LA RELIGION - Cours complet de Philosophie
Publié le 21/04/2012
Extrait du document
«
donc y avoir du sacré sans religion instituée.
Qu’est-ce qui distingue alors la religion d’autres formes de
sacralité ? C’est la transcendance du sacré qui distingue la religion, à la différence de la magie .
Dans cette
dernière, le sacré est contenu dans les objets magiques, alors qu’un objet religieux est un symbole , qui désigne le
sacré, sans le contenir : une croix renvoie à la transcendance de Dieu, mais n’est qu’une représentation.
Dans la
foi, le sacré n’est donc pas immanent aux objets sacrés mais au-delà du sensible.
C’est là une différence
importante avec la magie, qui prétend agir sur le réel au moyen du sacré, puisque celui-ci est présent dans le réel
et a une efficacité tangible ,un pouvoir effectif (le mana) .
Dès lors, le sacré magique est susceptible d’être
manipulé par les hommes, par exemple en amadouant les dieux par des prières ou des offrandes.
Il s’agit de se
rendre les dieux propices, d’où des rites propitiatoires par lesquels on cherche à agir sur la volonté des dieux.
La relation à la divinité est alors intéressée : l’amour porté aux dieux est d’abord fait de crainte et non de
dévotion gratuite.
Il s’agit presque d’acheter les dieux.
Or, lorsque le sacré est posé comme transcendant, inutile
d’essayer d’agir sur lui, puisqu’il est radicalement séparé du réel.
Il ne s’agit pas alors d’essayer de le rabaisser à
nos basses préoccupations, mais de s’élever vers lui.
Aussi la prière authentique est-elle une source d’élévation
pour l’âme.
2/ L’amour de Dieu doit être gratuit. Par conséquent, celui qui s’adresse à la divinité pour faire commerce
avec elle, par des sacrifices par exemple, est engoncé dans la pensée magique et n’a pas la foi authentique, qui ne
doit rien exiger de Dieu.
La relation au divin est asymétrique, aussi les règles humaines de l’échange n’ont-elles
pas cours ici, car le rapport au divin ne saurait être monnayé, comme le rappelle Jésus aux marchands du
temple : « ne faites pas de la maison de mon père une maison de commerce » ( Evangile de Jean, II, 14-16).
Ainsi, l’amour porté à Dieu n’est pas un amour terrestre qui implique la réciprocité et une forme de contrat entre
les amants.
A la place de cet amour symétrique qui gouverne la loi juive dans le Deutéronome , Jésus promeut le
pur amour de Dieu, qui prend corps dans la foi désintéressée ,en distinguant la philia ,l’amour réciproque, et
l’agapè, l’amour gratuit ( Evangile de Jean , XXI, 15-18).
La foi est donc toujours menacée de se dénaturer en
croyance magique.
La foi implique la grâce, c’est-à-dire une béatitude qui n’a pas été cherchée.
Le sacré ne
suffit donc pas à définir la religion, car il y a une forme de sacré qui est superstitieuse, à savoir le sacré
immanent, qui croit pouvoir commercer avec les dieux.
Il faut donc désormais examiner ce qui distingue la
religion authentique de la superstition.
B/ Foi et superstition. Alors que la superstition est une menace qui pèse plus particulièrement sur la nature de la
croyance dans son aspect vertical, les sectes sont une dénaturation de la dimension horizontale de la croyance,
puisqu’elle pervertit l’organisation communautaire de la religion, en manipulant également la nature de la
croyance.
La superstition est donc une composante essentielle des sectes.
La superstition est une croyance qui provient d’un défaut de connaissance.
L’analogie avec la foi s’arrête ici, car
la superstition prend sa croyance pour une connaissance et croit se situer sur le terrain de la science.
Dans
l’Ethique, Spinoza a fort bien vu ce qui distinguait la foi de la superstition : cette dernière est un « asile de
l’ignorance » qui prend ses hypothèses farfelues pour des certitudes de fait .
Or, la foi n’implique aucune
connaissance de fait : elle ne se situe pas sur le terrain de la science.
La foi ne confond pas ce qui est (le fait) et
ce qui devrait être (le droit) : sa confiance en Dieu (ou n’importe quelle forme de transcendance) est une
confiance qui relève des valeurs et non des faits.
Il serait tellement plus beau que Dieu soit : le monde serait ainsi
sauvé de l’absurdité ! La foi, on aura à y revenir, est une certitude morale et non épistémique : elle concerne les
valeurs que l’on choisit comme tuteurs existentiels, et non les connaissances que l’on tient pour définitives.
Dieu
est donc une valeur, et pas n’importe laquelle : c’est la valeur absolue, de laquelle toute valeur dépend.
Car s’il
est vrai que ce sont les valeurs qui nous permettent de nous orienter dans l’existence, alors Dieu est le repère
fondamental.
La superstition commence lorsque le croyant confond l’ordre des vérités axiologiques – c’est-à-
dire le monde des valeurs – et l’ordre des vérités gnoséologiques – c’est-à-dire le monde de la connaissance
factuelle.
C/ Religion, sectes et intégrisme. Comme les religions, les sectes ont une organisation complexe, une autorité
(le gourou) et une liturgie.
Mais c’est le mode d’adhésion qui distingue la croyance sectaire de la foi religieuse.
Le caractère proprement religieux de la foi risque de dépérir, lorsque son allégeance à la parole humaine censée
être dépositaire de la parole divine prend le pas sur l’intimité de la foi elle-même.
C’est ce qui autorise Bergson ,
dans Les Deux Sources de la morale et de la religion, à considérer la religion statique (la dimension horizontale
de la croyance : dogmes, liturgie, communauté) comme inférieure à la religion dynamique (la foi dans sa
dimension verticale).
C’est toujours la foi intime qui doit être le c œur du religieux, et la frontière entre
sectarisme et religiosité commence à se dissiper lorsque la foi en Dieu se dissout dans la confiance en ses porte-
paroles (témoins, prophètes, saints).
Car la confiance en l’autorité religieuse doit toujours être moindre que la foi
en Dieu, et ne subsister que tant que le témoin répond à l’appel de la foi solitaire.
Le témoin n’est jamais qu’un.
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