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La rectitude de l'intention suffit-elle pour définir la morale ?

Publié le 17/07/2005

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morale

La morale désigne un ensemble de règles à contenu prescriptif qui dit ce qui doit être et non pas ce qui est comme le descriptif propre à la science par exemple. La rectitude désigne la qualité de ce qui est droit. L’intention est la tendance de la volonté qui préside l’action. La rectitude de l’intention désigne une bonne volonté. Il s’agit alors de savoir si la morale peut se laisser complètement déterminer par le seul fait de bien vouloir. Puisque la morale a une finalité essentiellement pratique, la rectitude de l’intention ne peut suffire car elle n’implique pas nécessairement l’action. Loin de se définir par la rectitude de l’intention, la morale serait avant tout exigence pragmatique d’efficacité. Toutefois l’action comporte une opacité qui ne permet pas de savoir si elle est ou non morale. La rectitude de l’intention constitue donc un critère nécessaire pour juger de la moralité d’une action. Cependant est-elle pour autant un critère suffisant de la morale qui est essentiellement tournée vers l’agir ? Nous sommes alors confrontés à ce problème : suffit-il de bien vouloir pour bien agir ?

 

morale

« dans le monde, ni même en général hors de celui ci, qu'il soit possible de penser et qui pourrait sans restriction êtretenu pour bon, à l'exception de la volonté bonne.

(…) Ce n'est pas ce que la volonté bonne effectue ou accomplitqui la rend bonne, ni son aptitude à atteindre quelque but qu'elle s'est proposée, mais c'est uniquement le vouloir.

».Ainsi la thèse de Kant est radicalement anti conséquentialiste, c'est-à-dire que la moralité d'une action ne s'attachepas à son résultat, mais elle est déontologique, c'est-à-dire qu'elle propose des normes de validation comme on peutle voir avec ces trois principes fondamentaux : seule l'action faite par devoir et non pas, conformément au devoir,est bonne ; une action accomplie par devoir atteint sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle,mais de sa maxime (disposition subjective de la volonté) et le devoir est la nécessité d'agir par respect pour la loi La rectitude de l'intention constitue donc un critère nécessaire pour juger de la moralité d'une action. Cependant est-elle pour autant un critère suffisant de la morale qui est essentiellement tournée vers l'agir ? III La rectitude de l'intention : un critère définitionnel problématique _ La rectitude de l'intention est inaccessible, ce qui fait d'elle plus un idéal qu'un critère définitionnel.

C'est l'intériorité qui devient l'étalon d'après laquelle il faut juger une action : tout le problème réside dans l'inaccessibilitéde cet étalon.

En effet juger de l'action à partir de l'intention réclame que nous puissions remonter de lamanifestation phénoménale de cette action à la maxime qui a déterminé son auteur à agir.

Or le réel ne nous donneque l'acte lui-même, dans une opacité indépassable. Pour les actions pour lesquelles le sujet a à la fois une inclination immédiate et paraît extérieurement conforme à la loi morale, il existe une indécision fondamentale commele montrent les deux exemples de la seconde section de la Fondation de la métaphysique des mœurs : le petit commerçant vent –il ses produits au même prix à tout le monde par respect pour la loi morale ou bien le fait-il parsimple conformité alors que cela sert son intérêt ? Le bienfaiteur agit-il réellement par amour de l'humanité ou bienest-ce pour récolter des honneurs ? présupposé : la moralité est incompatible avec l'intérêt personnel car sinon ilest impossible de distinguer les actions vraiment morales des autres.

Toujours est-il que seule la conformitéextérieure au devoir reste constatable. _ L'inquiétude face à la rectitude de son intention est sans doute un meilleur critère de moralité que la rectitude de l'intention qui nous demeure inaccessible.

Le sujet lui-même, explique Kant dans l'introduction de l'anthropologie pragmatique, n'a pas la réelle possibilité de juger de la moralité de ses actions : car tant qu'il agit, les motifs lui restent invisibles et quand il cherche à les appréhender, ils sont absents.

