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La Renaissance italienne et son rayonnement

Publié le 26/02/2010

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La nouvelle prospérité de la civilisation qui s'affirme à la Renaissance italienne n'est pas un phénomène soudain, surgi à la suite d'une conquête heureuse ou de l'avènement d'un souverain de génie. Les invasions barbares, qui ont ravagé la péninsule pendant deux siècles, furent semblables à la tempête d'automne qui prélude à une triste léthargie hivernale ; mais le bon grain de la civilisation latine ne fut pas complètement détruit. Les grandes voies consulaires étaient toujours là, comme aussi les villes, parcourues autrefois par les légions triomphantes, puis par les foules de pèlerins, et le long des routes, dans les villes nues et croulantes, le regard stupéfait du passant se posait sur les pierres militaires, les anciens forums, les inscriptions, les monuments et les édifices publics, témoins éloquents d'une grandeur déchue que personne ne pouvait ignorer. Mais la langue surtout survivait, et, bien que déformée par l'usage quotidien du peuple, elle était toujours la langue universelle du droit et de l'Église et rappelait les chefs-d'oeuvre de la littérature classique. Dans les campagnes appauvries, les moines succédaient aux serfs de la glèbe, tandis que, dans le silence des cloîtres, les moines toujours faisaient alterner avec les psaumes l'étude et la transcription des manuscrits qui ont sauvé de l'oubli une si grande partie du savoir antique. Ainsi, le fil conducteur de la civilisation s'amenuisait, mais ne se brisait pas ; et lorsque, l'an mille une fois franchi, le printemps revint avec les relations internationales, et que le soleil put répandre la douceur de ses rayons, le bon grain s'éveilla à la vie et fit jaillir ses germes du sol.

« même volonté.

Paroles dignes d'un noble peuple chez qui revit l'esprit de l'Antiquité classique, non seulement avec ledessein d'imiter les modèles du passé, mais surtout avec le but précis de les surpasser ; renaître, oui, mais pourprogresser et pousser plus loin ses conquêtes. Une preuve évidente de cette affirmation est apportée par l'architecture qui marque, avec le dôme de Florence etles coupoles de Brunelleschi, l'une des étapes les plus glorieuses de l'histoire de l'art.

C'était la coupole du Panthéonqui, d'hémisphérique, devenait ogivale et se posait, non pas sur le corps cylindrique massif des murs, mais sur unhaut tambour, celui-ci étant lui-même posé sur de grands piliers unis entre eux par des cintres.

Ensuite, c'estMichel-Ange qui, élevant encore plus le tambour et y ouvrant de larges fenêtres, donnera à la coupole, avec plus deluminosité, l'air d'être plus spacieuse, et qui arrivera à la hauteur (sans lanterne) de 137 m, qui n'avait encore jamaisété atteinte. À côté du baptistère et du dôme, surgit le campanile de Giotto.

D'une architecture élégante par ses finessculptures, riante par la polychromie de ses marbres, il est un produit authentique de la Renaissance aussi par sesbas-reliefs où les représentations bibliques voisinent avec les personnifications des arts et des sciences profanes,les savants de la Grèce et les sibylles du monde païen avec les patriarches et les prophètes de l'Ancien Testament.Ce mélange de sacré et de profane est l'un des traits caractéristiques de la Renaissance qui apparaît ici, commepartout ailleurs en Italie, et dont nous avons des manifestations combien éloquentes avec le buste de Julienl'Apostat remarqué pour la première fois par Lenormant sur le fronton de la cathédrale d'Acerenza et, en remontantvers le nord, avec les niches des deux Pline sur la façade du dôme de Côme. Nous avons parlé ici de quelques monuments de l'architecture florentine, mais combien d'autres églises, monastèreset palais existent dans le petit cercle des monts qui se mirent dans l'Arno ! Et le phénomène se répète, avec desproportions différentes et une autre succession d'époques, dans toute l'Italie où rivalisent des artistes comme LeonBattista Alberti, Léonard de Vinci, Bramante, Michel-Ange. Nous manquons de place ici pour décrire les origines et les progrès de la sculpture.

Elle partage avec l'architecturele privilège d'avoir, en quelque sorte, survécu à la mort du monde antique, ce qui nous permet, à nous autreshommes modernes, de contempler et d'étudier quelques-uns des monuments les plus célèbres qui ont enchanté leshabitants de la Grèce et de Rome.

