Devoir de Philosophie

La religion conduit-elle l'homme au-delà de lui-même ?

Publié le 21/01/2004

Extrait du document

religion

• Comment définir, tout d'abord, la notion de religion ? Une religion représente un système de croyances, de pratiques et de rites relatifs à une réalité sacrée, séparée du monde profane. Il y a, dans cette idée de religion, le thème d'une obligation envers les dieux. L'étymologie de ce mot est, d'ailleurs, incertaine : on pense généralement que religio se rattache à relegere, respecter, alors que la plupart des Anciens tiraient religio de religare, unir, lier. En somme, la religion serait une institution sociale manifestant un respect ou une obligation envers les dieux ou Dieu.  Le verbe « conduire « signifie mener quelqu'un, diriger, faire aller dans une certaine direction. Il suggère toujours l'idée d'un itinéraire ou d'un cheminement. Le terme « d'homme «, quant à lui désigne, soit l'être appartenant à l'espèce animale la plus évoluée de la terre, soit la personne et le sujet. Il sera ici possible de jouer de cette double acception. Cependant l'expression «au-delà de lui-même« se réfère essentiellement à l'esprit de l'homme, quasiment irréductible aux choses.  L'intitulé du sujet possède donc cette signification : les croyances, pratiques et rites relatifs à une réalité sacrée, séparée du monde profane, conduisent-ils le sujet humain au-delà de lui-même, en un lieu se situant au-delà de sa propre personne, en un mouvement transcendant infiniment nos données et particularités, loin de toute immanence, de tout être-là, en cette zone qui est celle du Sacré ou de l'Être, ces deux derniers termes n'étant, évidemment, nullement synonymes, mais renvoyant, l'un et l'autre, à quelque Présence fondamentale donnant signification à notre être-là ?  • Le problème posé dans cet intitulé de sujet est donc celui de savoir si la religion nous ouvre à une vérité fondamentale, dépassant la sphère empirique ou quotidienne, si elle représente un cheminement et un itinéraire authentique vers le vrai ou bien si elle n'exprime que l'impuissance de l'homme, sa présence pure et simple dans le monde, son « être-là « quotidien.  

  • 1. La religion comme invitation faite à l'homme de se dépasser.
  • 2. La religion comme tendance fondamentale de la nature humaine.

 

  • 3. Le sens spirituel de cette tendance.

 

religion

« 1.

La religion comme invitation faite à l'homme de se dépasser. L'expression au-delà de lui-même nous invite à considérer en quoi la religion est, pour l'homme, le moyen de sedépasser lui-même.

N'est-il pas en effet évident que la religion en général, en proposant à l'homme une réalisationde son être dans sa vie terrestre comme dans sa vie future, le guide dans le sens d'une négation de ce qu'il estnaturellement? Toute religion demande au fidèle, au croyant, un détachement : il doit s'efforcer de rompre avec sacondition terrestre d'existence.

La religion serait alors à comprendre comme l'effort incessant des hommes pourparvenir à s'éclairer eux-mêmes et révéler la part divine de leur personne.

Pradines déclare ainsi que « la religionn'est peut-être que l'effort éternel [...j de l'âme pour éclaircir en elle une obscurité immanente et pour se convertiren pure lumière.

Cette participation de l'homme au divin, par lequel il se trouve appelé, n'est-elle pas justement unemanière de l'amener à surmonter en lui la nature sensible de son être ? C'est dans le sens d'un gain futur qu'il faut lecomprendre : l'homme n'est pas encore tout ce qu'il peut être.

La religion est le moyen de le conduire à une formed'existence qui est négation de la nature animale en lui et, en même temps, révélation de son lien avec un dieu etaccomplissement de sa nature divine.

L'homme répond ainsi à un appel divin, découvre en lui une vocation religieuse,capable d'orienter de manière décisive son existence.Par ce biais, la religion s'avère apte à rendre l'homme sublime : elle propose à l'homme un chemin difficile, celui de lasainteté et de la piété.

La religion est alors capable d'inspirer à l'homme le sens de sa grandeur de telle manière qu'ilsoit conduit à faire l'effort de dominer en lui une nature indomptée (que l'on songe, par exemple, aux ritesascétiques).

Il découvre en lui une capacité de se sublimer.

C'est pourquoi il est nécessaire d'insister sur ladimension surnaturelle à laquelle la religion prétend rattacher l'homme.

Elle le conduit ainsi à envisager le monde, lesêtres, lui-même sous un jour nouveau, celui de l'union mystique, de la réconciliation dans l'être divin (tous leshommes, par exemple, sont des frères » puisque tous fils d'un même Père).

Les valeurs morales s'en trouvent elles-mêmes dépassées : comme le dit Gusdorf, le sacré se situe par-delà le bien et le mal L'accès au surnaturel sedouble ainsi toujours d'un mouvement de négation de l'ordre seulement humain et propose une conduite, un modèlede vie, des valeurs de substitution qui sont sans commune mesure avec ce que l'homme appelle morale (possibilitéde montrer, par exemple, les différences entre charité/justice, fraternité/amitié, pureté/honnêteté). 2.

La religion comme tendance fondamentale de la nature humaine. Cependant, si la religion propose un dépassement devant conduire l'homme au-delà de lui-même, le réalise-t-ellevraiment ? Si l'on considère la dimension sociale et historique de toutes les formes de la vie religieuse, il apparaîtalors qu'il faut bien distinguer« religion » et "attitude religieuse".

Cette distinction s'avère alors utile pour dire que,en croyant, l'homme ne fait au fond qu'accomplir sa nature spirituelle humaine.

La religion se présente aux hommescomme un moyen naturel de penser un au-delà de leur condition.

Mais cela ne veut pas dire qu'elle conduitréellement l'homme à aller au-delà de lui-même ; bien au contraire, en devenant religieux, il ne fait qu'accomplir l'unedes possibilités de sa nature.

Le sens du sacré, le sens du divin peuvent en effet s'expliquer de manière naturaliste,c'est-à-dire sans avoir recours à une quelconque dimension surnaturelle qui serait présente en l'homme etexpliquerait son attitude religieuse.

Projection de sa propre nature, mais non dépassement de celle-ci, c'est par cebiais que peut s'amorcer une critique de la religion et de l'attitude religieuse.

Expression de la folie inhérente àl'homme, expression d'un besoin de consolation (Marx), désir infantile du Père (Freud), les perspectives ne manquentpas pour mettre en relief le caractère profondément humain du fait religieux.

La religion n'autorise pas alors à parlerde dépassement de l'homme.

Elle ne fait que réaliser la dimension a mythogénique » de la raison, la capacité defabriquer des mythes ou des religions.

Si la raison est » naturellement mystique reste à savoir quel sens il fautattribuer à cette mystérieuse faculté inhérente à la nature de l'homme. 3.

Le sens spirituel de cette tendance. Il s'agit donc de montrer, maintenant, que l'opposition ne suffit pas pour répondre à la question posée.

On peutcomprendre en quoi la religion s'explique par un mouvement de transcendance que l'homme peut exercer sur ce qu'il est.

En même temps, elle peut se ramener à une expression naturelle (immanente) de l'humain.

Il serait maintenantnécessaire d'essayer de comprendre positivement l'attitude religieuse de l'homme, c'est-à-dire d'expliquer l'effortmême dont elle témoigne.

Plusieurs points peuvent être examinés : * nécessité pour l'homme, d'aspirer à un savoir complet : la religion vient ici combler les incertitudes de la rationalitépropre à la philosophie et à la science ; * réalisation de la nature morale de l'homme par sublimation de ses devoirs et maîtrise de ses penchants sensibles ;. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles