La religion : vérité révélée ou invention humaine ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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biens sensibles, dont le goût réjouissait d'une manière beaucoup plus délicate ceux qui s'adonnent aux vertus de la vie active ou aux vertus de lavie contemplative. La proposition aux hommes d'une telle vérité comme objet de foi est encore nécessaire pour une connaissance plus vraie de Dieu.
Nous ne connaissons vraiment Dieu, en effet, que si nous le croyons au-dessus de tout ce que l'homme peut en concevoir, puisque lasubstance de Dieu, nous l'avons vu, dépasse notre connaissance naturelle.
Du fait que l'homme se voit proposer sur Dieu des vérités quidépassent sa raison, l'opinion où il est que Dieu est supérieur à tout ce qu'il peut penser, s'en trouve confirmée. Une autre conséquence utile est la régression de cette présomption qui est mère de l'erreur.
Certains hommes en effet s'appuient tellement sur leurs capacités qu'ils se font fort demesurer avec leur intelligence la nature tout entière, estimant vrai tout ce qu'ils voient, et faux tout ce qu'ils ne voient pas.
Pour que l'esprit del'homme, libéré d'une telle présomption, pût s'enquérir de la vérité avec modestie, il était donc nécessaire que Dieu proposât certaines véritéstotalement inaccessibles à son intelligence. […] Quand bien même la raison humaine ne peut saisir pleinement les vérités suprarationnelles, elle en reçoit pourtant une grande perfection, pour peu qu'elle les tienne de quelque manière par la foi.
c) Bien plus, comme le remarque Saint Thomas dans sa Somme contre les gentils , Dieu est la vérité même, la pure vérité : « Dieu lui-même est la vérité. La vérité est une certaine perfection de l'intelligence, ou de l'opération intellectuelle, comme on l'a dit. Cette intellection, se confondant avec l'être divin, est parfaite par elle-même, - comme on l'a montré pour l'être divin, - sans que lui adviennequelque autre perfection.
Il faut en conclure que la substance divine est la vérité elle-même. La vérité, dit le philosophe, est une certaine bonté de l'intellect.
Or Dieu est sa bonté, comme on l'a montré.
Il est donc aussi sa vérité.
[…]A partir de ce nous venons de dire, il est manifeste qu'en Dieu est la pure vérité, à laquelle nulle fausseté ou mensonge ne peut se mêler. La vérité répugne à la fausseté, comme la blancheur à la noirceur. Or Dieu est non seulement vrai, il est la vérité elle-même.
Il ne peut donc y avoir de fausseté en lui. L'intellect ne se trompe pas dans son appréhension de la quiddité, non plus que le sens par rapport a son objet propre.
Or toute connaissance de l'intellect divin se présente à lamanière d'un intellect dans sa connaissance des quiddités, ainsi qu'on l'a montré.
Il est donc impossible qu'il y ait, dans la connaissance divine,erreur, tromperie ou fausseté. L'intellect ne se trompe pas quand il s'agit des principes premiers; il se trompe parfois dans les conclusions auxquelles il parvient en raisonnant à partir des premiers principes.
Or l'intellect divin ne raisonne pas, ou ne discourt pas, comme on l'a vu ».
Transition :
Ainsi la religion serait lé vérité ultime, la pure vérité sur Dieu et le sens du monde ainsi que son fonctionnement.Cette révélation est donnée comme acte de foi dépassant la simple finitude humaine.
Pourtant, cette religion n'est-elle pas plutôt un besoin qu'une vérité ?
II – L'invention comme besoin
a) Si l'homme a besoin de croire, c'est parce qu'il ne connaît pas le réel autour de lui ou que ce dernier le déçoit.
Lareligion ou toute forme de croyance aurait pour but de pallier l'inexistence d'un certain nombre de principes vitauxpour l'homme lui donnant des repères dans le monde.
La religion n'est donc qu'une illusion.
Il n'y a donc pas lieu dedistinguer entre une vraie et une fausse religion.
Et c'est bien ce que l'on peut voir avec Nietzsche dans le Gai savoir puisque la croyance y est définie comme une faiblesse d'esprit ; d'une certaine manière, une enfance de la raison.
La croyance tient pour vrai un ensemble de faits, de facteurs qui pour elle constitue une vérité.
Nietzsche remarque que c'est à la force de nécessité de la croyance que l'on reconnaît la faiblesse de l'esprit.
Plusexactement, la croyance correspond à besoin métaphysique, c'est-à-dire à la recherche d'un sens que l'on netrouve pas dans la nature des choses directement et nous invite à en trouver la solution en dehors de celui-ci doncau-delà du monde physique (comme l'indique l'étymologie métaphysique).
b) La fonction générale de la religion statique est donc : « une réaction défensive de la nature contre ce qu'ilpourrait y avoir de déprimant pour l'individu, et de dissolvant pour la société, dans l'exercice de l'intelligence.
» LaReligion était donc la raison d'être de la fonction fabulatrice comme le dit Bergson dans les Deux sources de la morale et de la religion .
Elle est son effet et non sa cause.
Il s'agissait d'un besoin, peut-être individuel, mais surtout social.
Enfin, une vraie religion peut se concevoir en rapport au mysticisme et c'est par cet appel spirituel àl'esprit que l'on peut nommer un mouvement mystique une religion.
Ce troisième élément apporte alors la pierre detouche à cette définition d'une vraie religion sans en exclure différentes déclinaisons : « A nos yeux, l'aboutissement du mysticisme est une prise de contact, et par conséquent une coïncidence partielle, avec l'effort créateur quemanifeste la vie.
Cet effort est de Dieu, si ce ne Dieu lui-même ».
c) Ainsi, la croyance est une illusion de la vérité, une illusion où l'on s'illusionne soi-même.
Dans ce cas, il ne fautpas confondre la croyance et l'erreur car cette dernière, après un raisonnement peut être dissipée mais il en va toutautrement de la croyance ; et cela parce qu'elle est du ressort du désir.
Et c'est bien ce que remarque Freud dans l'Avenir d'une illusion .
La croyance est issue de la force du désir et pour le montrer on peut prendre l'exemple qu'il développe au chapitre VI avec le cas de la petite fille qui croit qu'un prince charmant viendra la chercher.Manifestement, cette croyance est issue du désir ; mais ce qu'il est intéressant de constater c'est que la croyancene se situe pas en dehors de la réalité, puisqu'il est possible qu'un tel prince vienne la chercher.
Autrement dit, lacroyance est pas en dehors du champ de l'expérience, du réel, mais suppose ce dernier..
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