Les maîtres de la Renaissance, eux aussi, ont étudié ces reliques de l'antiquité etles modèles classiques ont fourni des sujets et bien souvent guidé leurs élèves, mais lorsque ceux-ci s'approchèrentdirectement de la réalité pour traduire dans la matière leurs véritables impressions, ils firent preuve d'une sensibilitéet d'une maîtrise qui dépassent souvent celles des oeuvres classiques et font penser à leurs lointains ancêtresétrusques.

Devant les terres cuites de Della Robbia, devant les innombrables figures sculptées sur les pierresfunéraires, comme L'Ilaria del Carretto de Jacopo della Quercia, et le Guidarello Guidarelli de Tullio Lombardo,comment ne pas rappeler les humbles mouleurs étrusques qui s'expriment dans les urnes cinéraires et lessarcophages de Florence, de Volterra et de Chiusi et qui ont laissé, dans l'Apollon et les autres terres cuites deVeies, l'empreinte d'un génie créateur ! À côté des grands sculpteurs, il y a aussi les autres oeuvres innombrables,en relief ou en ronde bosse, qui accompagnent et complètent les divisions architecturales et qui s'imposent àl'admiration du connaisseur.

Les cathédrales de Sienne et d'Orvieto et la chartreuse de Pavie, pour ne citer quequelques noms, en donnent des preuves universellement connues ; mais dans les villes de province moinsimportantes aussi, et dans les humbles bourgades des Abruzzes, de l'Ombrie, de la Vénétie, de la Haute-Lombardie, iln'est pas difficile de trouver des autels, des tabernacles, des portails, des monuments funéraires, etc., où s'estexercée la fantaisie d'artistes en général inconnus. Pour achever de passer les arts en revue, il faut maintenant que nous parlions de la peinture.

Cavallini à Rome etGiotto à Florence furent les principaux précurseurs de la peinture de la Renaissance.

Eux aussi, tout comme lespoètes du " dolce stil nuovo ", sans oublier quelques voix isolées qui, même aux siècles les plus sombres, n'ontjamais fait défaut, brisèrent hardiment les liens qui les unissaient au gothique et au byzantin et préparèrent la voievers de nouveaux horizons.

Et lorsque, deux siècles plus tard, dans les ruines du Mont Palatin, les Thermes et lespalais impériaux de l'Esquilin, les peintres du XVIe siècle purent contempler des peintures authentiques de l'époqueclassique, la peinture italienne était arrivée à une telle maîtrise qu'elle poursuivit, imperturbable, son chemin.

C'estdonc avec Giotto que la peinture italienne fit son entrée dans l'histoire des arts, entrée véritablement triomphale caril cultiva tous les arts et son oeuvre ne fut pas limitée à une seule ville ou une seule région, puisqu'elle franchitrapidement les frontières toscanes et s'affirma magistralement aussi bien par le tableau que par la fresque.

Et lafresque trouva en Giotto son patriarche : l'Italie lui doit à lui et aux exemples incomparables qu'il a laissés uneprimauté qui s'est maintenue jusqu'à nos jours.

Il suffira de rappeler, comme exemple, les fresques du Campo Santode Pise, celles de Simone Martini et de A.

Lorenzetti au Palais communal de Sienne, de Masaccio dans l'église duCarmine à Florence, de Luca Signorelli dans le dôme d'Orvieto, de Raphaël dans les chambres du Vatican, de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine.

Mais si la suprématie de la peinture italienne est indiscutée pour les fresques, le degréatteint est tout aussi élevé dans les autres branches où s'exerce l'art du pinceau.

Les maîtres qui réussissaient lemieux dans les fresques sont, en général, les mêmes qui nous sourient dans les tableaux et les toiles de chevalet.Mais il y en a bien d'autres qui, ne voulant ou ne pouvant se mesurer avec les grandes surfaces, se contentèrent dedomaines plus restreints.

Citons à l'appui le nom de Masaccio qui, par l'introduction de la troisième dimension,transforma les procédés de l'art et fit école, aussi bien chez ses contemporains que chez les peintres postérieurs :Benozzo Gozzoli, Andrea del Castagno, Filippo et Filippino Lippi, Pollajuolo, Ghirlandajo, Botticelli, Fra Bartolomeo,Andrea del Sarto, etc. À Florence et dans son territoire, comme nous le voyons, la peinture a eu un développement organique et c'est là. »

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