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La science chez Bergson

Publié le 18/03/2011

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Dans un passage de l'Evolution créatrice, Bergson écrit que la philosophie est tenue à moins de précision que la science « puisqu'elle ne vise à aucune application «. Il s'agit évidemment ici d'application portant sur le monde matériel, non sur la vie intérieure. Car il déclare, en un autre passage du même livre, que « la philosophie nous introduit dans la vie spirituelle « ; ailleurs, que « la philosophie pourrait nous donner la joie « ; etc. On a le droit de se demander quelles conséquences pratiques peuvent, doivent être tirées de la doctrine bergsonienne précédemment exposée. Quelle place l'homme doit-il faire dans son existence à la science et à l'art ? dans quel sens orienter la morale et la pédagogie ? quelle est la valeur de la religion ?

Une légende fort répandue fait de Bergson un adversaire de la connaissance scientifique, et place sa philosophie parmi celles qui proclament « la faillite.de la science «.

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« Fixant des répétitions, multipliant les mesures, la science s'applique admirablement à cette matière qui, en elle-même, est un perpétuel recommencement, et qui vise à s'étendre dans un espace homogène.

Permettant dedominer la matière, elle répond aux exigences de l'action humaine.

Et comme l'homme ne peut agir qu'avec la matièreinerte pour instrument, la science peut, doit traiter même le vivant comme s'il était de l'inerte. Mais alors la science n'apporte de la vie, de la conscience et même du monde mouvant qu'une connaissance toutextérieure, relative aux contingences de l'action.

Elle ne peut opérer que sur ce qui est censé se répéter, c'est-à-dire sur ce qui est soustrait, par hypothèse, à l'action de la durée.

Elle ne nous fait pas connaître cette durée quiest l'étoffe même dont l'univers est fait. Son objet n'est pas de nous révéler le fond des choses. Les traités de mécanique ont soin d'annoncer qu'ils ne définiront point la durée, mais l'égalité de deux durées : on seborne à noter l'instant précis où un mouvement commence, l'instant où ce mouvement finit.

Cet intervalle de duréecompte si peu qu'il n'y aurait rien à modifier à nos formules au cas où les mouvements de l'univers se produiraientdeux ou trois fois plus vite.

— Ce qu'il y a d'irréductible, d'irréversible dans l'histoire d'un vivant, dans le progrèsd'une conscience, dans le développement de l'univers, échappe à la science. Cette durée que la science n'arrive pas à saisir sera l'objet propre de la philosophie. On l'a constaté déjà : la philosophie ne peut être conçue comme une synthèse des résultats obtenus par lessciences particulières.

Elle commence où la science s'arrête.

Elle emploie une méthode tout autre que celle de lascience : au lieu de l'analyse, l'intuition, qui replace le penseur en pleine durée. L'intuition se passe de mots ; elle permet de saisir la réalité directement, en dehors de toute expression, traductionou représentation symbolique : « la métaphysique est la science qui prétend se passer de symboles ».

— Elle n'arien de commun avec une généralisation de l'expérience : cependant, puisqu'elle nous révèle le fond des choses, «elle pourrait se définir l'expérience intégrale ». Mais (on l'a vu précédemment) l'intuition ne dispense pas le philosophe d'une minutieuse étude analytique qu'il doitemprunter aux sciences.

— « On n'obtient pas de la réalité une intuition, c'est-à-dire une sympathie intellectuelleavec ce qu'elle a de plus intérieur, si l'on n'a pas gagné sa confiance par une longue camaraderie avec sesmanifestations superficielles ».

Il faut accumuler des documents scientifiques et psychologiques pour se familiariseravec la réalité étudiée.

« La métaphysique ne saurait se passer des autres sciences ».

L'histoire le montre : « lesmaîtres de la philosophie moderne ont été des hommes qui s'étaient assimilé tout le matériel de la science de leurtemps ». Une philosophie intuitive mettrait « plus de science dans la métaphysique, et plus de métaphysique dans la science».

La philosophie n'est pas seulement « le retour de l'esprit à lui-même», elle est aussi « l'approfondissement dudevenir en général », et, par là, « le vrai prolongement de la science ».

— « C'est l'être même que nous atteignonspar le développement combiné et progressif de la science et de la philosophie.

» La philosophie est, en outre, « complémentaire de la science dans la pratique aussi bien que dans la spéculation.Avec ses applications qui ne visent que la commodité de l'existence, la science nous promet le bien-être, tout auplus le plaisir.

Mais la philosophie pourrait nous donner la joie ». * * * Ces considérations générales sur la science permettent de comprendre ce que pense Bergson des sciencesparticulières. Les mathématiques sont la science de Y espace.

C'est dans l'espace que l'esprit construit les nombres.

L'idée denombre implique l'intuition simple d'une multiplicité de parties, ou d'unités, absolument semblables les unes auxautres.

Ces unités ne sont absolument semblables, et ne peuvent se juxtaposer pour s'additionner, que dans cemilieu homogène, l'espace.

—» C'est aussi dans l'espace que le géomètre trace ses figures. Or l'espace homogène (on l'a vu précédemment) est le filet infiniment divisé que notre esprit tend sous les chosespour fixer leur devenir pour découper leur continuité, pour fournir à notre activité des points d'application.

En cesens « nous n'avons qu'à suivre la pente de notre esprit pour devenir mathématiciens...

Nous ne sommes géomètresque parce que nous sommes artisans ».

Il y a dans notre intelligence « un géométrisme latent ».

Toutes lesopérations de notre intelligence tendent à la géométrie comme au terme où elles trouvent leur parfait achèvement. Les mathématiques épuisent l'essence de l'espace : ici la chose est relation. Notre science tend toujours au mathématique comme à un idéal : elle vise toujours à mesurer.

« La science moderneest fille des mathématiques ; elle est née le jour où l'algèbre eut assez de force et de souplesse pour enlacer laréalité et la prendre dans le filet de ses calculs, ». »

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