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La recherche du bonheur est-elle un idéal égoïste ?

Publié le 17/01/2022

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  • Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie, qui sont des émotions éphémères et toujours liées à un objet particulier.
  • Dans les morales eudémonistes, le bonheur est la fin de l'action humaine. Pour Kant, en revanche, c'est le respect de la loi morale qui doit orienter la volonté, et non la recherche du bonheur. Car cette recherche est toujours déjà intéressée, égoïste donc contraire à la morale.Cadrer la problématique:La question renvoie à un des plus anciens débats de la philosophie morale: que faire de l'aspiration au bonheur ? Il semble d'un côté que nul ne puisse souhaiter mieux ni même autre chose que d'être heureux. La sagesse grecque propose l'idéal de l'eudaimonia, la vie heureuse, réussie. Mais l'identification fréquente du bonheur et du plaisir rend le bonheur suspect aux moralistes; on le soupçonne de faire la part trop belle à la chair au détriment de l'esprit. Le christianisme contribue également à suspecter le bonheur comme idéal terrestre détournant l'âme de la recherche de son salut.

  • " Un idéal égoïste "

    L'idéal est ce qui donne sens à la vie; c'est une idée qui oriente l'action.
  • Analyse du sujet:

Il faut dans un premier temps distinguer le bonheur du plaisir qui n'est que la satisfaction d'un désir. Le bonheur s'oppose au plaisir car il suppose une notion de durée alors que le plaisir est éphémère. Le bonheur est un état qui dure un certain temps.

La recherche du bonheur est un principe classique dans la  philosophie antique. Tous les hommes cherchent de fait le bonheur, mais ils peuvent néanmoins se tromper dans la voie qui y mène. Aristote écrit en effet dans La Politique: " Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et au bonheur, c'est là une chose manifeste". Trouver la voie qui mène au bonheur est précisément l'objet de la philosophie épicurienne ou stoïcienne. L'Antiquité grecque voyait dans le bonheur le souverain bien.

Un idéal est quelque chose que l'on conçoit, que l'on s'imagine comme ce vers quoi doit tendre nos actions. Entreprendre une recherche de son propre bonheur, d'une vie heureuse cela semble a priori s'occuper de sa vie privée, accumuler ce dont on pense qu'il nous conduira au bonheur.

Mais, le bonheur n'est pas assimilable à ce que nous concevons comme un bonheur futur. Non seulement nous pouvons nous tromper quant à la voie à prendre mais aussi sur la réalité de la fin, cette fin qui à nos yeux pouvait justifier les moyens.

  • Problématisation:


            Le bonheur peut-il se trouver dans le cadre d'une vie privée ? N'y a-t-il pas confusion entre bonheur et un idéal égoïste et intéressé ? La recherche du bonheur est-elle, par ailleurs, fondamentalement conflictuelle ou au contraire n'est-elle possible que par, dans une communauté politique ? La figure de l'idéal est-elle seulement pertinente pour penser le bonheur véritable ?

« Introduction Peut-on souhaiter mieux que d'être heureux ? Le bonheur semble être le nom donné par chacun à son idéald'épanouissement personnel.

La tradition judéo-chrétienne a cependant jeté un soupçon sur cet horizon del'existence : ne s'agit-il pas d'un idéal égoïste, qui enferme l'individu sur lui-même au lieu de l'ouvrir soit aux autressoit à Dieu ? Courir après le bonheur ne détourne-t-il pas de veiller à être digne d'être heureux ou de comprendrequ'un bonheur humain est petit au regard de la béatitude divine ?Pour éclairer cette problématique, nous analyserons tout d'abord le point de vue du sens commun qui ne voit pas deplus bel idéal que le bonheur ; nous étudierons ensuite le soupçon d'égoïsme qui pèse sur cette recherche; nousnous demanderons enfin si ce soupçon ne peut être dépassé en identifiant bonheur et bienveillance à l'égardd'autrui. I.

Le bonheur, horizon de toute activité humaine Selon Platon, l'homme ne peut jamais désirer autre chose qu'être heureux ; les débatsphilosophiques viennent du fait que tout le monde ne sait pas ce qui rend véritablementheureux ; si bien que certains croient vouloir ce qu'en fait ils ne veulent pas au fond.

Onpeut donc dire qu'il s'agit d'un idéal, et d'un idéal individuel. Le bonheur est l'idéal nécessaire de tout homme Pourquoi parler d'idéal à propos du bonheur ? Parce que sa recherche oriente l'ensemblede nos actions.

L'idéal est à la fois le bonheur lui-même et sa recherche : l'action idéaleest celle qui participe à la recherche du bonheur.

Par ce terme de bonheur, on entendd'emblée quelque chose comme la réussite de la vie ; comme nous sommes notre vie,nous ne pouvons rien souhaiter de mieux que de réussir notre vie : c'est un but qui nepeut être le moyen de rien d'autre. Le bonheur suppose l'attention à soi Un idéal, disions-nous, est une représentation qui oriente les diverses actions ; encore faut-il savoir de quoi notrebonheur pourrait être fait.

Le bonheur est un idéal qui demande à être spécifié, nous devons nous demander ce quinous rend heureux.

Là se trouve la première source du soupçon d'égoïsme : pour savoir ce qui me rend heureux, jedois m'écouter, faire attention à mes tendances spontanées ou à mes goûts cultivés. Le bonheur est un idéal individuel Une deuxième source de soupçon se trouve dans le constat selon lequel chacun répond de façon différente à cettequestion du bonheur.

Pour Kant, le bonheur n'est d'ailleurs pas un concept mais une représentation flottante del'imagination ; il s'agit donc d'un idéal vague et changeant, miroitant comme un leurre à l'horizon de notre existence.Chacun ayant une représentation différente, il y a là un facteur d'incommunicabilité et d'enfermement sur soi. « Pour l'idée du bonheur un tout absolu, un maximum de bien-être dans monétat présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il estimpossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on lesuppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut ici véritablement.Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il paspar là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ?Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour luireprésenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'à présentse dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien quecharger de plus de besoins encore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peineà satisfaire.

Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps adétourné d'excès où aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il estincapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principece qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudraitl'omniscience.

[…] Il suit de là que les impératifs de la prudence, à parlerexactement, ne peuvent commander en rien, cad représenter des actionsd'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenirplutôt pour des conseils que pour des commandements de la raison ; leproblème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle actionpeut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à faitinsoluble ; il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, ausens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est unidéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendraitvainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquencesen réalité infinie… » Kant , « Fondements de la métaphysique des mœurs ».. »

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