La sincérité (devoir de philosophie)
Publié le 05/12/2014
Extrait du document
«
Montaigne développe une philosophie de la sinc érit é.
Il souligne le lien entre la
philosophie et l’engagement
à dire la v érit é ou “ bonne foi ”. Comme p édagogie du jugement, la
sinc
érit é rend possible un progr ès, qui concerne l’attitude ou la disposition de celui qui juge.
La sinc
érit é signifie l’absence de pr éjug és, condition d’une parole libre et ouverte .
La sinc
érit é jouit d’un r ôle particulier dans la vie morale, en ce qu’elle est la condition
de l’acc
ès à une exp érience morale authentique.
Le respect de la v érit é constitue, pour le
jugement, la seule r
ègle qu’il soit tenu de respecter s’il vaut affirmer son ind épendance, face à la
domination des discours conventionnels.
Le r
ôle que joue la vertu de sinc érit é est fondamental dans l’institution du jugement. Elle
constitue l’essentiel de la p
édagogie du jugement, comme institution de la disposition de celui
qui juge. Elle fait cependant oublier l’essai du jugement comme conduite et comme action.
2) La vertu de sinc
érit é est insuffisante : de l’importance de la conduite du
jugement.
Sinc
érit é = respecter la v érit é et la faire valoir. Comment respecter la v érit é, si nous ne
la connaissons pas ? Le projet d’un discours qui se d
évelopperait sur la seule base d’un
engagement
à dire le vrai rencontre ses limites. S’il faut appr écier une conduite du jugement,
c’est aussi comme action, et pas seulement comme recherche de la v
érit é, que nous devrons
l’envisager.
C’est d’abord la difficult
é à saisir le vrai qui pose ses limites à la vertu de sinc érit é. En
contexte sceptique, la vis
ée de la v érit é fonctionne à vide comme disposition int érieure, sans
pouvoir
être remplie par un objet ad équat.
Cependant, n’estce pas la vie ellem
ême, dans sa complexit é, qui rend l’exercice du
jugement n
écessaire à la morale ? Toujours dire la v érit é, ce serait donc faire preuve de b êtise :
le gentilhomme doit prendre en consid
ération l’opportunit é de la v érit é. Quelle est la valeur de
telle ou telle v
érit é, compar ée à celle des conventions sociales ? Les relations sociales exigent
une attention et une prudence qui l
égitiment au moins la nonsinc érit é par omission.
La sinc
érit é, pour s’exercer effectivement, semble supposer que l’on puisse faire
r
éférence à une v érit é d étermin ée et s’y tenir.
C’est une vertu qui n’est pas donn ée par la possession de la v érit é : elle suppose une activit é rationnelle. Loin de se poss éder sous la forme d’une identit é originelle à soi, elle s’acquiert par un travail. Mais ces actions que l’on veut faire valoir en ellesm êmes, ne sontelles pas encore une illustration de la sinc érit é ? En se r éconciliant avec le moment pr ésent, il s’agit en effet d’ être soim ême, de mieux penser ce que l’on dit et ce que l’on fait. L’exercice du jugement est un art d’ être soi, au sens o ù c’est la seule mani ère dont on peut s’approprier sa pens ée. . »
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