La religion, source de conflits ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
En décembre 1990, à l’occasion d’un colloque universitaire sur « Religions et guerre », effectué à Nice, le général Georges Lavernhe avait fait un exposé concernant la religion et l’idéologie, cette dernière comme responsable de la violence plutôt que la religion même ; sans oublier d’autres variables également importantes comme les aspects économiques, sociologiques et psychologiques.
Lavernhe fait tout d’abord la distinction entre foi, religion et idéologie. Pour lui, la foi est un acte du coeur et, seul Dieu sonde les coeurs. La religion est ce qui s’exprime extérieurement par des rites, des attitudes ; c’est du « visible ». L’idéologie se réfère plus largement à tout système d’idées proposé aux hommes pour les guider, pour donner un sens à leur vie, en la situant dans un ordre et dans un devenir qui la transcendent.
Le chemin qui conduit de la foi et de la religion à l’idéologie passe par le dogmatisme :les vérités de foi nous ouvrent à un ordre de réalités qui nous demeurerait inconnu si nos étions laissés à nos propres forces ; le dogmatisme s’évertue à constituer des vérités en système, autrement dit à les ramener à la mesure de notre faible entendement.
Toute idéologie donne naissance à des institutions qui concrétisent l’adhésion du groupe au système d’idées qui est proposé, et assurent sa cohésion en exerçant un contrôle social sur ses membres. C’est ainsi que l’idéologue est amené à préciser sa conception de la loi, de la nation, de l’Etat.
Plus que la religion proprement dite, la violence surgit le plus souvent de la confrontation de plusieurs systèmes idéologiques incompatibles et - surtout - des intérêts matériels qui y sont impliqués. La religion possède cependant sa part de responsabilité dans la mesure où elle se prête (par ses textes et les interprètes autorisés de ceux-ci) à générer un système politique clos. Ceci dit, la religion, même ainsi dégradée, ne saurait rendre compte, à elle seule, des faits de société.
Il ne faut pas sous estimer le rôle de l’idéologie, surtout de l’islam. Nous sommes en effet confrontés dans ce cas à une religion à expansion mondiale, dotée d’un pouvoir presque inégalé pour modeler les hommes et les sociétés, les attitudes et les comportements. Elle fournit leur couverture légitime à des systèmes de pouvoir, des régimes politiques qui, aux prises avec des difficultés inextricables, s’accrochent à elles comme à une planche de salut. Face à ces gouvernements, les oppositions islamiques ont fait de la religion une idéologie de combat qui, de plus en plus, s’arroge les monopoles du discours sur l’islam. Gouvernement et opposition s’affrontent en utilisant le même référent théologique !
Si lutte de classe il y a, elle est pensée et vécue sous forme de légitimité religieuse. Nous avons là un exemple caractéristique de déviation de la religion. Autre exemple proposé par Lavernhe : lorsque la religion juive revendique, au nom de sa foi, la possession exclusive d’une terre, elle sème incontestablement des germes de violence, mais est-ce bien la foi qui s’exprime dans ce type de revendication ? Ne s’agit-il pas plutôt là d’une nouvelle dérive idéologique de la religion sous la poussée de revendications essentiellement ethniques ? L’influence de l’idéologie sur les comportements est donc certaine mais non exclusive.
Commentaire :
Lavernhe nous présente la responsabilité de l’idéologie dans les conflits, plus principalement l’idéologie de l’islam. Il est vrai que la religion possède sa part de responsabilité dans les conflits quant elle sert comme fondement et justification aux guerres.
Si les religions doivent jouer un rôle dans les conflits, celui-ci doit être pour la protection des plus démunis, si elles y interviennent parfois comme accélérateurs de la violence dès lors que l’on touche au passionnel voire à l’irrationnel, il me semble en fait - comme dit Guy Labouerie - qu’elles n’ont guère le rôle d’initiateurs de la violence et qu’il est trop facile de leur faire porter une responsabilité considérable en ce domaine.
Plus que la compréhension d’une idéologie religieuse et le constat qu’elle est peut-être source de violence et de « légitimation » dans les conflits, nous croyons qu’il n’y a pas de guerre juste, il y a des guerres inéluctables, inévitables compte tenu de la façon de vivre du monde, guerres liées à notre liberté et à son exercice.
Si Dieu est un Dieu d’amour, l’idéologie de n’importe quelle religion, ne sert pas à justifier la guerre juste, celle-ci ne peut pas s’en réclamer. Au dessus de la violence, il y a l’amour et la miséricorde. C’est le témoignage du Serviteur souffrant. C’est cela que doivent proposer ceux qui parlent de guerre au nom de religions ou d’idéologies religieuses. Parce qu’enfin à partir de quelle loi et de quel tribunal pourrait-on décider de la justice de la guerre ?
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