La religion est-elle l'ennemie de la raison ?
Publié le 23/03/2009
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a. La religion comme ennemie de la raison: le fanatisme – Il arrive que la religion soit parfois l'ennemie (mortelle) de la raison; c'est principalement le cas avec le fanatisme. – Définition du fanatique dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie, de Lalande: « intolérant, passionné pour le triomphe de sa propre foi, insensible à toute autre chose, prêt à employer la violence pour convertir ou pour détruire ceux qui ne la partagent pas «. – Démarche totalement contraire à l'attitude de maîtrise de soi, de mesure et de respect de l'autre imposés par la raison; – Mais aussi contraire à ce que prêche la religion en termes d'amour du prochain.
Le mot religion vient du latin religere qui signifie relier ; la religion a pour essence d’unir les Hommes autour d’une force supérieure. Elle fait intervenir la foi, du latin fides qui signifie confiance. La raison elle se définit par la santé mentale, l’autonomie et la liberté que possède un individu, sa capacité à juger ce qui l’entoure, à avoir un sens critique. Nous chercherons donc à savoir si la croyance peut être un danger pour la liberté, le sens critique, si celles-ci s’opposent, se confrontent ; si liberté et croyance sont impossibles à associer. La problématique est donc la suivante : Est-il légitime de définir la croyance comme une mise en danger de la liberté intellectuelle, de l’autonomie critique ? Nous tenterons de répondre à ce problème sous différents aspects, en montrant tout d’abord que la raison et la religion ne s’opposent pas naturellement. Puis nous montrerons que pourtant la religion peut parfois mettre la raison en danger. Enfin nous montrerons que la religion si elle respecte les codes fondamentaux de l’Homme ne met pas en danger la raison.
- A 1° vue, la religion semble être effectivement l’ennemie de la raison.
- Pourtant, la raison semble pouvoir se concilier avec la religion.
- Un respect mutuel au lieu d'une logique de guerre et d'affrontement
«
permettant de s'acheminer sans peine sur la voie de la vérité, à la condition de les débarrasser de leur superflu etde leurs défauts.
La logique est en effet embarrassée de nombreux syllogismes qui ne nous apprennent rien que l'onne sache déjà.
Le syllogisme explique ou développe la connaissance, mais ne l'étend d'aucune manière.
Lagéométrie, limitée à la considération des figures dans l'espace, "exerce l'entendement en fatiguant beaucoupl'imagination".
Enfin l'algèbre, outre qu'elle traite de "matières fort abstraites qui ne semblent d'aucun usage", esttrop dépendante des règles et des chiffres pour ne pas être parfois confuse et obscure.
Il suffit de tirer de ces troisdisciplines un petit nombre de règles pour établir une méthode universelle de la vérité qui servira en tous les cas, àla condition qu'on s'attache à les respecter scrupuleusement.
La première règle est celle de l'évidence : "ne recevoirjamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle".
Pour cela il faut éviter la précipitationet la prévention.
La précipitation est une impatience qui nous fait juger ou conclure trop tôt ; et la prévention estun parti pris ou un préjugé qui fait obstacle à la considération rationnelle d'un problème, ou encore une dispositiond'esprit affective ou sentimentale qui nous pousse sans raison d'un côté plutôt que de l'autre, avant même que nousayons soigneusement examiné la question.
Cette première règle revient à n'admettre que ce qui se présente "siclairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute".
La deuxièmerègle est une règle de division ou d'analyse.
Pour chaque problème donné, il convient de le diviser en ses partiesélémentaires.
La difficulté apparente se résorbe lorsque la complexité est soumise au traitement de l'analyse, c'est-à-dire divisée en parties distinctes les unes des autres.
Cette deuxième règle prescrit de "démonter" les données duproblème, afin de le "mettre à plat" pour distinguer clairement et distinctement ses parties élémentaires.
La troisièmerègle est celle de l'ordre.
Il faut apprendre partout et toujours à conduire par ordre ses pensées.
Pour cela, ilconvient de commencer par les choses les plus faciles et les plus simples à connaître, pour s'élever ensuite pardegrés successifs vers les plus compliquées.
Si l'ordre est respecté, la progression du simple vers le complexe sefera sans difficultés.
Ce respect de l'ordre est capital : si d'aventure il ne s'en trouve pas naturellement entre deuxparties d'un problème, il faudra en supposer un pour ne pas rompre l'enchaînement logique de la réflexion.
Cettetroisième règle succède logiquement à la deuxième, comme opération de synthèse qui reconstruit avec ordre etlogique ce que la règle d'analyse nous prescrivait de "démonter" ou d'analyser.
Enfin, la quatrième règle est celle dela vérification.
Il s'agit de passer en revue les opérations antérieures pour s'assurer de n'avoir rien oublié.
Tout ceque nous pouvons connaître se laisse ainsi ramener au traitement de ces quatre opérations simples qui ne laissentaucune place à l'erreur.
– Relatif mépris du mythe par les philosophes, qui y voient surtout un langage imagé là où il faudrait trouver unlangage conceptuel rigoureux et précis: « Mais les subtilités mythologiques ne méritent pas d'être soumises à unexamen sérieux.
Tournons-nous plutôt du côté de ceux qui raisonnent par la voie de la démonstration », Aristote,Métaphysique.
3.
La foi comme intuition indémontrable rationnellement
– Saint Augustin s'adressant à Dieu dans ses Confessions et disant comment il a trouvé la foi dans son «for intérieur»: « j'y entrai et je vis avec l'oeil de mon âme, si peu pénétrant qu'il fût, au-dessus de cet oeil de l'âme, au-dessusde mon intelligence, la lumière immuable; non pas cette lumière vulgaire qu'aperçoit toute chair, non plus qu'unelumière du même genre, mais apparemment plus puissante, beaucoup plus éclatante, et remplissant de sa force toutl'espace.
» – La foi est donc présentée comme « au-dessus » de la raison: mais alors qui contrôlera sa validité?– Et si la lumière divine est si éclatante, comment la comprendre avec précision, avec des « idées claires etdistinctes » (Descartes), et comment en parler, puisque les mots du langage restent très liés à la raison et à notrecapacité de compréhension?
II.
Néanmoins des éléments de parenté indéniables
1.
La véritable religion n'est pas le mythe
– Distinguer plus précisément mythe et religion, surtout à propos des trois grandes religions monothéistes.– Dans une certaine mesure, ces religions ont recours à des récits mythiques, imagés et construits comme des «histoires » au rôle explicatif.– Mais elles visent essentiellement à nous détacher des réa-lités matérielles pour nous élever à des conceptionsspirituelles qui se démarquent de tout ancrage concret.
– D'où, par exemple, « l'interdit des images », qui consiste àempêcher la représentation (et parfois même la nomination) de Dieu.– De plus, le mythe est une tradition orale alors que les grandes religions reposent sur des textes.– Enfin, les religions visent une transformation des individus et de la société à travers leurs croyances alors que lesmythes jouent plutôt un rôle « conservateur » vis-à-vis de l'ordre établi.
2.
Une même exigence éthique
– Dans cette perspective, parenté indéniable de raison et religion: conduire l'homme vers une existence morale etune claire conscience du Bien et du Mal.– En appeler à la compréhension mutuelle et au respect pour construire une paix durable.– Faire passer l'homme de « l'état de nature » à la civilisation par la maîtrise des passions et l'imposition d'interditsconstructifs (lorsqu'ils ne sont pas excessifs, ce qui peut être autant le cas avec le puritanisme rationnel qu'avec ledogmatisme religieux)..
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