La science redéfinit-elle l'humain ?
Publié le 08/07/2012
Extrait du document
...
«
LES DOSSIERS PHILO
impose d'éclairer les choix éthiques qui détermi
nent ces développements des sciences du vivant,
et qui doivent donner lieu à des normes juridiques
et sociales.
TI ne s'agit pas de brider la recherche
scientifique mais
de la faire répondre à un projet de
société.
Le corps et derrière lui la vie humaine sont
devenus un enjeu de pouvoir.
C'est ce que Michel
Foucault qualifie
de« biopouvoir » : «L'homme
moderne est un animal dans la politique duquel sa
vie d'être
vivant est en question.» (La Volonté de
savoir)
Il appelle donc une réponse politique.
En
France, la loi du 7 juillet 2011 relative à la bioéthi
que vient réviser les versions précédentes de 1994
et 2004.
Les principales innovations sont l'auto
risation
du don croisé (échange anonyme d'orga
nes compatibles entre deux familles) permettant
d'augmenter le nombre de greffes de rein, et un
meilleur encadrement des techniques d'assistance
médicale à
la procréation.
Le nouvel homme-machine
Si le législateur n'empêche pas l'accès au corps bio
logique,
il entend maintenir absolument la valeur
de la dignité humaine et l'interdiction de consi
dérer le corps comme un bien ou un service.
Une
dignité affirmée comme un impératif catégo
rique au sens kantien : « Agis uniquement
d'après la maxime qui fait que tu puisses
vouloir en même temps qu'elle devienne
une loi universelle.
» (Fondements de
la métaphysique des
mœurs) Cette
dignité sans concession de la vie
humaine entre en tension avec une
autre vision des choses : celle de
l'homme-machine.
Si, comme le
dit le philosophe matérialiste La
Mettrie, «le corps n'est qu'une
horloge» (L'Homme-machine),
on pourrait à souhait, dans un
pur souci de performance, tenter
d'améliorer ses mécanismes.
Ainsi
le législateur autorise le diagnostic
pré-implantatoire qui, dans le cas
de la fécondation in vitro, concerne
la sélection des embryons à implanter
dans l'utérus.
La recherche des anomalies
génétiques
du fœtus est par ailleurs un droit
pour la femme enceinte qui peut demander un
diagnostic prénatal.
Par contre, la recherche sur
l'embryon et les cellules souches demeure inter
dite en France.
Les limites imposées par la loi sont
cependant mouvantes d'un pays à l'autre, tout
comme la pensée bioéthique elle-même.
Les maÎtres du biopouvoir
Au-delà des directions générales de la recherche
scientifique, ce
sont ses débouchés commerciaux
qui soulèvent le plus d'interrogations.
Le déco
dage
du génome humain, c'est-à-dire des 25000
gènes environs qui constituent le capital génétique
de notre espèce, est révélateur des jeux de pou
voirs qui dominent les biotechnologies.
L'aventure
du décodage a mis en compétition un consortium
international et une entreprise privée.
Or, selon une
déclaration
de l'Unesco du 11 novembre 1997, le
génome humain est un patrimoine de l'humanité.
Il
ne peut faire l'objet de commercialisation, à la
différence
de ses applications thérapeutiques, qui
représentent un marché à la croissance exponen
tielle.
Le risque n'est rien de moins que le brevetage
13.
»
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