La société est-elle une construction artificielle ?
Publié le 27/01/2004
Extrait du document
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besoin de règles ni de lois.
Aussi nous sommes conséquemment conduits à modérer ce que nous disions plus haut :ce n'est que par anthropomorphisme et par facilité que l'on qualifie les organisations animales de sociales, il faudraittrouver des mots plus précis qui marquent une discontinuité entre les sociétés animales et humaines.
III- Il faut repenser le rapport entre le naturel et l'artificiel. Cependant il nous faut peut-être encore davantage raffiner le cadre conceptuel dans lequel se tient laprésente discussion.
L'artificiel s'oppose en effet au naturel mais également à l'authentique c'est à dire à ce qui estoriginel ; or si la société n'est pas une organisation naturelle c'est à dire sans problèmes elle n'est pas pour autantinauthentique.
C'est le fonctionnement de la société qui n'est pas naturel, son instauration, la propension del'homme à vivre en société nous paraît, elle, naturelle.
Aussi nous nous trouvons devant une véritable tension : entant que mode de vie l'existence sociale paraît pour l'homme tout à fait naturelle, c'est bien plutôt la vie isolée etnon communautaire qui semble artificielle, or en tant qu'organisation effective, la société peut être dite artificielle.Comment concilier ces deux points de vue : la société est à la fois naturelle comme tendance à la viecommunautaire, à l'association finaliste et artificielle en tant que son fonctionnement pose problème et réclame desartifices proprement humains ( les lois, les codes,...).
C'est peut-être dans la philosophie hégélienne que nous allons trouver notre solution.
En effet Hegel estréputé pour repenser la pensée de l'opposition et de la contradiction ; selon lui le contraire ne doit pas être opposéau même, bien plutôt il faut intégrer au même son contraire en tant que ce dernier en sera un moment constitutif.Autrement dit, plutôt que d'opposer le naturel et l'artificiel il faut voir que le second est appelé par le premier.
Une tendance naturelle (celle qui pousse les hommes à vivre en groupe) se prolonge en organisationartificielle, c'est à dire réglementée et problématique, il n'y a pas là de réelle opposition ni d'antagonisme entre lesdeux moments.
Le naturel débouche de lui-même sur l'artificiel, c'est un mouvement de croissance, de déploiement,par lequel la société, de tendance naturelle devient construction artificielle, et non par quelque incompréhensiblemagie.
Conclusion : La société, du point de vue de sa genèse, de son commencement, apparaît être une tendance naturelle del'homme, que l'on peut mettre en rapport avec les organisations animales.
Or, en tant qu'elle fonctionne la sociétéhumaine voit son caractère naturel se dégrader : elle est artificielle en cela que son organisation fait problème àl'inverse d'organisations naturelles du type organisme sain.
Or les deux points de vue peuvent être conciliés : lepremier se noie dans le second à mesure que la société se développe.
La tendance naturelle qui l'animait au départcontinue certainement de soutenir la société mais celle-ci, comme avoir lieu quotidien et historique et non pluscomme création spontanée, peut désormais être comprise comme construction artificielle à condition que l'oncomprenne qu'à la racine de celle-ci se trouve la tendance naturelle qu'ont les hommes à vivre en groupe..
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