La recherche du vrai dans les sciences doit-elle se passer du concours de l'imagination ?
Publié le 17/01/2022
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L'imagination est souvent tenue pour une faculté de tromperie (cf. PLATON). Les produits de l'imagination nous conduisent à errer et nous perdent dans des apparences étrangères à la vérité. En ce sens, la cause paraît entendue : c'est en jugulant l'action de l'imagination que l'on peut espérer accéder au vrai. Mais comment expliquer la genèse des hypothèses scientifiques sans y voir un travail de
l'imagination ?
La réflexion doit s'articuler autour des valeurs contradictoires que l'on attribue à l'imagination. Elle suggère des rapprochements fallacieux, mais aussi des rapprochements féconds.
Ainsi, à l'origine, la cellule du moine était ce qui a inspiré l'idée de cellule biologique. Seule l'imagination peut suggérer un tel déplacement métaphorique.
Elle est donc à la fois instrument et obstacle pour la connaissance.
• On commencera par réfléchir sur ce qui, en théorie, permettrait d'opposer le vrai et les effets de l'imagination ; il s'agit ainsi de justifier la question.
• Se demander s'il n'y a pas lieu de sous-entendre un « peut-elle « derrière le « doit-elle «.
• Penser à préciser quelles sont les voies habituelles de la « recherche du vrai «, en particulier dans les sciences.
• Référence majeure à ne pas oublier dès qu'il est question des relations possibles entre les sciences et l'imagination : Bachelard.
«
KANT a été un des premiers à remarquer que l'exercice de l'imagination reposait sur des règles.
Par exemple, lorsquej'imagine un triangle, je mets en oeuvre une activité de schématisation par laquelle je construis une image (dansmon esprit ou sur le papier) conformément à une règle.
Par là, je ne suis pas asservi à la représentation d'un triangle particulier : je me représente tous les trianglespossibles par application de la même règle.
L'imagination apparaît donc comme un instrument dans la constructiondes connaissances.
2 - IMAGINATION ET INVENTION
Mais il faut aller plus loin : non seulement, notre imagination s'appuie sur des règles pour représenter des objets maiselle peut servir à inventer de nouvelles règles de représentation.
Nous en venons alors à l'idée que l'invention scientifique ne peut se passer de l'imagination : elle seule peut nouslivrer les objets de connaissance sous un aspect inédit ou encore nous permettre de construire de nouveaux objetsde connaissance.
Ajoutons qu'il n'y a pas de règle pour inventer des règles nouvelles.
Ce pouvoir de négation que révèle l'imagination est positif.
L'imagination est une puissance majeure pour l'homme.
Comme l'avait montré Kant,elle n'est pas simplement "reproductrice" mais également productive.
Bachelard élève cette faculté, qui précèdel'expérience à une puissance d'anticipation de l'avenir.En ce sens, l'imagination nous détache du passé et du présent et ouvre le champ du futur.
La fonction de l'irréelnous permet de dépasser le donné pour nous projeter vers ce qui n'est pas encore.
L'imagination dynamise, en nousréveillant de nos habitudes et de nos automatismes.
Elle est une porte ouverte sur le champ du possible qui coexisteau champ du réel.
C - L'IMAGINATION COMME INSTRUMENT DE CONSTRUCTION DE LA RAISON SCIENTIFIQUE
1 - UN INSTRUMENT DE FIGURATION DES OBJETS
L'imagination paraît donc investie d'un double statut : dans l'enclos constitué par la raison scientifique, elle est uninstrument indispensable de figuration des objets de connaissance et d'invention de nouveaux objets.
2 - IMAGINATION ET RAISON AU SERVICE DE LA RECHERCHE DU VRAI
Mais, en forgeant de nouvelles hypothèses, elle peut aussi conduire à un renouvellement des paradigmes (autrementdit des principes organisateurs du savoir scientifique) et, par là, de la raison elle-même.
Par là, l'imagination paraît dotée d'un statut ambigu : à la fois contrôlée par la raison et susceptible de larenouveler.
Mais c'est la contrepartie de l'historicité des connaissances humaines.
V - QUELQUES REFERENCES POSSIBLES
- L'imagination scientifique : G.
HOLTON- L'invention scientifique : G.
HOLTON- L'explication scientifique : S.TOULMIN
VI - FAUSSES PISTES
Tomber dans une opposition simpliste entre "imagination" et "raison" ou entre "imagination" et "science" et ne pasparvenir à la dépasser.
VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR
Sujet relativement classique mais qui nécessite pour être traité sérieusement quelques références précises àl'histoire des sciences (révolutions, analogies utilisées, etc.).
Sans cela, le traitement du sujet risque d'être un peu "verbal"..
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