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La rétention comme phénomène de la durée chez E. HUSSERL

Publié le 09/01/2020

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husserl

Tentons de saisir ce qui se produit à l'écoute d'un son qui se prolonge. Sans cesse, le présent de son s’affaiblit en passant. Or cette retombée à son tour devient présente, non comme simple copie de l'original, mais selon un mode d'actualité qui lui est propre.

[Le son] commence et il cesse, et toute l’unité de sa durée, l’unité de tout le processus dans lequel il commence et finit, « tombe » après sa fin dans le présent toujours plus lointain. Dans cette retombée, je le « retiens » encore, je l’ai dans une « rétention », et tant qu’elle se maintient, il a sa temporalité propre, il est le même, sa durée est la même. Je peux diriger mon attention sur la manière dont il est donné. J’ai conscience du son et de la durée qu’il remplit dans une continuité de « modes », dans un « flux continuel ». [...] L’objet conserve sa place, le son de même conserve son temps, aucun instant n’est déplacé, mais il s’enfuit dans les lointains de la conscience, à une distance toujours plus grande du présent producteur. Le son lui-même est le même, mais le son dans son mode d’apparition apparaît comme sans cesse ‘ autre. [...] Du phénomène d’écoulement nous savons que c’est une continuité de mutations incessantes qui forme une unité indivisible : indivisible en fragments qui pourraient être par eux-mêmes et indivisible en phases qui pourraient être par elles-mêmes. [...] Si nous allons le long de la continuité concrète, nous avançons dans les modifications perpétuelles, et le mode d’écoulement, c’est-à-dire la continuité de l’écoulement, y change continuellement.

E. Husserl, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, trad. H, Dussort, P.U.F, 1964, pp. 37-43.

husserl

« mêmes et indivisible en phases qui pourraient être par elles­ mêmes.

[ ...

]Si nous allons le long de la continuité concrète, nous avançons dans les modifications perpétuelles, et le mode d'écou­ lement, c'est-à-dire la continuité de l'écoulement, y change conti­ nuellement.

E.

HUSSERL, Leçons pour une phénoménologie de la co11scie11ce intime du temps, trad.

H.

Dussort, P.U.F, 1964, pp.

37-43.

POUR MIEUX CQMPRENDRE LE TEXTE À chaque représentation du son qui résonne se rattache une suite continue de représentations dont chacune repro­ duit le contenu de la précédente tout en le modifiant.

La durée est produite à la fois par la sensation de l'identique (c'est bien le même son que j'entends durant le temps qu'il dure) et par des modifications de cette identité, la sensation antérieure ne se maintient pas sans changement dans la conscience.

La durée apparaît donc à la fois comme un double phénomène de persistance et d'altération.

De plus, le son persiste et change sans se fragmenter.

On assiste à une retombée permanente du présent dans le passé, retombée que nomme précisément la rétention.

Je retiens le son à mesure qu'il s'enfuit.

De la même manière, je me tends vers le futur présent de son, j'opère ce que Husserl nommera une protention.

Il s'ensuit un phénomène d'écoulement temporel qui ne se laisse pas découper en instants distincts.

Dès lors, il n'est plus vraiment exact de parler de passé, de présent et de futur.

Il faut bien plutôt affirmer que la conscience du son se pro­ duit en un présent élargi au sein duquel la présence com­ pose continûment avec une non-présence (affaiblissement rétentionnel, anticipation protentionnelleJ.. »

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