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La science est-elle l'instrument de la transformation du monde ?

Publié le 27/02/2008

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D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance. Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au c?ur même de l'activité de connaître. La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique ». « Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [?] » La nature ne se contemple plus, elle se domine. Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ». Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique. Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique. La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée. D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nos artisans ». Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

« Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysiquecartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecinequ'on doit le chercher. » La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. En quoi consiste ce monde scientifique ? Il se caractérise par deux mots : rationalisation et universalisationprogressives.

Les romans de science fiction vulgarisent le mythe de la vie scientifique de demain, la cité idéale quepropose la science est une cité entièrement artificielle où la nature est enfin dépossédée de l'existence.Tout se passe comme si la nature n'était plus considérée comme une réalité structurée dont la science prendconnaissance pour atteindre les buts que se proposent les hommes, mais comme si elle était un magma plastique etinstructuré avec lequel la science et la technique cherchent à modeler une forme rationnelle, ou plutôt à laquellecette science impose les formes les plus étonnantes dont la seule condition d'existence est d'êtremathématiquement possibles. — II — L'impérialisme de la science. Dans cette voie il y a ni opposition de la science et de la technique, ni réduction de l'une à l'autre, mais synthèse.

La science est technique et la technique est science puisqu'il s'agit decréer.

Les possibilités qui s'ouvrent à la science moderne dépassent l'imagination.

Depuis le succès des satellitesartificiels habités, et en attendant les cosmocargos, des savants parlent sérieusement de construire une stationintersidérale préfabriquée qui serait un relais pour d'autres réalisations ; certains rêvent de diriger la planète dansl'espace sidéral et de libérer la Terre de son orbite naturelle.

La répartition des zones climatiques ou des saisonssera attaquée d'ici peu.

Le Sahara sera bientôt une zone de fertilité grâce à la mise en place d'usines à fabriquer lesnuages et la pluie.L'analyse philosophique de cette frénésie scientifique montre que la science est devenue l'espoir des hommes pour laconquête de ce qu'ils appellent la liberté et qui est conçue comme la suppression de toutes les limites imposées parla nature : la science supprime l'espace comme distance, le temps par la vitesse croissante, la pesanteur, le mur duson, la contrainte de la naissance et du sexe (sexe prédéterminé des embryons), la vieillesse (greffes de glandesinterstitielles) et s'attaque à des nécessités jusqu'alors subies (présence d'un seul satellite de la Terre, rythme dessaisons, orbite de la planète) et à la mort même.Elle entraîne les hommes dans un cycle où l'intériorité de la vie humaine se perd et risque de disparaître.

Reste àsavoir si l'humanité, comme valeur et même comme réalité, ne disparaîtra pas dans cette aventure.. »

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