La religion implique-t-elle la démission de la raison ?
Publié le 25/05/2009
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On entend par raison la faculté de distinguer le vrai du faux et le bien du mal. Elle est le mode de penser propre à l'homme, c'est-à-dire la combinaison des concepts, des jugements et de déduire des conséquences. Par opposition, la foi est la faculté de fournir des principes a priori, elle est indépendante de l'expérience. Une grande partie du combat des Lumières contre l'obscurantisme passe par la remise en question des dogmes religieux. De nombreux philosophes du 18ème siècle contestent la prétention de la religion à fournir une réponse à l'ensemble des interrogations métaphysiques et des mystères scientifiques de l'époque. Pour répondre à la question, dans la première partie, nous allons envisager la question du point de vue du rationalisme, selon Descartes, qui est la doctrine qui pose la raison comme la seule source possible de toute connaissance réelle. Puis, dans la deuxième partie, nous allons envisager celui de l'existentialisme, selon Sartre, qui considère que chaque individu est maître de ses actes et de son destin. Il existe plusieurs types de religions, les auteurs vus en classe se sont concentrés sur la religion catholique et il apparaît qu'effectivement dans le cas de cette religion, elle implique une démission de la raison. Tout d'abord, du côté du rationalisme chez Descartes, il démontre que la foi est placée en priorité sur la raison. Il cherche à montrer que l'analyse du concept de Dieu oblige à affirmer son existence nécessaire. Trois cas suffisent pour affirmer qu'il y a une complémentarité entre la croyance et la raison. La première preuve de l'existence de Dieu, selon Descartes, est l'argument ontologique. Il déduit qu'il existe, car Dieu possède toutes les perfections, or l'existence est une perfection et un être sans existence est nécessairement imparfait. On peut appuyer cette notion de la perfection avec l'exemple de la pomme. Car la pomme existante est plus parfaite que seulement en pensée. Sa deuxième preuve sur l'existence de Dieu est l'idée du parfait. Il affirme que nous sommes des êtres imparfaits, il y a donc dans nos esprits une notion de perfection. Et seul Dieu peut nous donner cette notion de perfection. Descartes postule que Dieu est parfait et ce postulat de base est équivalant à un acte de foi. Car il ne s'appuie pas sur du rationnel ou du scientifique pour décréter que Dieu est la perfection. C'est non la raison, mais la foi qui l'a initialement guidé dans cette voie. La troisième preuve de Descartes est basée sur l'existence propre à chaque homme. Elle révèle que l'existence propre à chacun ne peut pas tenir de l'homme lui-même, sinon il se serait créé parfait, il serait donc Dieu. La qualification de parfait peut donc seulement être attribuée à Dieu. Dans une autre méditation de Descartes, il appuie la preuve précédente sur l'existence de Dieu. Il invoque non seulement la cause de nos idées, mais aussi celle de notre essence même. Après avoir examiné plusieurs possibilités, il arrive à la conclusion que seul Dieu peut être le créateur de nos êtres. Ce qui amène nécessairement à la preuve qu'on existe et que l'idée d'un être parfait, Dieu, est en chacun de nous. L'existence de Dieu est donc démontrée. Ces deux arguments démontrent qu'il y a acte de foi et que les méditations sont poursuivies par un développement soutenu par la raison. Les facettes de la religion impliquent donc une démission de la raison.
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LA CROYANCE RELIGIEUSE IMPLIQUE -T-ELLE UNE DÉMISSION DE LA RAISON ?
I) Il est tout d’abord très important de faire la différence entre croire et savoir.
La croyance est une adhésion de notre volonté à une idée, une pensée, une théorie...
Habituellement on considère que croire n 'est pas savoir.
Lorsqu 'on croit à quelque chose, on a une certitude qui n'est pas fondée sur des raisons.
La croyance rejoint ainsi l'idée d'opinion, qui est le fait d'affirmer quelque chose sans chercher à en donner les raisons (exemple : "je crois quedemain il fera beau"...).Il semble qu'il y ait une nuance entre une simple opinion, et le fait de croire en un dogme religieux, dans la mesure où l 'opinion est moins forte.
La croyance religieuse présente ce en quoi elle croit comme une vérité.
L'opinion considère ce en quoi elle croit comme possible, le plus probable, seulement.
Lacroyance religieuse se place donc sur le terrain de la vérité, en opposition avec le savoir issu de la raison.
O n peut donc distinguer avec Kant trois niveaux d'adhésion à une idée : l'opinion est une adhésion subjective, personnelle à une idée considérée seulement comme possible ; je crois à cette idéepersonnellement, mais j 'ai conscience que le contraire est possible.
Le savoir est le fait que j'adhère personnellement à une idée, c 'est-à-dire que je la considère comme vraie, et elle est objectivement vraie (elle vaut pour tout le monde et pas seulement pour moi).
La croyance est un niveau intermédiaire :je considère personnellement l'idée comme vraie, j 'en suis certain, mais elle n 'est pas objectivement vraie (elle n 'est pas reçue comme telle par tous ni validée par la raison scientifique).
La croyance, et notamment la croyance religieuse, ne peut donc être considérée comme une simple opinion, parce que lecroyant est personnellement certain que ce en quoi il croit est vrai (alors que celui qui a une opinion demeure incertain, puisqu'il admet que le contraire estpossible, qu'il peut se tromper).Si habituellement on pense que la croyance religieuse, parce qu 'elle est une croyance, implique une démission de la raison, est-elle nécessairement dans tous les cas irrationnelle ?
