« La République » de Jean Bodin
Publié le 28/08/2013
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En 1576, il prouve le bien-fondé de ces affirmations — et en même temps ses grandes capacités d'écrivain politique — en publiant les six livres de La République. Il s'y penche sur les différents systèmes de gouvernement et s'y montre partisan d'une monarchie française absolue et héréditaire. Ce faisant, il considère sous un nouveau jour la notion de pouvoir absolu : il récuse les théories de la royauté élective ; il rejette comme dangereuse l'idée d'une forme mixte de gouvernement et tout partage du pouvoir

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LES
SIX LIVRES
DE LA R E P V B LI Q v E DE l.
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Auccpriui l cgc du Roy.
Fronstispice de l'édition
originale
des six livres
deLa
République de Jean
Bodin (Paris, Bibliothèque
nationale) .
au service du roi et de l'État.
En 1566, dans sa Méthode de /'his
toire, il a défini les nouveaux
fondements de la méthode
historique .
Selon lui, l'histoire
est le point de départ essen
tiel de la politique et constitue
un
tel vivier d'expériences et
d'exemples qu'une bonne for
mation en la matière est indis
pensable aux magistrats .
En 1576, il prouve le bien
fondé de ces affirmations - et
en même temps ses grandes
capacités d'écrivain
politique
-en publiant les six livres de
La République .
Il s'y penche sur
les différents systèmes de
gouvernement et s'y montre
partisan d'une monarchie fran
çaise absolue et héréditaire.
Ce faisant, il considère sous un
nouveau
jour la notion de pou
voir absolu : il récuse les théo
ries de la royauté élective ; il
rejette comme dangereuse
l'idée d'une forme mixte de
gouvernement et tout partage
du pouvoir limitant les préro
gatives du souverain .
Il con
vient de « doter le roi de Fran
ce de l'Imperium et de la Maies-
tas >> des empereurs romains,
affirme-t-il ;
et il se démarque
de la pensée de ses prédéces
seurs par sa conception de la
«souveraineté », cette « puis
sance absolue et perpétuelle
d'une république » qui, sous le
régime monarchique, réside
dans la personne du prince _ Il
prône cependant un équilibre
des fonctions et des organes
intermédiaires, le maintien
des états généraux et d'un Sé
nat inamovible .
Mais , surtout ,
il rattache
sa théorie de la mo
narchie absolue aux lois de la
nature, auxquelles
le roi doit
se soumettre comme aux lois
divines pour ne pas se com
porter en tyran : pour corres
pondre à l'harmonie universel
le, il faut que la « loi du Prince
soit faite au modèle de la loi
de Dieu ».
Un précurseur
qui invente
la théorie
des climats
Dans un chapitre remarqué,
Bodin considère l'éloquence
comme une « science politi
que » déterminante.
Il cons
tate qu'il n'y a rien qui ait plus
de force sur les âmes que la
«grâce de bien dire ».
Certes,
il dénonce en elle « un dégui
sement de la vérité et un arti
fice de faire trouver bon ce qui
est mauvais», mais reconnaît
que ce « couteau fort dange
reux en la main d'un furieux
homme » reste le plus sûr
moyen de « réduire les peu
ples de barbarie à humanité ».
Plusieurs autres idées de Jean
Bodin marquent son époque
et annoncent des théories
ultérieures.
Il souligne par
exemple le rôle capital de la
famille.
Il
est également un
économiste réputé, et c'est à
lui qu'on doit la démonstration
du mécanisme de ce qu'on
appellera plus tard l'inflation :
il fait
le lien entre l'arrivée
massive
de métaux précieux
UN DÉFENSEUR
DE LA TOLÉRANCE RELIGIEUSE
Dans La République,
Jean Bodin considère la
persécution religieuse
comme plus dangereuse pour
l'État que les hérésies.
li va plus loin en défendant
sans ambiguïté la tolérance
religieuse dans son
Théâtre de la nature universelle
et dans son Heptaplomère ou
Colloque de sept savants .
Dans ce dernier ouvrage,
il imagine, sous forme de
dialogue, la réunion à Venise
de sept personnes de
religion différente.
Les
entretiens sont animés, mais,
«après s'être embrassés
mutuellement en charité,
(les protagonistes] se
séparèrent, et depuis ils
vécurent ensemble dans une
union admirable, dans une
piété et une façon de vivre
exemplaire ».
La quête
ardente de la vérité n'exclut
pas la libre discussion, et,
au-delà de leurs divergences,
une même intuition religieuse
lie les sept savants et
leur permet de cohabiter en
bonne intelligence.
venus 0d'Amérique et l'aug
mentation des prix qui se pro
duit au XVI e siècle.
Par ailleurs,
il affirme l'influence sur
l'histoi
re du sol et du climat : la
connaissance
du monde, par le
développement de la cosmo
graphie, qui deviendra la géo
graphie, « permet d'accom
moder la forme de la chose pu
blique à la nature des lieux et
les ordonnances humaines aux
lois
naturelles» .
Au XVIII e siè
cle, le philosophe Montes
quieu reprendra cette idée et
sera l'un des fervents admira
teurs de Bodin.
Mais, même
les grands penseurs ont leurs
faiblesses :
Jean Bodin est éga
lement l'auteur d'une étrange
Démonomanie des sorciers, dans
laquelle il fait preuve d'une
crédulité déconcertante !.
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