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LA RELIGION - Cours complet de Philosophie

Publié le 21/04/2012

Extrait du document

religion

BIBLIOGRAPHIE
 
Ouvrages d’initiation.
 
CAVALLIER, F., La Religion, Ellipses [Un petit cours solide et philosophiquement très fin]
FOESSEL, M., La Religion, GF Corpus [Anthologie commentée, très riche]
ROGNON, F., La Religion, Hatier, « Profil « [Recueil de textes présentés, avec des éléments de cours]
 
Sur l’étymologie du terme :
 
BENVENISTE, Vocabulaire des institutions européennes, t. II, p. 271-272
CICERON, De Natura Deorum, II, 3, 8 ; II, 28, 72
LACTANCE, Institutions divines, III, 9
 
Le débat sur la religion naturelle et les preuves de l’existence de Dieu
 
DESCARTES, Méditations métaphysiques, IV
HUME, Dialogues sur la religion naturelle
LEIBNIZ, Principes de la nature et de la grâce fondés en raison ; La Cause de Dieu
SAINT ANSELME, Proslogion, fides quaerens intellectum
 
Sur le Mysticisme
 
DE LIBERA, A., La Mystique rhénane
HULIN, M., La Mystique sauvage
 
Le fidéisme et la critique de la superstition.
 
BRECHT, Histoires de Monsieur Keuner
Nouveau Testament, Evangile selon Saint Jean
PASCAL, Pensées ; Lettre IV à Charlotte de Roannez (29 oct. 1656) ; Mémorial
PLATON, Euthyphron ; République, X
PSEUDO-PLATON, Alcibiade mineur ou sur la prière
SPINOZA, Ethique
 
Les critiques de la religion
 
MARX&ENGELS, Sur la religion ; Critique de la philosophie du droit de Hegel
NIETZSCHE, L’Antéchrist ; Le Gai Savoir, §§108, 125, 343, 344
FREUD, L’Avenir d’une illusion ; L’Homme Moïse et la religion monothéiste ; Totem et tabou
 
Sur la nature de la religion :
 
BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion
CAILLOIS, R., L’Homme et le sacré
DURHEIM, Les Formes élémentaires de la vie religieuse
ELIADE, M., Aspects du mythe
KANT, La Religion dans les limites de la simple raison
WEBER, M., Sociologie des religions
 
Religion, tolérance, laïcité
 
GAUCHET, M., La Religion dans la démocratie
GAUCHET, M., Le Désenchantement du monde
GAUCHET, M., FERRY, L., Le Religieux après la religion
HABERMAS, J., Entre naturalisme et religion
SPINOZA, Traité théologico-politique

INTRODUCTION : AUX ORIGINES DU SENTIMENT RELIGIEUX. Comme toute réalité culturelle – langage, art, technique et histoire –, la religion est le propre de l’homme, à tel point que l’on a pu définir l’homme comme Homo religiosus et parler, comme Schopenhauer, d’un « besoin métaphysique de l’humanité « le poussant à croire en une réalité alternative qui transcenderait son existence sensible. D’où vient alors ce besoin de croire ?
 
Origine existentielle de la conscience religieuse. Parce qu’il n’est pas rivé à l’immédiateté, à l’urgence des besoins, comme l’animal, l’homme vit dans le temps, et non seulement au présent : il se projette dans le futur et ne cesse de faire retour sur son passé pour comprendre son présent. Cette historicité de la vie humaine ne peut que buter devant l’idée de sa propre abolition dans la mort. L’homme est l’être qui sait qu’il va mourir, de sorte que toute conscience, de ce point de vue, est originairement la conscience de sa propre finitude. Cet achèvement qui constitue l’horizon de toute vie humaine semble mettre en péril, voire annihiler, le sens des projets humains : si tout doit connaître une fin, à quoi bon construire quoi que ce soit ? La condition humaine semble ainsi une condition absurde.
 
Les deux dimensions de la croyance religieuse. C’est donc pour exorciser la peur de la mort, et l’absurdité qui lui est corrélative, que l’attitude religieuse se fait jour : il s’agit, comme l’indique l’étymologie imaginée par les Pères de l’Eglise – religare , « relier «, de relier l’homme à une forme de transcendance qui conférerait un sens à son existence. Cette première dimension implique donc un premier type de lien, vertical, entre le croyant et l’objet de sa croyance. Mais si la religion ne tenait qu’à cette relation individuelle entre le fidèle et la transcendance, le feu de la croyance s’éteindrait faute d’être entretenu. Dans la création et le maintien de la croyance intervient donc un autre type de lien : la croyance se renforce en se communiquant. 
I/ La religion et ses contrefaçons

II/ Foi et raison
 III/ Qu’y a-t-il après la mort des dieux ?

IV/ Trois approches du fait religieux : Pascal, Hume, Nietzsche.
 




religion

« donc y avoir du sacré sans religion instituée.

Qu’est-ce qui distingue alors la religion d’autres formes de sacralité ? C’est la transcendance du sacré qui distingue la religion, à la différence de la magie .

Dans cette dernière, le sacré est contenu dans les objets magiques, alors qu’un objet religieux est un symbole , qui désigne le sacré, sans le contenir : une croix renvoie à la transcendance de Dieu, mais n’est qu’une représentation.

Dans la foi, le sacré n’est donc pas immanent aux objets sacrés mais au-delà du sensible.

