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La science postule le déterminisme; la conscience semble exiger la liberté ?

Publié le 18/03/2004

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conscience
Je ne suis pas mon corps, celui qui le torture ne m'atteint pas - d'où son acharnement, et la déception du sadique, qui voudrait soumettre mon âme, mais ne le peut. ■ Ainsi, dans une quelconque épreuve, le sage ne récrimine pas contre le cours du monde, ne s'emporte pas en vain, mais s'attache au contraire à ce qui dépend de lui : il maîtrise sa crainte, qui seule est terrible, ne se laisse pas entraîner par ses représentations, refuse son assentiment aux délires de l'imagination, reste maître de lui-même, libre, tel un roc battu par les flots. ■ Mais l'attitude du sage ne se confond pas avec une fuite hors du monde ; il doit au contraire consentir à son cours, participer par son acquiescement à l'oeuvre de Dieu, en identifiant sa volonté à la volonté divine. ■ Il y a deux moments dans la démarche stoïcienne : se concentrer en soi d'abord, pour mieux communier ensuite, librement, avec le Tout. La liberté ne consiste pas à se retirer du monde, mais à s'y retrouver chez soi, parce que l'on intériorise et fait sienne la volonté du Tout. Non pas conformer le monde à soi, à ses désirs, entreprise vaine, mais se conformer à la nature. ■ Le malheur de l'insensé vient de ce qu'il néglige de considérer sa subordination à l'ordre de l'univers. Partant, il le subit comme un malheur extérieur à lui-même ; au lieu de coopérer à son accomplissement, et d'en être ainsi l'auteur avec Dieu, il se fait étranger au tout, et à lui-même, puisqu'il porte en lui une part du souffle divin. « Nolentem fata trahunt, ducunt volentem » (Sénèque) : le destin entraîne celui qui le refuse, mais guide celui qui y consent. e) Poser que le déterminisme de la nature est rigoureux et que la volonté humaine est elle-même déterminée, mais que la volonté ne se distinguant pas de la connaissance, la liberté consiste dans la connaissance vraie de nos déterminations par laquelle nous devenons la cause de notre volonté (cf.
conscience

« Si le mouvement des atomes était toujours nécessairement le même selon une chute rectiligne et verticale, ils ne serencontreraient pas et ne pourraient pas s'agréger les uns aux autres.

Sous le nom de clinamen, Épicure désignedonc une liberté dans le mouvement des atomes, une déclinaison de leurs mouvements par lesquels ils entrent encontact en des temps et des lieux déterminés pour former des corps.

Le matérialisme d'Épicure suppose la liberté.

Ilen va de même pour l'homme : ce dernier est libre de penser ce qu'il veut parce qu'il est doté du pouvoir de choisirparmi les simulacres.Les simulacres, qui sont vus et pensés par l'homme, sont les petites parties des corps qui se détachent lorsque lesatomes en mouvement dans les agrégats s'entrechoquent. b) Poser un dualisme fondamental entre la matière et l'esprit.

La nature, le monde de la matière, est le lieu d'undéterminisme rigoureux, tandis que l'esprit, la pensée, est celui de la liberté.

Cf.

le dualisme cartésien : en tant quecorps, l'homme appartient à la nature et est soumis à ses lois, mais en tant qu'âme, que pensée, il leur échappe. c) Poser que le déterminisme de la nature est total et que l'homme n'y échappe pas ; que la liberté humaine estdonc illusoire. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre, mais privée de raison, est une volontéperdue.

Plus nous connaissons, plus notre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes et des effets, nous saisirons d'autantmieux la nécessité qui fait que telle chose arrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors quetel autre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quand elle existe par la seule nécessitéde sa propre nature, et une chose est contrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissance absolue de la réalité, et qu'il la fait être etexister suivant sa propre nécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libredécret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notre propre nature.

L'homme n'est pasun empire de liberté dans un empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et depassions par lesquelles la puissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservationque pour la nôtre.

Bien souvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence decauses extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notreculture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairementdéterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tousles hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." d) Poser que le déterminisme de la nature est rigoureux et que l'homme ne peut s'y soustraire ; que cependant savolonté n'est déterminée que par elle-même, et que donc la liberté humaine consiste à accepter et à vouloir lanécessité (cf.

le stoïcisme). Une connaissance adéquate du monde nous apprend à distinguer deux sortes de choses : celles qui nedépendent pas de nous, et celles qui dépendent de nous (cf.

Manuel d'Épictète).

Les premières sont le coursdu monde, notre corps, les honneurs, les aléas de la fortune ; les secondes, nos jugements, nos désirs, nosopinions, bref, le principe directeur de notre âme, notre liberté de juger.

Or, le trouble de l'âme et l'inquiétude du coeur naissent de l'attachement de notre volonté aux premières, qui,nécessairement, nous déçoivent et nous font vivre dans l'inconstance.

Se lier à ce qui ne dépend pas de nousrevient à se rendre prisonnier de l'extériorité, à vivre hors de soi-même.

La seule manière d'atteindre la paix consiste donc à se détacher de toutes ces choses, pour se retirer dans lacitadelle imprenable de notre liberté intérieure.

Là, personne ne peut nous contraindre, là nous jouissons d'uneparfaite indépendance, et jamais nous ne serons déçus.

Quoi qu'il arrive, je conserve ma liberté de jugement,je suis hors d'atteinte.

Je considère froidement mes passions*, qui, tout comme mon corps, ne sont quechoses extérieures à moi-même, indignes d'attachement.

Le but du sage est d'atteindre l'« apathie ».

l'absencede passion.

par le refus de consentir à tous les entraînements de son corps.

Je ne suis pas mon corps, celui quile torture ne m'atteint pas — d'où son acharnement, et la déception du sadique, qui voudrait soumettre monâme, mais ne le peut.

Ainsi, dans une quelconque épreuve, le sage ne récrimine pas contre le cours du monde, ne s'emporte pas envain, mais s'attache aucontraire à ce qui dépend de lui : il maîtrise sa crainte, qui seule est terrible, ne se laisse pas entraîner par sesreprésentations, refuse son assentiment aux délires de l'imagination, reste maître de lui-même, libre, tel un rocbattu par les flots.

Mais l'attitude du sage ne se confond pas avec une fuite hors du monde ; il doit au contraire consentir à soncours, participer par son acquiescement à l'oeuvre de Dieu, en identifiant sa volonté à la volonté divine.

Il y a deux moments dans la démarche stoïcienne : se concentrer en soi d'abord, pour mieux communierensuite, librement, avec le Tout.

La liberté ne consiste pas à se retirer du monde, mais à s'y retrouver chezsoi, parce que l'on intériorise et fait sienne la volonté du Tout.

Non pas conformer le monde à soi, à ses désirs,entreprise vaine, mais se conformer à la nature.

Le malheur de l'insensé vient de ce qu'il néglige de considérer sa subordination à l'ordre de l'univers.

Partant, ille subit comme un malheur extérieur à lui-même ; au lieu de coopérer à son accomplissement, et d'en être ainsi. »

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