Aussi, Kant préconise laméfiance à l'égard de soi : il est possible qu'aucune action vraiment morale ne se soit encore jamais produite surterre au regard de son critère kantiens.

Dans le doute, la moralité consiste dans l'in-quiétude, c'est à dire dans lenon repos de l'esprit qui cultive sa méfiance d'être poussé à agir par des motifs intéressés : le cher moi est partout,même dans les actions en apparences les plus altruistes.

Par conséquent, l'essence de la moralité réside dansl'inquiétude par opposition à la suffisance des individus qui se reposent sur la croyance dans leur conformitéimmédiate aux principes de la raison.

Le personnage du pharisien désigne l'individu sans inquiétude qui croit pouvoirdire et faire ce qui est moral et ce qui ne l'est pas.

Par opposition, les hommes sont des êtres dont la nature ne lesrend pas immédiatement conformes à la loi : les hommes ne sont pas des saints, mais des êtres de devoir, c'est-à-dire des êtres qui doivent péniblement travailler pour être bons.

C'Est-ce que soutient Kant dans sa Critique de la raison pratique : « la vertu, c'est la raison morale en lutte » _ Une volonté bonne est une volonté qui est par elle-même volonté de l'action .

En effet la conscience de soi morale sait immédiatement que le devoir est son essence.

Même si cette pure immédiateté a la valeur de toutel'effectivité, la conscience ne devient universelle que par la médiation de son opposition à l'universalité de la nature.Tout le problème est que la conscience de soi morale ets maintenue comme une valeur en même temps en mêmetemps qu'elle est niée comme possibilité en dehors de la seule sphère de la représentation.

Puisque on doit réaliser lebien universel, rien de bien n'est fait.

Ainsi la validité morale finit par se rencontrer uniquement dans la conscience.Dans cette vision morale du monde, la bonne conscience a pour soi-même sa vérité dans la certitude immédiate desoi-même.

L'essence de l'action réside alors dans la conviction et toute contradiction est résolue.

La bonneconscience est libre de toute détermination et n'est plus que le soi qui se sait lui-même : une belle âme impuissante.C'Est-ce que l'on peut soutenir avec Hegel dans la deuxième partie de la Phénoménologie de l'esprit : « Elle vit dans la peur de souiller la splendeur de son intérieur par l'action et l'existence, et pour préserver la pureté de son cœur,elle fuit le contact de l'effectivité et persiste dans l'impuissance obstinée à renoncer à son Soi-même effilé jusqu'àl'extrême abstraction et à se donner de la creux qu'elle se fabrique, elle ne le remplit donc que de la conscience desa vacuité (…) elle est ce qu'on appelle une belle âme malheureuse dont l'ardeur se consume et s'éteint en soi-même et s'évanouit en une brume informe qui se disperse dans les airs ».

Par opposition, il ne peut y avoird'intention vraiment droite qu'une intention immédiatement agissante, en étant même à l'occasion infidèle auxprincipes : « l'homme du cours du monde est la conscience éveillée certaine de soi-même qui ne se laisse pasprendre à revers et fait front de tous côtés ».

Ainsi la rectitude de l'intention ne suffit pour définir la morale que si,sur le modèle du cours du monde, elle est immédiatement agissante afin d'obtenir le bien séance tenante. Conclusion : Puisque la morale a une finalité essentiellement pratique, la rectitude de l'intention ne peut suffire car elle n'implique pas nécessairement l'action.

Loin de se définir par la rectitude de l'intention, la morale serait avant toutexigence pragmatique d'efficacité.

Toutefois toute action réussie n'est pas morale, et il ne semble pas qu'on doiveexclure de la morale des intentions sincères qui ont échoué.

Il faudrait alors penser la rectitude de l'intention comme. »

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