La société crée-t-elle le langage et la pensée ?
Publié le 17/03/2004
Extrait du document
INTRODUCTIONOn peut faire
remonter à Auguste
Comte l'idée
paradoxale mais la
méthode féconde qui,
au lieu de traiter
la Société comme une
abstraction et
l'individu seulement
comme une réalité
concrète (c'est
encore le point de
vue de Tarde et de
ce qu'on appelé la
psychosociologie)
renversent les
termes du rapport,
expliquent la
conscience
individuelle par la
contrainte sociale
et ses diverses
formes, un peu comme
la géométrie réduit
le point à n'être
qu'une intersection
de lignes : d'où la
socio-psychologie et
les théories
répandues notamment
par l'école de
Durkheim. Peut-on
les accepter sans
réserves ?
I - Le LANGAGEA) - Le langage
a) dont l'importance
dans la vie
intellectuelle a été
mise en vive lumière
par les empiristes
et notamment par
Condillac qui
explique par lui
d'une manière qu'il
croit nécessaire et
suffisante. toutes
nos puissances
d'abstraction et
d'invention
(nominalisme) b) est
d'autre part un
instrument d'échange
social par essence
semble-t-il : il y a
quelque chose de
dérivé et même de
métaphorique dans
l'idée d'un
monologue, plus
encore dans celle de
« parole intérieure
» (Egger) : c'est un
dialogue avec
soi-même c) aussi
rencontre-t-on
l'idée d'une
dépendance
socio-linguistique
de notre
intelligence même
chez des philosophes
qui, comme Bergson
s'éloignent beaucoup
de cette « idéologie
» et conclue t de ce
fait l'infirmité
pinta que la
puissance de nos
procédés d'analyse.
B) - Ces vues
comportent les
réserves ou du moins
des limites a) le
rôle intellectuel du
langage est exagéré
aussi bien par les
nominalistes que par
l'école sociologique
: le mot compte une
règle d'emploi qui
est l'idée et s'il
la fixe, il ne la
crée p L'échange des
pensées n'est
possible qu'autant
qu'elles répondent à
un ordre
communicable et
partant objectif: On
peut à la rigueur
(sous réserve des
lois « d'usage et de
raison ») appeler
cercle un triangle
mais- non pas
véhiculer par ce mot
des propriétés
différentes de
celles de la figure
b) le langage est
lié à une
organisation
biologique dont la
fonction primaire
est l'expression des
émotions : or, bien
qu'on ait à peu près
abandonné ces
recherches comme
trop conjecturales,
il existe entre
cette expression
naturelle et nos
conventions des
rapports phonétiques
et sémantiques que
la société utilise
mais ne crée pas et
qui plaident en
faveur d'une origine
naturelle,
organique.
II - LA PENSÉECette dernière
raison mise à part,
si la sociologie
explique mal le
langage, c'est, on
le voit, parce
qu'elle explique mal
l'ordre de nos
pensées, aussi bien
rationnel
qu'empirique.
Pourtant elle s'y
est essayée.A) - L'espèce de
coupure qu'on
remarque entre la
pensée empirique et
la science
rationnelle
s'expliquerait selon
l'école de Durkheim
par le dualité de
nature qui fait de
nous un être
individuel menant
une vie profane et
un, membre .du
groupe dont
l'ascendant se
traduit en nous par
des impératifs
transcendants et
sacrés. Ainsi
s'expliqueraient a)
les caractères de la
science
(universalité,
nécessité) b) ses
cadres (espace,
temps liés à
l'organisation des
clans) c) ses
principes
explicatifs (force,
cause, loi,
souvenirs du «
manatotémique ») d)
et jusqu'à ses
conditions
critiques, la
liberté de pensée
étant le fruit de la
division du travail
social.
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