La science a-t-elle le monopole de la vérité ?
Publié le 10/03/2004
Extrait du document
Que faut-il entendre, dans cet intitulé de sujet, par la science? Ce terme désigne, par opposition à la connaissance « vulgaire «, une connaissance rationnelle obtenue, soit par la voie démonstrative (ex : les mathématiques), soit par observation ainsi que par vérification expérimentale (ex : la physique). Ce type de connaissance est rigoureux, objectif, incontestable et « vrai «. Sa démarche rationnelle et sa visée d'objectivité le caractérisent. Par opposition aux connaissances philosophiques, où ne saurait régner l'accord entre les esprits, la science suppose cet accord ; non seulement elle est accessible à tous en droit, sinon en fait, mais elle se donne comme universellement valable, pour tout esprit. Sur cette « objectivité « et cette « universalité « de la science, il faudra, bien entendu, revenir ultérieurement. Que signifie, maintenant, l'expression « avoir le monopole de « ? Posséder le monopole d'une chose, c'est en détenir le privilège exclusif, l'exclusivité en quelque sorte. Quant à la vérité, elle désigne ce à quoi l'esprit peut et doit donner son assentiment, par suite d'un rapport de conformité avec l'objet de pensée, ce qui est en correspondance avec un « donné « et semble ainsi « réel «. • L'intitulé du sujet possède donc le sens suivant : la connaissance discursive établissant des rapports nécessaires, caractérisée par sa démarche rationnelle et sa visée d'objectivité et d'universalité, représente-t-elle le seul type de connaissance valable, auquel nous puissions donner notre assentiment et qui dégage un savoir réel ? • Toutefois, cette idée que seule la science détiendrait le vrai pose problème. En effet, la notion de vérité et celle de vrai n'ont rien d'univoque. Bien au contraire, elles se donnent à nous de manière équivoque et ambiguë et elles peuvent désigner des axes de réalités multiples. En effet, je puis parler de la vérité de mes sens, de celle d'une proposition morale, historique, etc... Tout ceci exprime des ordres de réalité fort différents. Par conséquent, l'idée d'un « monopole « de la vérité, détenu par la science, peut être, en première apparence, soumise au soupçon et questionnée. Loin d'être évidente, elle pose problème, pour le philosophe attentif aux ambiguïtés du vrai, qui s'interrogera sur le thème d'une vérité une et exclusive.
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