La science se fonde-t-elle sur la connaissance commune?
Publié le 28/11/2022
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«
Perspective 1 : La connaissance
Leçon 1 : LA SCIENCE SE FONDE-T-ELLE SUR LA
CONNAISSANCE COMMUNE ?
Introduction
La science est une connaissance positive et rationnelle obtenue par
vérification expérimentale et par démonstration.
En d’autre terme, elle est
la connaissance objective, méthodique et rigoureuse du réel.
Quand à la
connaissance commune, elle est le savoir ordinaire de la vie quotidienne,
c’est le savoir provenant de l’observation empirique ou sensible des
choses et de l’habitude.
La question « La science se fonde-t-elle sur la
connaissance commune ? » revient à se demander si le savoir empirique
peut servir de fondement à un savoir rationnel et rigoureux comme la
science.
Ce qui justifie cette question est le fait que malgré l’opposition
entre science et connaissance commune, on a tendance à relier ces deux
formes de connaissance en faisant de la dernière le fondement de la
première.
Dès lors, nous sommes préoccupés de savoir dans un premier
temps, dans quelles mesures on peut affirmer que la science prend appuie
sur la connaissance commune.
Dans un second temps, nous allons
exposer les limites de cette thèse.
Enfin, dans un troisième temps, nous
démontrerons qu’en réalité, il y a une rupture entre la science et la
connaissance commune.
Affirmer que la science se fonde sur la connaissance commune, c’est
dire, en d’autres termes que c’est à partir de la connaissance commune
que l’on peut obtenir la connaissance scientifique.
La science se fonde sur
la connaissance commune car elle porte aussi sur les choses du monde
physique.
Pour connaitre ces choses, le savant utilise les mêmes moyens
que l’homme ordinaire.
En effet, d’ordinaire, c’est par nos organes de sens
que nous entrons en contact avec les choses, il ne peut en être
autrement, car comment connaitre les couleurs en ayant les yeux fermés
ou en étant aveugle ; comment connaitre la saveur des fruits sans les
goûters ; comment connaitre les sons sans les écouter ? Comme on s’en
aperçoit, sans nos organes de sens, il est impossible de connaitre quoi que
ce soit.
L’homme de science ne procède pas autrement puiceque son objet
d’étude est la nature et les phénomènes qui la compose.
Pour les étudier,
il a recours à ses organes de sens, il observe les phénomènes, les
manipules, les sent.
Déjà, dans l’enseignement scientifique, les
professeurs apprennent aux élèves et aux étudiants que toutes
connaissances passent par l’expérience sensible.
C’est ce que le
physiologiste français François Magendée fait comprendre lorsqu’il
affirme : « quand j’expérimente, je n’ai que des yeux et des oreilles, je
n’ai pas de cerveaux ».
Pour ce chercheur, l’expérience scientifique
s’effectue avec les organes de sens.
L’expérience équivaut alors à
l’expérience sensible/ empirique.
Dans l’expérience scientifique, la
réflexion n’est pas nécessaire, elle est au contraire inutile et nuisible.
De
là, nous comprenons pourquoi la science se fonde sur la connaissance
commune.
C’est ce que Locke nous fait comprendre dans son ouvrage
Essai sur l’entendement humain : « L’expérience : c’est là le fondement de
toutes nos connaissances et c’est de la qu’elles tirent leur première
origine ».
Cela dit, le savant prend appui sur ses connaissances ordinaires.
Ensuite, le lien étroit entre la science et la connaissance commune
vient de ce que, du point de vue affectif, la science repose sur la
croyance.
Croire, c’est avoir une opinion, c’est porter un jugement sur une
réalité sans connaissance véritable.
La croyance peut aussi se présenter
sous forme de foi.
La foi désigne toute adhésion ferme de l’esprit à
quelque chose.
Dans son activité, le savant cultive ces deux formes de
croyance.
Il croit aux préjugés, c’est ainsi que comme tout le monde, les
premiers savants croyaient que le Soleil tournait autour de la Terre.
En
effet, Ptolémée avait établi que la Terre était le centre de l’univers.
A
l’origine de son engagement, le savant entretient la foi en l’existence de la
vérité.
Ce faisant, il se conduit comme tout homme dont l’activité où
l’engagement repose sur la conviction de réussir.
C’est pour exprimer
cette idée que Nietzsche écrit ceci dans son ouvrage Le gai savoir : « On
voit par là que la science repose sur une croyance ».
Il veut signifié qu’à
l’origine de la science, il y a des préjugés, des idées préconçues, or c’est
proprement ce qu’on appelle connaissance commune.
Au terme de cette première analyse, il ressort que la science ne
diffère pas de la connaissance commune, et cela parcequ’elle a le même
fondement qu’elle.
Mais ce point de vue n’a-t-il pas de limite ? Quelles
objections peut-on formuler à l’encontre de ces arguments ?
2-Les limites de la thèse continuiste
L’analyse des arguments de la thèse continuiste révèle des
faiblesses.
Considérons le premier argument, il nous dit que la science
serait fondée sur l’expérience tout comme la connaissance commune.
Mais
l’expérience scientifique est-elle vraiment de la même nature que
l’expérience commune ? Sans doute, en science on parle aussi
d’expérience, mais le concept d’expérience est complètement différent.
L’expérience commune est une attitude spontanée, presque naturelle et
inorganisée, faite au moyen de nos organes de sens naturels.
Au
contraire, en science, le savant utilise des instruments et procède de façon
rationnelle et méthodique.
C’est sans doute ce qui fait que l’expérience en
science est appelée « expérimentale ».
L’expérimentation, ou méthode
expérimentale est la méthode qui consiste à organiser des observations
scientifiques en vue de les vérifier à l’aide de moyens techniques pour
aboutir éventuellement à une loi.
L’expérience scientifique n’est donc pas
une observation banale.
Il s’agit d’une attitude rationnelle de part en
part : questionnement, hypothèse, vérification de l’hypothèse à travers un
dispositif technique, élaboration de loi.
En ce qui concerne le deuxième argument, il met en avant la
croyance.
Il dit précisément que la science, tout comme la connaissance
commune, se fonde sur la croyance.
On ne peut nier ce fait, car après
tout, il faut une bonne dose de foi pour entreprendre.
La science étant une
entreprise, le savant doit être animé de fois.
Mais peut-on réduire la foi du....
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