C’est là une différence importante avec la magie, qui prétend agir sur le réel au moyen du sacré, puisque celui-ci est présent dans le réel et a une efficacité tangible ,un pouvoir effectif (le mana) .

Dès lors, le sacré magique est susceptible d’être manipulé par les hommes, par exemple en amadouant les dieux par des prières ou des offrandes.

Il s’agit de se rendre les dieux propices, d’où des rites propitiatoires par lesquels on cherche à agir sur la volonté des dieux. La relation à la divinité est alors intéressée : l’amour porté aux dieux est d’abord fait de crainte et non de dévotion gratuite.

Il s’agit presque d’acheter les dieux.

Or, lorsque le sacré est posé comme transcendant, inutile d’essayer d’agir sur lui, puisqu’il est radicalement séparé du réel.

Il ne s’agit pas alors d’essayer de le rabaisser à nos basses préoccupations, mais de s’élever vers lui.

Aussi la prière authentique est-elle une source d’élévation pour l’âme. 2/ L’amour de Dieu doit être gratuit. Par conséquent, celui qui s’adresse à la divinité pour faire commerce avec elle, par des sacrifices par exemple, est engoncé dans la pensée magique et n’a pas la foi authentique, qui ne doit rien exiger de Dieu.

La relation au divin est asymétrique, aussi les règles humaines de l’échange n’ont-elles pas cours ici, car le rapport au divin ne saurait être monnayé, comme le rappelle Jésus aux marchands du temple : « ne faites pas de la maison de mon père une maison de commerce » ( Evangile de Jean, II, 14-16). Ainsi, l’amour porté à Dieu n’est pas un amour terrestre qui implique la réciprocité et une forme de contrat entre les amants.

A la place de cet amour symétrique qui gouverne la loi juive dans le Deutéronome , Jésus promeut le pur amour de Dieu, qui prend corps dans la foi désintéressée ,en distinguant la philia ,l’amour réciproque, et l’agapè, l’amour gratuit ( Evangile de Jean , XXI, 15-18).

La foi est donc toujours menacée de se dénaturer en croyance magique.

La foi implique la grâce, c’est-à-dire une béatitude qui n’a pas été cherchée.

Le sacré ne suffit donc pas à définir la religion, car il y a une forme de sacré qui est superstitieuse, à savoir le sacré immanent, qui croit pouvoir commercer avec les dieux.

Il faut donc désormais examiner ce qui distingue la religion authentique de la superstition. B/ Foi et superstition. Alors que la superstition est une menace qui pèse plus particulièrement sur la nature de la croyance dans son aspect vertical, les sectes sont une dénaturation de la dimension horizontale de la croyance, puisqu’elle pervertit l’organisation communautaire de la religion, en manipulant également la nature de la croyance.

La superstition est donc une composante essentielle des sectes. La superstition est une croyance qui provient d’un défaut de connaissance.

L’analogie avec la foi s’arrête ici, car la superstition prend sa croyance pour une connaissance et croit se situer sur le terrain de la science.

Dans l’Ethique, Spinoza a fort bien vu ce qui distinguait la foi de la superstition : cette dernière est un « asile de l’ignorance » qui prend ses hypothèses farfelues pour des certitudes de fait .

Or, la foi n’implique aucune connaissance de fait : elle ne se situe pas sur le terrain de la science.

La foi ne confond pas ce qui est (le fait) et ce qui devrait être (le droit) : sa confiance en Dieu (ou n’importe quelle forme de transcendance) est une confiance qui relève des valeurs et non des faits.

Il serait tellement plus beau que Dieu soit : le monde serait ainsi sauvé de l’absurdité ! La foi, on aura à y revenir, est une certitude morale et non épistémique : elle concerne les valeurs que l’on choisit comme tuteurs existentiels, et non les connaissances que l’on tient pour définitives.

Dieu est donc une valeur, et pas n’importe laquelle : c’est la valeur absolue, de laquelle toute valeur dépend.

Car s’il est vrai que ce sont les valeurs qui nous permettent de nous orienter dans l’existence, alors Dieu est le repère fondamental.

La superstition commence lorsque le croyant confond l’ordre des vérités axiologiques – c’est-à- dire le monde des valeurs – et l’ordre des vérités gnoséologiques – c’est-à-dire le monde de la connaissance factuelle. C/ Religion, sectes et intégrisme. Comme les religions, les sectes ont une organisation complexe, une autorité (le gourou) et une liturgie.

Mais c’est le mode d’adhésion qui distingue la croyance sectaire de la foi religieuse. Le caractère proprement religieux de la foi risque de dépérir, lorsque son allégeance à la parole humaine censée être dépositaire de la parole divine prend le pas sur l’intimité de la foi elle-même.

C’est ce qui autorise Bergson , dans Les Deux Sources de la morale et de la religion, à considérer la religion statique (la dimension horizontale de la croyance : dogmes, liturgie, communauté) comme inférieure à la religion dynamique (la foi dans sa dimension verticale).

C’est toujours la foi intime qui doit être le c œur du religieux, et la frontière entre sectarisme et religiosité commence à se dissiper lorsque la foi en Dieu se dissout dans la confiance en ses porte- paroles (témoins, prophètes, saints).

Car la confiance en l’autorité religieuse doit toujours être moindre que la foi en Dieu, et ne subsister que tant que le témoin répond à l’appel de la foi solitaire.

Le témoin n’est jamais qu’un. »

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