La religion est-elle fondée sur la peur de la mort ?
Publié le 28/02/2004
Extrait du document
«
La mort n'est rien pour nous.
La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanitéd'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.
Les hommesont peur de la mort.
Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisémentle saut dans l'absolument inconnu.
Ils ne savent pas ce qui les attendet craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soientinfligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens,par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu lepardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.
La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysiquematérialistes nous libère.
De plus, si tout dans l'univers n'est fait que dematière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que desagrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomesqui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui sedécompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puisen tous.
Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après lamort, « la mort n'est rien pour nous ».
Ceux qui pensent que la vie ducorps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et quecette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.
Car l'âmeelle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ;mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décomposelorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première àse décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et demouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps àcommencer à se décomposer.
Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : «Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans lasensation, et que la mort est absence de sensation.
»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la sourcede toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de toutmal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.
Nous pouvons désigner la pensée d'Epicurecomme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.
La mort étant la disparition dessensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.
Il ne peut pas y avoir davantage de survie dela conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisquelorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.
»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.
Et je sais quec'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.
Mon bonheur dansla vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.
Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste.
La religion est une consolationLa religion peut être aussi conçue comme une consolation morale devant la souffrance et la mort.
En croyantà la vie éternelle, l'homme rend le malheur et la mort plus supportables.
C'est ce que pensent et dénoncentMarx et Freud.Pour Freud, la religion ‘est pas la compensation illusoire de la misère économique et sociale, mais de la misèrepsychologique.
Dans « L'avenir d'une illusion », Freud montre que les exigences répressives de la « civilisation» entrent en conflit avec les instincts, les désirs sexuels et agressifs qui caractérisent la « constitutionanimale » de l'homme.
Le « secret » de la force des « illusions religieuses » tient précisément à la force de cesdésirs frustrés.
La religion a une fonction consolante parce qu'elle offre la perspective d'un au-delà danslequel le désir trouvera sa satisfaction.
Mais elle répond aussi au besoin de protection et d'amour de l'hommepar l'image d'une Providence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : « Nous le savons déjà : l'impressionterrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'être protégé –protégé en étant aimé- besoin auquelle père a satisfait : la reconnaissance du fait que l'homme s'est cramponné à un père, à un père cette foisplus puissant.
L'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant dela Providence divine.
» Ainsi, donc, pour Freud, la religion est une illusion engendrée par le désir et c'est del'image paternelle que provient l'idée de Dieu.
[Religion et raison.].
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