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La religion est-elle une démission de la raison ?

Publié le 10/10/2005

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religion
  • a) A première vue, croyance religieuse et pensée rationnelle sont extérieures l'une à l'autre ; chacune se constitue sur le plan qui lui est propre.
  •  b) Toutefois, dans la mesure où l'une et l'autre peuvent avoir à considérer les mêmes objets, ne peut-il y avoir entraide ou conflit entre elles ?
  •  c) Le problème. Si la foi donne au croyant une certitude supérieure à celle qui convainc la pensée rationnelle, la croyance religieuse n'implique-t-elle pas nécessairement une démission de la raison ?
  • 1 une raison indépendante de la foi

a) L'exemple de Descartes b) La croyance inutile ?

  • 2 la faiblesse de la raison rend la foi nécessaire
  • 3 la raison, servante de la foi
religion

« De telles tentatives ont été fortement critiquées— par Hume qui montre, de son point de vue empiriste, que les prétendues preuves de Dieu de la «religion naturelle»(celle qui entend précisément se fonder sur l'exercice de la seule raison, indépendamment de toute vérité révélée)ne constituent en fait que des débordements inacceptables des conditions normales de la pensée rationnelle et deses concepts.

Par exemple: le concept de cause n'a de sens que s'il est appliqué à des phénomènes récurrents (lacausalité suppose une répétition au moins potentielle des causes et de leurs effets); dès lors, cela n'a aucun sensde considérer Dieu comme « cause du monde », puisque ni Dieu ni le Monde ne sont des objets susceptibles de semanifester à plusieurs exemplaires.

C'est pourquoi on se trouve obligé d'admettre que Dieu est «unique en songenre», ce qui, du point de vue rationnel ou logique, n'a rigoureusement aucun sens: un genre, par définition, inclutplusieurs objets. De plus, pour Hume, toute religion qui voue un culte à Dieu se fait une fausse idée de lui.

Il est en quelque mesureimpie de prêter à Dieu la passion tout humaine de la gloire et des honneurs.

Dieu n'étant pas un souverain humain, ilne peut apprécier que l'on chante des louanges à sa gloire et que l'on s'agenouille à terre lorsqu'on prononce sonnom.La passion de la gloire, de la vénération et du culte de soi, sont de basses passions humaines qu'il n'est pasraisonnable d'imputer à Dieu, à moins de lui en supposer d'autres comme celle du mépris du souverain à l'endroit desopinions des êtres inférieurs que nous sommes pour lui.Si Dieu est Dieu, il ne peut se "complaire aux supplications, aux sollicitations, aux présents et aux flatteries".

Puisquenous sommes ses propres créatures, décidées, voulues et pétries de ses mains, il ne peut non plus s'offusquer denos péchés et de nos faiblesses.

S'il nous avait voulus parfaits, étant Dieu, il nous aurait fait parfaits.

Pieux etimpies, moraux et immoraux, bons et mauvais tout à la fois, Dieu nous a voulus et faits ainsi.Si Dieu, enfin, s'offensait réellement de nos crimes, il réserverait sa bonté et son indulgence à ceux qui s'efforcentde le tenir loin de toutes les passions et de tous les sentiments humains.Ou bien encore, il préférerait les sceptiques, ceux qui choisissent de suspendre leur jugement et de garder le silencequant aux questions qui dépassent de loin tout entendement et toute mesure humaine.

Une véritable religionnaturelle ne peut être que déiste et débarrassée de tout anthropomorphisme : si Dieu existe, c'est l'Être suprêmedont la nature et les attributs nous sont et nous restent totalement inconnaissables. — par Kant qui a montré que l'argument ontologique prouve, non pas l'existence de Dieu, mais seulement sapossibilité, c'est-à-dire l'absence de contradiction entre ce qu'implique son concept et les conditions demanifestation de tout «objet» en général, mais du même coup l'incapacité où nous sommes de décider de sonexistence ou non, dans la mesure où il est un pur noumène, et n'offre aucune manifestation phénoménalepermettant de faire l'expérience de son existence. Pour Kant, les preuves de l'existence de Dieu sont des niaiseries.

Il n'est pas possible de prouver l'existence d'unêtre transcendant.

Il est impossible de connaître un être qui nous dépasse.

Dans l'argument ontologique, le premierconcept, ce n'est pas Dieu mais l'idée de Dieu.

Si nous disons Dieu, nous supposons qu'il existe avant même de ledémontrer.

L'idée de Dieu est l'idée d'un être qui possède toutes les perfections.

Or, un être parfait est un être quiexiste, donc l'idée de Dieu existe.

Il s'agit pour Kant d'un jugement analytique du type : un tri-angle a trois angles.Un tel jugement n'ajoute rien à l'idée de triangle.

Le prédicat est contenu dans le sujet.

Les propriétés du trianglesont contenues dans le concept même de triangle.

L'argumentation de Descartes reste donc au niveau des idées.

Lapreuve ontologique n'est qu'une misérable tautologie.

Pour Kant le concept n'est qu'une possibilité logique mais onne peut pas conclure de la possibilité logique des concepts à la possibilité réelles des choses.

Autrement dit, del'idée d'un Etre parfait, j'ai bien le droit de conclure à l'idée que l'existence doit lui appartenir, mais nullement à sonexistence elle-même.

Dans la preuve cartésienne, le passage à l'existence, du Logique à l'Ontologique est indu.

Leconcept est toujours possible quand il n'est pas contradictoire.

Ainsi, par exemple, le concept de carré est possiblesi je ne lui attribue pas deux prédicats contradictoires.

A contrario, « poser un triangle en en supprimant les troisangles est contradictoire », mais si je fais disparaître à la fois le triangle et les trois angles, « il n'y a plus là decontradiction ».

Il en est exactement de même du concept d'un être absolument nécessaire.

Si vous lui ôtezl'existence, vous supprimez la chose avec tous ses prédicats : « Si je supprime le prédicat d'un jugement en mêmetemps que le sujet, il ne peut jamais en résulter une contradiction interne ».

Ainsi , pour Kant, l'existence ne peut seconstater que par la voie empirique et non par la Raison.

Il faut distinguer le niveau des idées de celui de la vie.Existe-t-il un Dieu réel ? Nous ne pouvons pas répondre en nous appuyant sur les principes de la Raison.Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes, la raison apparaissait comme l'instrument infaillibled'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant, l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à unecritique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et sesprétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites del'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible(le Moi, le monde, Dieu).« Etre n'est évidemment pas un prédicat réel, c'est-à-dire un concept de quelque chose qui puisse s'ajouter auconcept d'une chose.

C'est simplement la position d'une chose ou de certaines déterminations en soi.

[...] Le réel necontient rien de plus que le simple possible.

Cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalerspossibles.

Car, comme les thalers possibles expriment le concept, et les thalers réels l'objet et sa position en lui-même, si celui-ci contenait plus que celui-là, mon concept n'exprimerait plus l'objet tout entier, et par conséquent iln'y serait plus conforme.

Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avec leur simple concept (c'est-à-direqu'avec leur possibilité).

En effet, l'objet en réalité n'est pas simplement contenu d'une manière analytique dans mon. »

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