : pour lui, les fondements de l'Etat légitime se situent dans l'aliénation de tous les biens et de tous les droits de chacun équitablement, au profit de la communauté entière qui s'incarnera dans l'Etat, entité unique réceptacle de cette souveraineté. L'Etat est maintenant personne morale qui, non seulement possède une autorité suffisamment forte mais encore que, étant le seul à entrevoir les intérêts de tous les individus; il est le seul à exercer son pouvoir au nom de la volonté générale, par la loi, du moins lorsqu'il s'agit d'un Etat de droit.

« privée qui contrairement à la cité où les relations se font entre hommes libres et égaux et par le langage, le foyer est luiprofondément inégal et tourné vers une autre forme d'échange : la parentalité comme unique but du couple.

Le public estdonc hypertrophié alors que le privé est réduit au minimal : distinguer les deux concepts ne peut se faire puisque la divisondu travail-entre autres- est considérée comme consubstancielle à la cité.

Le trait principal est ici l'apparente « naturalité » dela mise en société : on ne délie le fait de la volonté d'organisation qui en découle : la cité est instituée sans s'en rendrecompte par la société et pour la société.

C'est avec les Modernes que la distinction va au fur et à mesure apparaître, du fait del'émergence de l'Etat moderne.

L'Etat prend alors une connotation de puissance souveraine.

C'est maintenant le temps desphilosophies contractualistes , celles de Hobbes, Spinoza, Locke ou bien encore Rousseau : elles changent deux traits à larelation Etat-société.

La mise en société est artificielle, l'état civil se constitue en rupture avec « l'état de nature » : la sociétédevient alors une personnalité morale et juridique définit par l'abandon de ce que ces philosophes nomment le « droitnaturel » où « chaque individu a un droit souverain sur tout ce qui est en son pouvoir » comme l'explique Spinoza dans leTraité théologico-politique-XVI.

Si c'est artificiel, on peut se poser la question de l'Etat puisqu'il ne tombe plus sous le sens.De plus, contrairement à l'isonomie des grecs ou chacun est partie de la souveraineté, appelé à l'exercer et à s'y soumettretour à tour, les contractualistes eux pensent une « autorité » souveraine à laquelle doivent obéir des citoyens-sujetsparticipants et obéissants dans le même temps.

On discute alors des fondements de la légitimité de l'autorité étatiquepuisqu'il y a bel et bien soumission.

Les concepts ont donc changés une première fois.

Les contractualistes induisentdétachent la société civile en pensant l'Etat mais ils n'abordent pas la question et l'on verra pourquoi.

Les Libéraux, eux, s'enemparent pour développer l'idée que c'est en elle que se fera l'innovation politique, c'est un « progrès », l'Eat doit se garderd'y toucher, c'est un retour au naturel via la pensée de Locke : les libéraux s'en servent pour justifier un Etat minimal et unesociété civile « libre » de tout mouvement.

La solidarité de la société est un ordre spontané sans aucune transcendance nivolonté de la part des hommes, ni une nature politique de l'homme, ni une socialité construite.

C'est ici qu'intervient le plusgrand changement : naguère le propre du foyer, c'est la société civile qui récupère le « tout ce qui n'est pas politique » àsavoir les activités de production et d'échange de biens et de services.

Le politique se transforme alors également puisquel'ordre social ne dépend plus de lui, il se rétracte et rétrécit, zone de contrainte, le sentiment de capacité de l'homme à selibérer et se transcender lui échappe pour aller vers le privé et la nouvelle « société civile » De nombreux problèmes sontposés par cette nouvelle approche.

Entre autres l'instauration de « droits de l'homme » pris comme naturels et opposables àl'autorité souveraine.

Paradoxal puisque des « droits naturels » deviennent nouveaux principes de légitimation desinstitutions étatiques.

Il faut que l'Etat artificiel s'occupe le moins possible et laisse « filer » le naturel qui lui est pourtantintrinsèquement hostile selon toutes les théories contractualistes.

Ils prennent acte de la formation d'une société pourexiger des droits qui n'en supposent pas l'existence pour autant.

Une délimitation du politique par du prépolitique.

Le droit àla conduite des affaires de l'Etat est d'ailleurs le grand absent de tous ces droits nouvellement institués.

L'homme de cettesociété civile est dorénavant libre en tant qu'homme, égal aux autres en tant que sujet (et donc égal en droit et non pas enfait).

Le dernier développement des concepts est hégélien : pour Hegel, le libéralisme ne suffit pas et l'Etat doit venir corrigerles dysfonctionnements dus au libre-cours des intérêts privés.

La société civile est subordonnée mais autonomisée, distinctemais connectée à la société civile.

Elle devient un domaine dans lequel l'individu devient une personne publique et estcapable de réconcilier l'universel et le particulier à travers son appartenance à différentes institutions.

Universalité etIndividualité.

Grâce à lui, société et Etat ne s'opposent plus en théorie.Après avoir donc rappeler le caractère essentiel de l'évolution du sens des concepts au fil du temps, on peut maintenants'intéresser à la question : c'est évidemment la question de l'autorité étatique, de sa légitimité - concept central qui, on l'a vu,varie souvent – et de ses limites.

Le « pouvoir » du « peut-elle » renvoie à la possibilité d'une telle opposition.

On setiendra éloigné à la fois des théories qui opposent exagérément les deux ensembles pour engager une lutte contre l'Etat jugétyranique, obtenir une société civile pure comme le voudraient les anarchistes mais aussi de celles qui glorifient l'autoritéétatique comme dans les idéologies totalitaires en prétendant régler la vie publique et la vie privée.

Celles-ci représententles deux extrêmes d'une même question : l'absolutisation tant de la société civile que de l'Etat est à rejeter.

On se focaliseradonc sur les différents principes qui ont fondé la légitimité du pouvoir.

Le conflit pensable entre société et Etat n'a de sensque dans les approches contractualistes de la politique puisque l'état établit alors l'ordre social et en est le garant.

La sociétéet l'état sont-ils strictement soumis à un rapport de force qui les oppose ou peuvent-ils faire une osmose autonome enfonction des besoins et des interets communs ? Il est évident que les trois approches présentées au-dessus vont faireapparaître les lignes de force de la réflexion.

On sait ainsi que dans la conception libérale, la société civile est perçue commeun véritable bien et comme « guindée » dans le meilleur des cas par l'Etat.

En ce cas, elle doit bien sûr s'opposerperpétuellement à l'état tenté de d'outrepasser ses prérogatives définies au préalable.

Les théories appliquées et donc lesmoyens mis en oeuvre dans ce but seront principalement la séparation des pouvoirs telle que définie par Locke etMontesquieu ou bien encore le fameux droit de résistance.A l'inverse, étant donné que les philosophes contractualistes estiment que l'association politique et civile est une oeuvrefragile et artificielle sont résolument contre toute opposition des individus-sujets à l'encontre de l'Etat, la légitimité reposetoute entière sur l'aliénation réciproque des droits naturels effectuée au moment de l'établissement du contrat; souventtaxés d'absolutistes, ces philosophes estiment que le droit de résistance accordé par l'Etat reviendrait alors à ce qu'il se tireprosaïquement « une balle dans le pied » La troisième voie fournie par Hegel est une théorie de l'interpénétration dupolitique et du civil-économique : Hegel laisse une liberté à la société civile mais il sait que tout droit civil doit être accordéet par conséquent défendu par une autorité de contrainte qu'est l'Etat.

Il est légitime qu'il y ait une défense de la sociétépuisqu'elle est l'Homme et que lui-même doit maintenir son autonomie à un certain niveau.. »

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