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La réduction des inclinations

Publié le 12/05/2012

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Est-il possible de réduire les instincts et inclinations de l'homme à l'unité ? Déjà les tableaux qui précèdent composent une forte réduction, car les inclinations de l'homme sont très nombreuses et l'on doit les distribuer en quelques groupes, par catégories homogènes. Mais ne peut-on poursuivre plus avant cet effort de réduction et ramener à l'unité les diverses catégories elles-mêmes ? C'est à cette idée que répondent les tentatives de LA RocHEFOUCAULD, de HOBBES et de FREUD.

 

1. Le primat de l'intérêt et de l'égoïsme. - LA RocHEFoucAuLD affirme que " les vertus vont se perdre dans l'intérêt comme les fleuves dans la mer " et que tout en nous procède de l'amour-propre, c'est-à-dire de l'amour de soi-même et de toutes choses pour soi. La thèse de HoBBES, exposée dans son Léviathan, va dans le même sens que celle de LA RocHEFOUCAULD, mais s'encadre dans une théorie complexe sur l'origine de la société humaine et du pouvoir politique. D'après HoBBEs, l'état originel de l'humanité est l'état de guerre et d'anarchie...

« ---- ~-~ -~- ~~-- --~ 350 LES INCLINATIONS nome, qui les fit estimer pour elles-mêmes.

Il n'en reste pas moins que tout dérive de l'égoïsme, qui est l'instinct fonda­ mental et même le seul instinct de l'homme.

315 2.

Discussion.

- La théorie de HoBBES a eu une grande fortune.

Adoptée par les évolutionnistes, qui supposaient que l'homme primitif était sorti de l'animalité par un processus d'évolution continue, elle fournit aux doctrines du prCigrès indéfini une sorte de schéma très simple du dével!Jppement de l'humanité.

Quant à la thèse de LA RocHEI:''OUCAULD, elie doit le meilleur de son succès à l'équivoque qu'elle fait peser sur la notion d'intérêt.

a) L' équiçoque de l'intérêt.

Il y a un sens où il est très vrai que toutes nos inclinations sont des expressions de notre inté­ rêt.

C'est ce qu'ARISTOTE et les ScoLASTIQUES médiévaux avaient bien mis en lumière en affirmant que le bien est l'unique fin possible de notre activité, c'est-à-dire que ~ous ne pouvons rien aimer, désirer et poursuivre que sous l'aspect du bien (sub specie boni).

De ce point de vue, tout est « intéressé ,, non seu­ lement nos tendances sensibles, ce qui ça de soi, mais aussi le désintéressement lui-même, le déCJouement et le sacrifice de soi 1 • .:.._ Mais cet " intérêt >> est évidemment tout autre chose que l'intérêt égoïste, puisque c'est lui qui nous impose, quand le bien l'exige, de sacrifier nos goûts, nos biens et même notre vie.

b) Le mythe de l'égoïsme primitif.

La théorie de HoBBES est une construction arbitraire, .qu'aucun fait positif ne justifie, car aussi loin que nous puissions remonter vers les origines humaines, nous CJoyons toujours l'homme CJÏCJant en société.

- On ne voit pas d'ailleurs que le contraire ait jamais été possible, la famille, première forme de la société, ayant toujours été absoh,1ment nécessaire à la perpétuation de l'espèce humaine.

- Enfin, HoBBES prête aux premiers hommes des calculs bien profonds et subtils, et si ces calculs devaient être considérés comme le fruit spontané d'un instinct, autant dire que l' « ins­ tinct social » est contemporain de l'égoïsme et lui est irréduc­ tible.

(1) Cf.

S.

THOMAs, Contra Centiles, III, c.

XVII : • Finis ultimus cujuslibet facientis, in quantum est faciens, est ipsemet ; utimur enim factis a nobis propter nos ; et si aliquid aliquando homo propter alium faciat, hoc refertur in bonum suum, vel utile, vel delectabile, vel· honestum.

t. »

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