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La routine

Publié le 21/02/2004

Extrait du document

Au contraire, il n'y a pas incompatibilité entre l'habitude et l'activité réfléchie. En premier lieu, si l'habitude s'acquiert par répétition, cette répétition peut être méthodique, par conséquent intelligente et volontaire. Il n'en est pas de même de la routine qui se forme d'elle-même, sans qu'on l'ait voulu et même sans qu'on ait eu conscience de sa formation. Aussi attribuera-t-on à l'habitude et non à la routine l'aisance et la rapidité de la dactylo, la facilité avec laquelle nous écrivons ou lisons. Au contraire, on parlera de la routine paysanne : le jeune paysan qui a reproduit sans les discuter les gestes de son père et pratique sans songer à mieux les procédés de culture traditionnels dans son village est conduit par la routine. En second lieu, si le mouvement habituel est automatique, il reste sous le contrôle de l'intelligence qui l'adapte aux circonstances et veille à son exécution. Aussi, l'exercice d'une habitude la développe et a pour résultat un progrès. Ainsi, la dactylo exerce une certaine surveillance sur les mouvements de ses doigts; aussi acquiert-elle toujours plus de rapidité et plus d'aisance. Dans l'acte routinier, au contraire, il n'y a pas de contrôle de l'esprit : les actes se suivent en vertu de la répétition seule et non par un choix implicite de l'esprit; ils deviennent plus aisés, mais non pas plus habiles. B.


« volonté, sont des habitudes et non des routines.

C'est l'habitude du piano qui donne au pianiste son aisance; seulest dit jouer de routine celui à qui on a appris à force de répétitions non pas la musique, mais un unique morceau. b) La véritable routine n'a qu'une influence néfaste qu'on peut résumer en cette proposition : elle supprime toutprogrès, progrès matériel et progrès spirituel.Au point de vue matériel, la routine permet d'exécuter sans peine et avec une perfection convenable une besognehabituelle, mais elle empêche toute amélioration dans les procédés de travail.

C'est pourquoi, dans bien des cas,l'inexpérience totale est préférable à la routine : un citadin intelligent qui se fait cultivateur fera peut-être quelquesexpériences malheureuses; mais bientôt il parviendra à de meilleurs résultats que le paysan routinier.Au point de vue spirituel, la routine est le sommeil de la vie de l'esprit.

L'individu mené par ses routines ne penseplus.

Son existence est une mécanique montée une fois pour toutes et montée le plus souvent par les autres, carles routines individuelles sont ordinairement une dérivation des routines sociales. B.

Sur la vie sociale.

— a) La vie sociale n'est possible que grâce à une certaine stabilité permettant la formation des divers groupements humains et assurant la tranquillité individuelle.

On pourrait donc croire que les routinescollectives, qui sont des manières d'agir définitivement établies dans une société donnée, ont une bienfaisanteinfluence conservatrice.Mais ici encore le mot routine n'est pas juste.

Ce qui est bon pour la société, ce sont les coutumes et les traditions.Un pays fidèle à ses coutumes et fier de ses traditions peut être sûr de son avenir : en effet, les coutumes et lestraditions ne conservent que le meilleur du passé, ce qui a fait la grandeur d'un peuple; d'autre part, le souci deperfection qui attache au souvenir des ancêtres rend aussi attentif aux expériences du présent pour en tirer lesleçons profitables. b) Il n'en est pas de même de la routine collective, aveuglément rivée à des gestes sans pensée.

Elle est pour lessociétés un obstacle à l'adaptation : par là, elle rend impossible tout progrès et prépare les grands troubles sociaux.La routine rend insensible aux imperfections des pratiques reçues, et parfois perpétue des errements absurdes : laroutine bureaucratique, si souvent ridiculisée, reste encore un des principaux freins qui retardent l'œuvre deredressement national.Mais la vie est plus forte que la routine, et, lorsque le mal dont elle est responsable dépasse certaines limites, il seproduit une tempête qui emporte d'un seul coup non seulement les cadres qui maintenaient cet esprit routinier, maisencore toute la civilisation d'un pays.

C'est l'histoire de la plupart des révolutions qui se sont passées dans ledésordre et dans le sang : les routines des administrations qui ont rendu impossible l'adaptation à des besoinsnouveaux en sont les principales responsables.Un peuple qui veut vivre ou revivre doit se rattacher fidèlement à ses coutumes et à ses traditions, mais sedéfendre de toutes les routines. CONCLUSION. — Ces réflexions sur la routine ont donné peut-être l'impression qu'il n'y a là qu'une question de mot. Notre réponse se ramène en somme à ceci : si la routine paraît avoir parfois une bonne influence, c'est que vous nelui donnez pas son vrai nom; vous avez alors affaire à une habitude et non à une routine.Mais ce ne serait pas avoir perdu son temps que d'être parvenu à une notion exacte de ce que désignent ces deuxmots : si une langue bien faite n'est pas toute la science, il n'y a pas de science achevée sans une langue bienfaite,. »

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