La religion mène t elle à la déraison?
Publié le 19/11/2022
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La religion mène-t-elle à la déraison ?
Dans Le Discours de la Méthode, Descartes explique ce qu’est le bon sens, ou encore
la raison, d’après lui.
Il s’agirait en effet de la faculté à distinguer le bien du mal, le vrai du
faux, et le réel de l’irréel.
Tout comme la religion, la raison met en avant des principes,
propres à chaque individu, que ce dernier se doit de respecter.
Toutefois, les principes de la religion ainsi que la raison peuvent aussi bien coïncider
que diverger.
Comment peut-on définir la raison ? A partir de quel moment peut-on parler de
déraison ? Quel serait alors le lien entre raison et religion ? Est-ce que la raison est
nécessairement antagoniste à la religion ?
Ces réflexions nous poussent alors à nous demander si la religion peut éloigner l’être
de la raison.
Il faudrait alors étudier la raison et ses limites, puis analyser les aspects
péjoratifs de la religion et comment elle peut être déraisonnable, pour enfin finir sur le fait
que la religion ne s’éloigne peut-être pas tant que cela de la raison, bien au contraire.
Pour pouvoir définir les limites de la raison et les conséquences de franchissement de
celles-ci, il faudrait tout d’abord comprendre ce qu’est la raison.
Les définitions varient mais selon Descartes, philosophe français du XVIIe siècle, ce
serait “la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce
qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égal en tous les hommes”.
Ainsi, la
raison serait une faculté de jugement propre à chaque individu.
Aller à l’encontre de cette
dernière serait pour Descartes comparable à de la folie, ou encore de la déraison.
Cette sortie
hors de soi pourrait aussi être exprimée par le terme d’aliénation, qui signifie être étranger à
soi.
D’un autre côté, pour le philosophe allemand Kant, la raison concerne tout ce qui ne vient pas
de l’expérience et tout ce qui est préconçu dans nos esprits, il y a la raison pure, elle est
spéculative et concerne la connaissance, et il y a la raison pratique, elle contient les règles de
moralité que chaque individu s’impose.
La raison a-t-elle alors des limites ? Sont-elles définies ? C’est bien ce que Kant
affirme dans la Critique de la Raison Pure.
En effet, nous ne pouvons pas tout comprendre et
encore moins tout démontrer, ni savoir ce qui se passe autour de nous et ce qui nous entoure.
Mais la raison, malgré le fait qu’elle ne peut pas tout connaître, éprouve cette envie de tout
déceler et de tout comprendre.
Ainsi, notre raison se limiterait aux connaissances et aux
savoirs auxquels nous n’avons pas accès.
Descartes explique de son côté que l’homme, étant destiné à mourir, mettrait fin à sa raison
de ce fait.
Blaise Pascal partage le même avis et affirme que la finitude de l’homme se
caractérise par les limites de ses sens, de son imagination, et de sa raison.
Ainsi, l’homme
serait une créature finie et sa raison ne pourrait rivaliser avec l’intellect divin infini.
Cependant, la religion prône cette idée d’infini, contrastant ainsi avec l’idée que l’homme est
une créature finie, et limitée par sa raison.
Puisque que les limites de la raison sont définies, il en va de soi de se demander si le
fait de les dépasser insinue qu’il s’agit de déraison.
La déraison est une manière de penser
dénuée de raison, un état d’esprit contraire à la raison et au bon sens.
On peut alors
rapprocher ce terme de l’irrationalité car les deux ont la même définition, sachant
qu’étymologiquement, « irrationnel » vient du latin ratio qui signifie calculer, ce qui a donné
de la même manière, raison.
La déraison serait ainsi le manque de jugement dans la nature
ou le comportement d’une personne.
Un exemple d'œuvre littéraire qui pourrait illustrer ce dépassement de limite ou encore
d’atteinte de l’irrationnelle pourrait être le Dr.
Faust, écrit par le grand écrivain allemand du
XIXe siècle, Goethe.
Le livre raconte l’histoire d’un certain Dr.
Faust qui se rend compte qu’il
a perdu la majorité de sa vie à poursuivre sa quête de savoir.
Il est alors tenté par l’idée de se
suicider, mais finis par seller un pacte avec le diable à la place.
Il a alors, au prix de son âme,
accès à toutes les connaissances du monde.
Ainsi en dépassant les limites de la raison, dans
ce cas la connaissance, et en étant déraisonnable, Faust trouve la mort.
La raison serait donc la faculté de juger le bien du mal, mais elle n’est pas sans limites,
justement une fois ces dernières dépassées, elles peuvent mener l’individu à l’irrationalité et
la déraison.
L’individu peut cependant être éloigné de la raison par la religion.
La non-croyance
peut mener selon certains à la déraison et au malheur, tandis que chez d’autres la religion est
annihilée par la raison, ou encore peut mener à une aliénation religieuse.
Blaise Pascal était, comme la plupart des philosophes de son époque, très croyant ce
qui explique son point de vue au sujet des athées et des agnostiques.
En effet, pour Pascal, la
foi et la raison se complètent, l’un ne va pas sans l’autre.
Ainsi, l’absence de religion, dans le
cas de l’athéisme ou de l’agnosticisme, mène à la déraison.
Il partage alors les individus en
plusieurs catégories : il y a ceux qui vivent en cherchant Dieu et qui le trouvent, ils sont alors
raisonnables et heureux.
Mais il y a également ceux qui vivent en cherchant Dieu mais ne le
trouvent pas, ils sont alors raisonnables mais malheureux.
Enfin, il y a ceux qui vivent sans
chercher Dieu et qui ne le trouvent pas, ils sont ainsi déraisonnables et malheureux.
De plus,
Pascal ajoute que “c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison”, c’est-à-dire que le cœur donne
un meilleur accès à Dieu que la raison, car cette dernière est limitée.
D’un autre côté, la religion est totalement annihilée par la raison pour certains
philosophes, comme c’est le cas pour Nietzsche.
Pour ce dernier, la causalité des phénomènes
est négligée et est mise au compte de l’arbitraire, et de la liberté d’une puissance supérieure.
Ainsi selon Nietzsche la religion enjolive les plus naïfs et n’est qu’une simple illusion.
C’est
l’émergence du nihilisme, qui nie la religion puisqu’elle privilégie le devoir être à l’être.
Par
conséquent, la raison qui cherche des causalités et des faits concrets est reniée par la religion
qui elle va se fier à une supériorité divine et transcendante.
De la même manière, Michel Guérin émet l’hypothèse que la raison juge l’absence de preuves
concrètes de ce que la religion avance.
Elle présente des vérités en garantissant leur
authenticité sans pour autant donner de source.
Tandis que la raison a besoin de sources afin
d’appuyer les avancées faites par la religion, c’est alors ici que les deux divergent.
L’individu peut aussi s’aliéner dans Dieu et dans la religion, c’est ce qu’affirme
Feuerbach.....
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