II) On peut dans un premier temps penser que la croyance religieuse n 'est pas irrationnelle, dans la mesure où un croyant a de multiples raisons de croire (quelle que soit sa croyance), sans qu'il en soit nécessairement conscient.
Par exemple, Freud considère que la religion est la satisfaction de désirsinconscients, et notamment du désir d'être protégé par un père tout-puissant.
M arx considère que ce sont les frustrations sociales, la misère qui nouspousse à croire en une religion qui nous promet le bonheur et nous apporte la consolation.
Croire n'est donc pas irrationnel dans la mesure où on peuttrouver des raisons de la croyance religieuse.
Mais ces auteurs montrent en même temps que cette croyance est une illusion, c'est-à-dire une vision faussedu monde, difficile à vaincre car enracinée dans des désirs puissants (réconfort...).
Il n'est pas raisonnable de croire selon ces auteurs, dans la mesure oùcroire ne résout pas les problèmes de l 'homme (rapport au père selon Freud, misère sociale selon Marx...).
Le croyant n'est pas conscient de croire pour les raisons indiquées ci-dessus.
Ainsi c'est davantage l'imaginaire du croyant qui forme ce dont il croit ; en ce sens les dogmes religieux ne sont pas issus dela raison, mais plutôt de l 'imagination. Il faut donc se demander si la raison peut avoir sa place au cœur de l'acte de foi, si le croyant lui-même use de la raison pour croire ?La croyance religieuse ne se fonde pas nécessairement sur une spiritualité extérieure à la raison.
S'il est possible d’avoir croyances irréfléchies, qui necherchent pas â se donner de justifications par la raison, en revanche certains croyants montrent que l 'on peut "croire selon la raison ".
L'exemple le plus pertinent est Descartes, qui propose une démonstration de l 'existence de Dieu.
Descartes utilise une démonstration, c'est-à-dire qu'il utilise les règles du raisonnement et de la déduction pour tirer d 'une idée de départ "l'idée de Dieu est celle d'un être parfait " dont la conclusion logique "un être parfait est un être qui existe ".
La tentative de Descartes montre que la raison peut être un appui pour la religion.
[A ttention, pour Kant, l'idée de Dieu est une idée de la raison, mais n'est pas un savoir, car elle n 'est pas validée par une preuve sensible].
En effet la raison produit des discours destinés à convaincre ceux qui les écoutent.
Convaincre , c'est pousser l'interlocuteur à adhérer à nos idées en utilisant des arguments qui s 'adressent à la raison ; on est convaincu par une démonstration mathématique, lorsqu 'on l'a comprise.
Il s'agit donc de justifier une idée, d'en exposer les raisons d'être.
On est ici proche de ce que l'on avait appelé "savoir " (donner les justifications rationnelles de ce que l 'on pense), par opposition à l '"opinion ".
Descartes montre que l’on peut utiliser l’argumentation dans les questions religieuses.Cependant, convaincre quelqu'un, est-ce le faire croire? Et si on est convaincu par la raison, a-t-on toujours la foi, et peut-on encore parler de foi ? Q u'y a-t-il dans la croyance religieuse qui implique une démission de la raison? III) La raison peut être un appui pour la croyance religieuse ; mais ce n 'est pas elle qui fait croire : elle n 'est pas l 'essence de la croyance.
Il ne faut pas pour autant renoncer à la raison lorsque l’on croit, mais la raison n’est pas la composante la plus importante de la croyance religieuse.Pascal montre ainsi que "ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment de cœur sont bienheureux et bien légitimement persuadés ", c'est-à-dire que la foi se reçoit par la "grâce ", par le cœur : « c’est le cœur qui sent Dieu et non la raison ».
Pour Pascal, c'est le cœur qui nous persuade de l'existence de Dieu, dans la mesure où Dieu est défini comme amour : c'est lui qui accorde cet amour.
« Le cœur a ses raisons que la raison ignore » , célèbre citation de P ascal appuie l’affirmation selon laquelle la foi relève du sentiment et non de la raison.
Pascal ajoute que la raison s'adresse essentiellement aux incroyants, en attendantque Dieu leur donne la grâce.
Elle ne sert à rien à ceux qui sont déjà croyants.
M ais ce n’est pas pour autant qu’il faut totalement écarter la raison.
En effet,cette action pourrait plonger le croyant dans le fanatisme.
Il n’est pas nécessaire d’avoir une opposition si forte entre croyance religieuse et raison.
On voitdonc que Pascal ne pense pas que la foi implique une démission absolue de la raison.
Mais la croyance religieuse ne repose pas essentiellement sur laraison car cette dernière est, de son point de vue, trop faible, trop bornée.
La croyance religieuse repose donc essentiellement sur la foi et les sentiments,mais également sur la raison, bien que cette dernière ne soit pas la notion centrale. La croyance religieuse n'a donc pas un fondement rationnel, mais n 'est cependant pas non plus nécessairement une démission de la raison.
En effet, elle fait appel à la combinaison de la foi, des sentiments, et de la raison.
La croyance est naturelle chez l’être humain et nie volontairement la raison.
Laraison est donc présente dans la croyance religieuse mais n’est pas son essence..
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