La science est-elle une forme de religion ?
Publié le 30/01/2004
Extrait du document
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Le matérialisme contre les angoisses religieuses.
Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure , l'inquiétude religieuse et la superstition.
Bien des hommes vivent dans lacrainte des dieux.
Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pasaux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants enversleurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en lesécrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.
Ilspensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leuradresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de seconcilier leurs bonnes grâces.
Car les dieux sont susceptibles, se vexent pourun rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils seplaisent alors à ruiner.
Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie deshommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure .
Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels deschoses, il faut une connaissance métaphysique, cad une science de latotalité du monde.
Celle-ci nous révélera que le principe de toutes chosesest la matière, que tout ce qui existe est matériel.
Ainsi, la science peutexpliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature,même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédantde mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullementd'esprits divins aux volontés variables.
Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sontnullement l'expression d'une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forcesnaturelles aveugles et indifférentes à votre devenir.
C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnantmême le luxe de plusieurs explications possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pasde connaître la vraie cause du phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.C'est en effet cela seul qui importe à notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses.
La mort n'est rien pour nous.
La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.
Les hommes ont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.
Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.
La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.
Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».
Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.
Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence desensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation. »
En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.
Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.
La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.
Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.
»
Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.
Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.
Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.
Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste.
• Contre l'autorité de l'Église.Galilée et après lui Descartes insistent sur le fait que la raison, en matière de science, doit être son propre juge etdoit être libre de toute censure ou limitation extérieure.
Il importe de chasser l'erreur et les préjugés, mais aucuneautorité ne doit imposer un objectif, un résultat ou une limite à la science.
II.
Une nouvelle religion?.
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