La religion naturelle

« La religfon natureUe Une /eligion naturelle se veut universelle et indépendante de toute Eglise, de toute dogmatique historiquement constituée. Elle implique généralement un Dieu créateur et gouverneur de l'univers, une vie après la mort et une rétribution des mérites.

Apparue dès l'Antiquité dans le contexte du paganisme, la notion de religi,on naturelle s'oppose, dans son principe même à la Révélation, dont les théologiens des religions issues de la Bible déduisent des « vérités surnaturelles».

Encore invoquée au XIXe siècle Qüles Simon publie en 1856 La Religi,on naturelle), elle semble de nos jours complètement discréditée.

Dans le Vocabulaire philosophique de Lalande (1902-1923) ,Jules Lachelier écrit: « Ce qu'on a appelé au XVIIIe siècle religion naturelle n'a guère eu au XVIIIe siècle qu'une existence artificielle et littéraire », ce qui est manifestement faux, à moins de classer la philosophie elle-même dans les artifices littéraires.

Il est tout aussi inexact de faire de la religion naturelle l'affirmation d'une sentimentalité vague et philosophiquement faible.

Peut-être apparaît-elle chez certains épigones romantiques de Rousseau (Lamartine, Musset).

Mais au XVIIe et au XVIIIe siècle, le « Dieu des philosophes » est une idée réfléchie, argumentée, souvent même considérée comme trop savante ; dans les grands sys­ tèmes classiques, la « théologie naturelle » est en accord avec la théologie de la Révélation et fonde en raison sa valeur univer­ selle. De nos jours, sociologues et ethnologues affirment n'avoir jamais observé une religion naturelle dans aucune population, même considérée comme primitive.

L'objection paraît diri­ mante et elle est souvent considérée comme définitive.

Mais elle suppose que « naturel » soit pris au sens qu'avait « primitif» pour les sociologues du début du :xxe siècle.

Les philosophes du XVIIIe siècle qui parlent de religion naturelle n'ont jamais pré­ tendu en tirer la notion directement de l'observation d'une population actuelle.

Si Voltaire emploie l'expression de « reli­ gion primitive», c'est au sens où elle est réduite à ses éléments simples, premiers, hors de toute adjonction historique.

Même si. »